L. latine 442.  >
À Johann Georg Volckamer,
le 28 octobre 1667

[Ms BIU Santé no 2007, fo 219 vo | LAT | IMG]

Au très distingué M. Johann Georg Volckamer, à Nuremberg.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Je réponds à votre dernière, que M. Picques vient de me porter. [2] J’ai bien reçu les deux paquets dont je vous ai écrit, et vous en remercie à nouveau. [1] Ce retard ne me mécontente nullement puisqu’enfin tout m’est bien arrivé et m’a été remis. Que Dieu tout-puissant bénisse les soins que vous prenez et les efforts que vous faites pour moi. J’attendrai patiemment tout ce que vous m’aurez envoyé par la voie de M. Picques, car je la considère comme la plus sûre et pense qu’elle doit être préférée à toute autre. J’entends dire que l’édition lyonnaise des Opera physiologica et pathologica du très distingué Caspar Hofmann, notre bon ami, progresse lentement ; [3] Je souhaite fort qu’elles paraissent sous de bons auspices. [2] Nous sommes tombés dans des temps très durs qui suivent l’essence de la tyrannie exercée par Richelieu puis par Mazarin, [4][5] et en exhalent l’odeur. Puisse le Seigneur nous libérer de ces relents ! Je ne serai ni anxieux ni inquiet des deux paquets que vous avez remis à votre marchand : j’attendrai patiemment tout ce que vous m’enverrez par cet intermédiaire. En attendant, je vous prie, saluez de ma part ces hommes remarquables qui pensent du bien de moi, j’entends MM. Richter [6] et Felwinger. [7] J’aurais néanmoins souhaité que vous eussiez ajouté ces deux volumes de disputations académiques, tant théologiques que philologiques, que vous m’avez aussi achetés ; [8] si vous voulez bien me les envoyer, je vous en rembourserai le prix que vous me direz, car j’ai à cœur de bien préserver notre mutuelle affection ; je le souhaite et m’y engage donc, avec l’espoir que ce soit pour de nombreuses années. Nous n’avons rien de nouveau sur nos conquêtes ni sur ce qui se prépare pour le printemps prochain ; mais nos combattants aspirent à de grandes batailles et en espèrent de nombreuses, tant de nos armées et de nos courageux généraux, que de la singulière vertu et de l’incroyable vigilance de notre roi, [9] et aussi de la dive Fortune qui prend très souvent le dessus dans toutes les affaires humaines et qui, in rebus mortalium, utramque facit paginam tam accepti quam expensi[3][10][11] Vale, très distingué Monsieur, et aimez-moi.

De Paris, le 28e d’octobre 1667.

Vôtre et sien, [4][12] G.P.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Johann Georg Volckamer, ms BIU Santé no 2007, fo 219 vo.

1.

V. note [1], lettre latine 440, pour le contenu de ces deux paquets.

2.

V. note [1], lettre 929, pour les Apologiæ pro Galeno libri tres… [Trois livres d’Apologie pour Galien…] de Caspar Hofmann (Lyon, 1668) qui allaient contenir ses Chrestomathies physiologiques et pathologiques, dont Guy Patin espérait la parution depuis vingt ans.

3.

« dans le compte des mortels, fait l’actif et le passif » : décide de tout (Pline l’Ancien, v. note [2], lettre 626).

4.

Ce « sien » était Johann Christoph Volckamer, fils aîné de Johann Georg, v. note [6], lettre latine 435.

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 219 vo.

Clariss. viro D. Io. Georgio Volcamero, Noribergam.

Ultimæ tuæ sic respondeo, Vir Cl. quam ecce accipio per D. Picques.
Duos antehac fasciculos accepi, de quib. scripsi, et iterum gratias ago. Mora
ipsa nihil mihi displicet, quum tandem singula tutò perlata, mihique
reddita fuerint. Curis tuis atque laboribus benedicat Deus Opt. Max. Quæ-
cumque mihi destinata et huc perferenda miseris per viam D. Picques, ea singula
patienter expectabo, ejusmodi enim viam tutissimam reputo, et omnibus alijs
anteponendam censeo. Lentè procedit ut audio, Lugdunensis editio Operum
Physiolog. et Pathol. Viri Cl. Casp. Hofmanni
, singularis Amici nostri : et
utinam faustis avibus ad finem deveniant : incidimus in durissima tempora, qu[æ]
sequuntur et redolent naturam tyrannidis Richelianæ et Mazarinicæ, à quib[us]
reliquijs, utinam tandem nos liberet Dominus. De duobus fasciculis à Te tr[a-]
ditis vestrati Mercatori, anxius et sollicitus non ero : quidquid à Te mihi destin[a-]
tum per ipsam viam mittetur, patienter expectabo : interea quæso saluta
meo nomine, viros illos egregios qui de me cogitant ; D.D. Richterum et Felwingerum
subaudio. Sed utinam addidisses ista duo volumina Disputationum Academicarum
tam Theologicarum quàm Philologicarum,
nuper à Te coempta, pro quibus
si mittere volueris, refundam pretium à Te designatum : et mutuis benefidum
pectus amoribus idem semper nobiscum remanebit : quod voveo et spondeo : sed
utinam in multos annos. De bellicis rebus et apparatu pro vere proximo, nihil
habemus novi : sed magnum spirant et multum sperant nostri bellatores, tum ex
copijs militaribus et Ducibus optimè animatis, tum ex Regis nostri 2 fortuna,
imò et 1 singulari virtute atque incredibili vigilantia, 3 quæ in humanis omnibus sæpius
dominatur, et in rebus mortalium utramque facit paginam tam accepti quàm
expensi. Vale, Vir Cl. et me ama. Parisijs, 28. Oct. 1667. Tuus et suus G.P.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Georg Volckamer, le 28 octobre 1667

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(Consulté le 07/05/2024)

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