L. latine 336.  >
À Johann Daniel Horst,
le 24 janvier 1665

[Ms BIU Santé no 2007, fo 183 ro | LAT | IMG]

Au très distingué M. Johann Daniel Horst, docteur en médecine, à Francfort.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Je vous remercie infiniment pour tous vos cadeaux ; j’entends les opuscules et les thèses [2] que nous avons trouvés dans la caisse que M. Du Clos, [3] qui est de présent à Paris, a pris soin de transporter et nous a remise. Il vous salue et se tient à votre service, disant avoir en mains, à Metz, de nombreuses lettres que votre père a écrites à Samuel Clossæus ; [1][4][5] votre affection pour lui se doit donc fortifier et cimenter pour vous servir tous deux, ainsi que moi et d’autres aussi.

[Ms BIU Santé no 2007, fo 183 vo | LAT | IMG] Votre fils [6] se porte excellemment et se consacre sérieusement aux études ; il s’y attachera même dorénavant avec plus de soins quand l’hiver très froid, qui sévit ici, aura passé ; vous savez bien vous-même comme ce froid scélérat, qui nous torture maintenant, est ennemi des Muses. Au printemps prochain, se feront des opérations chirurgicales, qu’il verra et apprendra à faire, [7] surtout la section de vessie pour l’extraction du calcul. [8] On pratique moins souvent les autres, mais moi et M. Gayan [9] nous appliquerons à les lui faire voir. Je recevrai volontiers les thèses et autres disputations médicales, nouvelles et curieuses dont vous parlez, mais à condition que j’en rembourse la dépense à votre fils. Vous n’avez aucune raison de vous soucier des plus grands livres car je me les achèterai ici quand ils arriveront chez nos libraires. Vers avril et mai, je mènerai votre fils auprès de mes malades, [10] et l’en instruirai le moment venu et quand l’occasion s’en présentera. Dès que possible, je vous enverrai notre Hollierus, in‑fo[2][11] peut-être par l’entremise de Sebastian Switzer, [12] dont j’apprends qu’il s’en ira d’ici bientôt. Le privilège royal dont vous avez besoin suivra la même voie ; mon fils aîné, Robert P., [13] s’est chargé de l’obtenir de M. Longuet, qui est notre ami et grand audiencier en la grande chancellerie. [14] Il a accepté cette tâche et prendra soin de toute l’affaire, mais l’affaire aurait déjà été conclue si le sceau eût < été > tenu ; [3] c’est-à-dire si M. le chancelier avait comme de coutume tenu l’assemblée idoine, ce que sa mauvaise santé, liée à son grand âge de bientôt 80 ans, ne lui a pas permis. [4][15] Je salue le très distingué M. Lorenz Strauss, [16] que je remercie infiniment pour l’affection et la bienveillance qu’il me porte que je lui rendrai le temps venu avec grand surcroît ; tout comme je rembourserai ce que vous aurez dépensé pour les thèses que vous m’achèterez. Je salue aussi les deux Scheffer, [17][18] excellents hommes qui m’aiment beaucoup. Quant à vous, très distingué Monsieur, vale et aimez-moi.

De Paris, le 24e de janvier 1665.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Johann Daniel Horst, ms BIU Santé no 2007, fo 183 ro et vo.

1.

Clossæus est le nom latin de Samuel i Du Clos (Metz 1589-ibid. vers 1650), père de Samuel ii. Docteur en médecine de Montpellier en 1612, Samuel i avait exercé la médecine à Metz à partir de 1616 et était resté fidèle au protestantisme jusqu’à sa mort (vLa France protestante, tome iv, pages 364‑365, pour une biographie plus détaillée).

Clossæus figure en au moins deux endroits dans le tome deuxième desGregorii Horstii Operum Œuvres médicales de Gregor ii Horst] (Nuremberg, 1660, v. note [28], lettre 662).

2.

V. note [14], lettre 738, pour la réédition (Paris, 1664, dédiée à Guy Patin et à laquelle il avait mis la main) de Jacques Houllier De Morbis internis [Les Maladies internes].

3.

En français dans le manuscrit, mais avec une orthographe différente de ma transcription : « si le Seau eut tenu », ce qui ne correspond à aucune expression que j’aie trouvée prenant « seau » dans le sens de récipient ; mais la majuscule et le contexte m’ont fait opter pour « sceau », avec la bénédiction de Richelet qui atteste les deux orthographes, « seau » et « sceau ».

Le sceau ou scel est la « marque faite sur un instrument public marqué aux armes du prince, de l’État, du seigneur ou du magistrat, dont l’empreinte sert à rendre un acte authentique et exécutoire ». C’est aussi « le temps et le lieu où on scelle : il y aura sceau demain à Versailles chez Monseigneur le Chancelier ; on a publié ce règlement, le sceau tenant » (Furetière). « Tenir le sceau » a donc le sens d’enregistrer une décision royale.

V. note [2], lettre latine 354, pour le privilège dont le libraire Johann Beyer avait besoin à Francfort pour rééditer les Observations médicales de Johann Schenck. Louis Longuet, sieur de Vernouillet, grand audiencier (grand officier de la chancellerie) de France, devait y apposer le sceau royal.

4.

Né le 28 mai 1588 et nommé chancelier à vie en 1635, Pierre iv Séguier (v. note [2], lettre 16) était alors dans sa 79e année. Il gardait les sceaux depuis 1656 (après les avoir déjà tenus de 1633 à 1650, et pendant quelques mois en 1651).

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 183 ro.

Cl. viro D. Io. Dan. Horstio, Med. Doctori, Francofurtum.

Amplissimas ago Tibi gratias, Vir Cl. pro singulis tuis muneribus ; libellos et Theses
intelligo, quas deprehendimus in Cista quam sibi devehi curavit D. du Clos, qui nunc est Parisijs,
eámq. nobis reddidit : ipse Te salutat, et omne officium pollicetur : multas penes se Metis
habere se dixit dicit Epistolas à D. Parente tuo ad Sam. Clossæum, scriptas : quo medio debet firmari et
inter vos conglutinari fortiùs amor ille vester, utrique vestrum, mihique ac alijs utilis futurus.

t.

Ms BIU Santé no 2007, fo 183 vo.

Filius tuus optimè valet, et seriò incumbit studijs, quib. etiam acriùs dabit operam posthac ;
superata hyeme, quæ hîc viget frigidissima : Nosti Tu ipse quàm sit inimicum Musis,
sceleratum istud frigus, quo nunc cruciamur. Proximo vere Operationes Chirurgicæ,
quas videbit et addiscet : præsertim sectionem vesicæ ad extractionem calculi ; aliæ Operationes
minùs frequenter occurrunt, quib. tamen et Ego et D. Gayan invigilabimus. Medicas illas
Theses et alias Disputationes novas et curiosas libenter accipiam, sed ea lege ut pretium refundam
et tradam Filio tuo : de majorib. libris non est quod valde cures, hîc enim à me ementur quum
ad nostros Bibliopolas perevenerint. Circa Aprilem et Majum, Filium tuum ad ægros meos
manuducam, et de ijs pro captu et tempore docebo. Prima data occasione mittam Hollerium
nostrum, in fol. forsan per Sebast. Switzerum, quem huc proxime deventurum audio. Privilegium
regium
quod requiris, eamdem viam sequetur : illud obtinendum commisit Filius meus
major natu, Robertus P. Domino Longuet, Amico nostro, et magno in Cancellaria magna
Audientiario, qui totam rem curabit, et istum laborem in se suscepit : æquo pretio omnia peragentur,
ea lege ut etiam tradantur aliquot Exemplaria, quib. suo tempore exhibendis ses Robertus eus
proprio scripto adstinxit, apud D. Longuet : et jam confertum esset negotium si le Seau
eut tenu :
i. si talia comitia habuisset pro more D. Cancellarius, quod ipsi non licuit per
adversam valetudinem qua detinetur valde senex, et penè octogenarius. Cl. virum D.
Laur. Straussium saluto, pro cujus in me benevolentia et amore ingentes ago gratias, eásq.
suo tempore referam, et cumulo majore refundam : ut et quæ impenderis pro Thesibus nostris. Saluto quoque utrumque Schefferum, viros
optimos, et mei amantissimos. Tu v. Vir Cl. Vale, et me ama. Parisijs, 24. Ianu. 1665.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Daniel Horst, le 24 janvier 1665

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(Consulté le 29/04/2024)

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