L. latine 362.  >
À Johannes Rodolphus Burcardus,
le 20 juillet 1665

[Ms BIU Santé no 2007, fo 193 vo | LAT | IMG]

Au très distingué M. Burcardus, docteur en médecine, à Bâle.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Je vous écris à la hâte pour ne vous dire qu’une seule chose : le conseiller du Parlement de Paris, M. de Sallo, [2] n’a pas pu revenir en grâce auprès du roi : [3] il lui a retiré son privilège de publier chaque semaine la critique des livres nouvellement publiés, sous le titre de Journal des Sçavans, qui a paru ici pendant trois mois. [4] Contre lui se dressent et s’arc-boutent le pape en personne, [5] le nonce apostolique, [6] les loyolites (Nigra cohors, quorum, quidquid non dicitur, ars est[1][7][8] et autres moines, [9] qui volunt à singulis hanc sibi veniam dari, ut de omnibus judicent, et a nemine judicari[2][10] Ce conseiller espère que l’hiver prochain il récupérera enfin fonction, pouvoir et crédit ; si cela arrive, je vous en avertirai pour que vous décidiez ce que vous voudrez. [3] En attendant, je voudrais aussi vous prier de me recommander à tous nos amis, particulièrement à MM. Chenaure, [11] les Bauhin, [12][13] Platter, [14] Glaser, [15] Zwinger, [16] Eglinger, [17] Schrotberg, etc. [4]

De Paris, ce lundi 20e de juillet, 1665.

Vôtre de tout cœur, Guy Patin.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Johannes Rodolphus Burcardus, ms BIU Santé no 2007, fo 193 vo.

1.

« Noire cohorte dont le talent est que nul n’en dise rien » : médisance contre les jésuites que Guy Patin a attribuée à Charles Delorme, médecin et professeur de Montpellier (v. note [6], lettre 852).

V. note [5], lettre latine 355, pour les infortunes du Journal des Sçavans et de son fondateur, Denis de Sallo.

2.

« voulant que tous leur permettent de juger de tout, sans que nul ne les juge », probable réminiscence de saint Paul (Première aux Corinthiens, 2:15) :

Spiritalis autem iudicat omnia et ipse a nemine iudicatur.

[Au contraire, l’homme qui a l’esprit de Dieu peut juger de tout, mais personne ne peut le juger].

3.

Guy Patin a laissé dans l’ombre la raison pour laquelle Johannes Rodolphus Burcardus s’intéressait tant au Journal des Sçavans et à Denis de Sallo : les deux hommes se connaissaient-ils, Burcardus avait-il à se plaindre ou, au contraire, à se féliciter de ce qu’avait publié le Journal, etc. ?

4.

Dans cette liste de Bâlois :

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 193 vo.

Cl. viro D. Burcardo, Med. Doctori, Basileam.

Hoc unum raptim ad Te scribo, Vir Cl. Senator ille Paris. Dominus de
Salo,
à quo Rex noster abstraxit suum Privilegium, pro singulis hebdomadis
componendo judicio de Libris nuper editis, sub hoc lemnate, le Iournal des
Sçavans ;
quod hîc viguit per tres menses ; non potuit in gratiam redire cum
Rege : adversus eum stant et nituntur ipse Papa, Legatus Papæ, Loyoli[tæ]
(nigra cohors, quorum, quidquid non dicitur, Ars est.)
et alij Monachi, qui volunt à singulis hanc sibi veniam dari, ut de omnibus
judicent, et à nemine judicari : sperat ille Senator hyeme proxima se
id effecturum, ut istud officij genus, eámq. potentiam tandem recuperet :
quod si contingat, de eo Te monebo, ut decernas quod volueris. Interea Te quo[que]
rogatum velim, ut amicis nostris omnibus me commendes, præsertim Dominis Chenaur[e,]
Bauhinis, Platero, Glasero, Zwingero, Eglingero, Schrotberg, etc. Parisijs,
die Lunæ, 20. Iulij, 1665.

Tuus ex animo, Guido Patin.

Clarissimo viro D. Gottlieb Breuning.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johannes Rodolphus Burcardus, le 20 juillet 1665

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(Consulté le 05/05/2024)

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