L. latine 281.  >
À Michael Heinrich Horn,
le 28 février 1664

[Ms BIU Santé no 2007, fo 159 vo | LAT | IMG]

Au très distingué M. Michael Horn, docteur en médecine, à Leipzig.

Très distingué Monsieur, [a][1]

J’ai très souvent pensé à vous et cherché à vous écrire. Entre bien d’autres choses, Je dois d’y parvenir à mon vieil ami, le très distingué Charles Spon, [2] médecin de Lyon : c’est grâce à lui que je vous adresse cette lettre et il m’a promis de faire en sorte qu’elle vous soit remise. Peut-être ne vous souvenez-vous pas de moi, mais interrogez votre mémoire et rappelez-vous Pierre Gassendi, [3] professeur royal de mathématiques, auprès de qui, tandis qu’il était presque moribond, je vous ai mené, en compagnie de votre camarade Gottfried Neuman, natif de Breslau, que je salue de tout cœur. [1][4] Si vous voulez, nous cultiverons désormais une amitié mutuelle et je vous écrirai par l’entremise de M. Spon, par qui je vous enverrai même tous les livres que vous voudrez venant de cette ville. Mais en attendant, tandis que j’attends vos lettres, je recherche votre affection et vous demande de m’aimer en retour comme je ferai. S’il se trouve à vendre chez vos libraires des thèses de médecine ou d’histoire naturelle, ou des discours académiques, prononcés par vos professeurs, vous voudrez bien me les acheter ; [5] je vous serai très redevable de m’avoir gratifié d’un immense bienfait ; je vous en rembourserai très volontiers le prix et la dépense, soit par notre ami Spon, soit par les marchands de Metz qui vont chaque année dans votre ville pour les foires de Leipzig. [2][6] Je voudrais donc que vous y songiez ; en échange de ce service, je vous offre tout ce qui se trouve de savant ou de curieux à Paris. Nous y avons depuis quelques mois un grand ouvrage de pratique, c’est le Jacobus Hollierus de Morbis internis, in‑fo[7] avec ses notes, et les commentaires et annotations de Louis Duret, [8] et les recherches d’Antoine Valet. [9] Tout cela a jadis été publié, mais à cette dernière édition s’ajoutent pour la première fois les commentaires et observations de Jean Haultin. [3][10] Je vous l’enverrai sans peine par la voie que vous m’indiquerez, si cela vous fait plaisir. Vive et vale, et aimez-moi.

De Paris, ce vendredi 22e de février 1664.

Vôtre de tout cœur, Guy Patin, docteur en médecine et professeur royal.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Michael Heinrich Horn, ms BIU Santé no 2007, fo 159 vo.

1.

Pierre Gassendi, ami et patient de Guy Patin, était mort à Paris le 24 octobre 1655. V. note [38], lettre du 30 novembre 1655 à Charles Spon, pour le passage de Michael Heinrich Horn et Gottfried Neuman à Paris, en chemin pour Padoue.

2.

Depuis la fin du xvie s., trois foires se tenaient chaque année à Leipzig : au Nouvel An, à Pâques et à la Saint-Michel (29 septembre).

3.

V. note [14], lettre 738, pour la réédition (Paris, 1664), dédiée à Guy Patin et réalisée avec son aide, du livre de « Jacques Houllier sur les Maladies internes » avec ses propres commentaires, et ceux de Louis Duret, Antoine Valet et Jean Haultin.

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 159 vo.

Clar. viro D. Michaeli Horn, Doct. Medico, Lipsiam.

Sæpius de Te cogitavi, et in mente habui, Vir Cl. imò et Te quæsivi,
ut ad Te scriberem. Hoc inter alia debeo Cl. viro, veteri amico meo Car. Sponi[o,]
Med Lugdunensi, qui mihi author fuit ut ad Te scriberem, promisitq.
se effecturum, ut hæc mea Tibi redderetur. Mei forsan non meministi,
interroga memoriam tuam, et recordare Petri Gassendi, regij Mathematica-
rum Artium professoris, ad quem proximè propè moribundum Te deduxi, cum socio
tuo, Gothofredo Neuman, Vratislaviensi, quem ex animo saluto. Si velis in
posterum, mutuam inter nos amicitiam colemus, et ad Te interdum scribam,
mediante D. Spon, per quem etiam ad Te mittam quidquid librorum ex hac
Urbe nostra volueris. Ego v. interea, dum tuas expecto, amorem tuum ambio,
rogoq. ut me vicissim ames et te amantem redames. Si apud Bibliopolas
vestros vænales exstarent Theses aliquot Medicæ vel Physicæ, aut Orationes
aliquot Academicæ, à vestris Professoribus habitæ, eásq. mihi velles emere,
in maximo beneficio mihi collato, tantum officium reponerem : emptionis
impensas et pretium libentissimè Tibi refundam, vel per Sponium nostrum,
vel per mercatores Metenses, qui quotannins ad nundinas Lipsienses,
vestram Urbem adeunt. De ijs itaque cogitere velim, pro quo officio
quidquid hîc habetur eruditum aut curiosum, Tibi offero. Hîc habemus
ab aliquot mensibus magnum Opus practicum, nempe Iac. Hollerium,
de morbis internis, in folio
, cum Scholijs ejusd. Enarrat. et Annotat.
Lud. Dureti, et Exercitat. Ant. Valetij
, quæ singula antehac prodie-
runt : sed huic postremæ editione accesserunt de novo, Io. Hautini,
Med. Paris. Cl. Observationes et Commentaria :
quæ si Tibi arrideant, facil[è]
mittam si volueris, per quam viam indicaveris. Vive, vale, et me ama. Paris.
die Veneris, 22. Febr. 1664.
Tuus ex animo, Guido Patin, Doctor Medicus,
et Prof. regius.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Michael Heinrich Horn, le 28 février 1664

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1314

(Consulté le 06/05/2024)

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