L. latine 357.  >
À Ijsbrand van Diemerbroeck,
le 16 juin 1665

[Ms BIU Santé no 2007, fo 192 ro | LAT | IMG]

Au très distingué M. Diemerbroeck, docteur en médecine, à Utrecht.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Una et eadem fidelia duos parietos dealbabo[1][2] et répondrai en même temps à vos deux lettres. J’ai vu, salué et reçu très affectueusement ces deux jeunes gens que vous m’avez recommandés ; je leur ai offert toute sorte de services et soyez certain que je leur procurerai mon aide chaque fois qu’ils en auront besoin. Je vous sais profondément gré de m’avoir concilié l’amitié de jeunes gens si savants et souhaite pouvoir vous rendre la pareille. Dieu veuille que notre ami M. Utenbogard [3] se porte mieux et que, par ces temps fort doux, il recouvre entièrement sa santé d’antan. Nous n’avons ici rien de nouveau en librairie. Notre reine mère, Anne d’Autriche, souffre d’une tumeur cancéreuse au sein gauche. [4] Ni les médicastres auliques [5] ni les vauriens de prêtres, [6] qui lui avaient promis le salut, ne lui ont encore procuré aucune aide ni le moindre soulagement ; mais c’est ainsi qu’on vit à la cour. Les princes veulent être trompés et les frands du royaume ne répugnent guère à l’être, bien qu’ils soient fort madrés. Nous attendons tous les jours quelque nouvelle des préparatifs de guerre entre les Anglais et les Hollandais. [7] Dans cet espoir, vale, très distingué Monsieur, et aimez-moi.

De Paris, le 16e de juin 1665.

Vôtre de tout cœur, G.P.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Ijsbrand van Diemerbroeck, ms BIU Santé no 2007, fo 192 ro.

1.

« Je blanchirai deux murs avec un seul et même pot » : pour dire « je ferai d’une pierre deux coups » (Cicéron, v. note [1], lettre de Samuel Sorbière, écrite au début 1651).

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 192 ro.

Clarissimo viro D. Diemerbroech, Med. Doctori, Ultrajectum.

Unâ et eadem fideliâ duos parietos dealbabo, Vir Cl. et duabus tuis semel
respondebo. Ambos illos juvenes à Te mihi commendatos vidi, salutavi, peramanter
excepi, quib. officiorum omne genus obtuli, et certè præstabo quotioscumque operâ
mea indigebunt. Tibi me plurimum debere profiteor, quod tam eruditorum
juvenum amicitiam mihi concilies, et utinam possim retaliare. Amicus noster D.
Utenbogardus utinam melius habeat, et hac mitissima tempestate pristinæ vale-
tudini prorsus restituatur. Nihil hîc habemus novi in re literaria : Regina nostra
Parens, Anna Austriaca, cancroso suo tumore adhuc laborat in mamma sinistra, nec
adhuc quidquam contulerunt opis aut levamenti medicastri aulici, aut nebulones sacri-
ficuli, qui antehac salutem pollicebantur : sed sic in aula vivitur, Principes ipsi et
volunt decipi, nec abhorrent aulici quamvis sint astutissimi. De bellico apparatu
inter Anglos et Batavos quotidie novum aliquid opperimur : interea v. Tu, Vir Cl.
vale, et me ama. Parisijs, 16. Iunij, 1665. Tuus ex animo, G.P.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Ijsbrand van Diemerbroeck, le 16 juin 1665

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(Consulté le 27/04/2024)

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