L. latine reçue 24.  >
De Reiner von Neuhaus,
le 4 juillet 1662

[Neuhaus, Centuria vi, Epistola xxi, page 31 | LAT | IMG]

Au très illustre M. Guy Patin, premier des médecins et professeur royal. À Paris.

Illustre Monsieur Patin, [a][1][2]

Les mots me manquent pour exprimer avec quelle garantie et quelle expression de dévotion j’ai reçu votre lettre. Voilà tout ce qui m’obsède l’esprit. Mes talents propres me rendent tout à fait indigne de vous avoir inspiré un si grand souhait, quel que soit le haut prix que nous y attachons. Tant que je vivrai, toutefois, jamais je ne manquerai d’honorer parfaitement mes devoirs sacrés, afin de faire pétiller quelque petite étincelle qui fera reluire l’éclat de votre soleil. L’ode aux deux Patin que mon inspiration a produite vous sera, j’espère, agréable ; [1] ce d’autant qu’elle est née d’une affection sacrée, telle celle qui enflamme ordinairement et mutuellement ceux qui, étant unis par un lien épistolaire, vont faire provision d’eau aux mêmes ruisseaux, si je puis m’exprimer ainsi. Quand aura été publié ce livre des médailles de votre fils Charles, [3][4] quel qu’en soit le prix, faites [Neuhaus, Centuria vi, Epistola xxi, page 32 | LAT | IMG] en sorte, je vous prie, que je n’en ignore ni le titre ni le moment, de façon que je puisse l’obtenir par les Elsevier. [5] S’il se présente aussi de bonnes choses que j’aimerais avoir, prenez soin de me les faire parvenir par les mêmes imprimeurs ; comme le Quinte Curce qu’on a naguère et excellemment traduit en français, et que j’ajouterai volontiers à ma bibliothèque. [2][6][7] Cet auteur me charme de je ne sais quelle douceur, liée à la beauté de son style. Comme il m’est très familier en langue latine, je désirerais le lire également dans la vôtre que j’aime aussi beaucoup. Je m’arrête ici, très noble Monsieur, et c’est de bon cœur et à juste titre que j’offre, donne, consacre, adjuge tous mes services et toutes mes trouvailles à vos mérites et à ceux des vôtres. [3] Vale.

D’Alkmaar, le 4 juillet 1662.


a.

Lettre de Reiner von Neuhaus, imprimée dans Neuhaus, Centuria vi, Epistola xxi, pages 31‑32.

1.

V. note [5], lettre latine 199, pour les vers que, le 22 juin 1662, Guy Patin avait demandés à Reiner von Neuhaus pour louer les deux Patin, père et fils, et en orner le livre de Charles sur les médailles antiques des familles romaines (achevé d’imprimer le 7 septembre 1662, v. note [11], lettre 736). Neuhaus l’en remerciait ardemment dans son latin hyperbolique.

Son ode accompagnait probablement sa présente lettre, datée du 4 juillet julien (calendrier encore en usage dans les provinces-Unies, correpondant au 14 juillet grégorien). Dans l’édition imprimée des Familiæ Romanæ, elle porte celle du 1er juillet 1662 (qui est probablement celle de sa rédaction dans le calendrier julien). En tenant compte des délais postaux, tout cela prouve l’empressement de Neuhaus à honorer les Patin : dans la chronologie grégorienne, la prière de composer des vers lui est parvenue dans les tout premiers jours de juillet, il les a écrits le 11 et expédiés sur-le-champ pour qu’ils parviennent à leur destinataire trois jours plus tard (par le véloce courrier des Elsevier).

2.

V. note [41], lettre 286, pour le Quinte-Curce français de Vaugelas (Paris, 1653).

3.

La phrase latine contient deux abréviations : N.V., nobilissime vir, et L.M.Q., libens meritoque.

s.

Neuhaus, Centuria vi, Epistola xxi, pages 31

Epistola xxi.
Illustr. Viro,
D. Guidoni Patino,
Medicorum Primo, et Prof. Regio.
Parisios.

Literas tuas, illustris<.> Domine Patine, qua fide ac
teste pietatis acceperim, vix verbis profiteri
possum. Animus interior tantum hoc mihi dictitat.
Prorsus qui indignus sum meis artibus, quod tan-
tum desiderium tibi fecerim quantivis nostri pretii.
Non tamen, in vivis, unquam deero meis sacris
probe percolendis : ut inde aliqua scintillula se
exerat, ad vestrum illum solem illuminandum.
Carmen in utrumque Patinum, quod vena nostra
profudit, spero, gratum fore. Eo magis, quia
ab affectu venit relligioso, quali invicem inflam-
mari illi solent, qui vinculo literario conjuncti,
ad eosdem rivulos, ut sic dicam, aquatum eunt.
Quando prodierit in publicum Numismatum ille
liber, Filii tui, Caroli, ære quovis perennius, fac

t.

Neuhaus, Centuria vi, Epistola xxi, pages 32

quæso, tituli ac temporis haud sim ignarus. Ut per
Elzevirios habere hæc possim. Etiam, per eosdem
typographos si ad hæc bona liceat pervenire, da
operam, amabo, ut Curtium, gallice postremum
ac optime translatum. Pluteis meis annumerem.
Qui author, nescio, qua dulcedine me demulcet
propter styli venustatem. Hic cum mihi valde sit
familiaris in Latinis, cupiam etiam hunc legere in
vestro idiomate, quod multum quoque amo.

Hic sisto N.V. meaque omnia Officia ac inventa
tuis tuorumque meritis L.M.Q. offero, do, dico,
addico. Vale.

Alcmariæ IV. Iulii cIɔ Iɔ c lxii.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – De Reiner von Neuhaus, le 4 juillet 1662

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=9075

(Consulté le 27/04/2024)

Licence Creative Commons "Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International.