Autres écrits : Un manuscrit inédit de Guy Patin contre les consultations charitables de Théophraste Renaudot

Note [20]

Guy Patin a développé cette calomnie dans son Nez pourri de Théophraste Renaudot… (1644, v. note [64], lettre 101).

Renaudot s’est autorisé une digression sur ses activités à la Gazette dans sa Réponse à René Moreau (pages 45‑47) :

« Mon introduction des Gazettes en France, contre lesquelles l’ignorance et l’orgueil, vos qualités inséparables, vous font user de plus de mépris, est une des inventions de laquelle j’aurais plus de sujet de me glorifier, si j’étais capable de quelque vanité outre ce qu’il en faut pour une juste défense ; et ma modestie est désormais plus empêchée à récuser l’applaudissement presque universel de ceux qui s’étonnent que mon style ait pu suffire à tant écrire à tout le monde déjà par l’espace de dix ans, le plus souvent du soir au matin, et des matières si différentes et si épineuses, comme est l’histoire de ce qui se passe au même temps que je l’écris ; que je n’ai été autrefois en peine de me défendre du blâme auquel toutes les nouveautés sont sujettes. Voulez-vous savoir en quoi je manque le plus et quelles fautes me sont les plus grièves ? {a} C’est qu’autant que ma plume a reçu de pouvoir d’être la greffière de l’honneur et de la réputation des armes du roi, et de celle de tant de seigneurs et personnes de mérite, dont le débit est la plus difficile chose du monde ; autant se reconnaît-elle inégale et impuissante de s’en acquitter dignement. Et quoi ? tous les meilleurs esprits de la France se trouvent assez empêchés à décrire dignement les conquêtes et les faits d’arme inimitables de notre monarque toujours victorieux ; {b} notre langue n’a plus de mots pour exprimer la sagesse impénétrable, la constante vigueur, et les miraculeux effets des conseils divins de son premier ministre ; {c} l’activité, la fidélité et la valeur de ceux qui les exécutent. Tous ces excellents esprits reconnaissent la peine qu’ils ont, même après des années révolues, à expliquer tant de merveilles ; et je les pourrai dignement exprimer dans le même jour qu’elles paraissent ? Je n’eus jamais cette présomption. C’est là où j’ai besoin d’être supporté. C’est là où je n’ai point de honte de reconnaître mes défauts ; mais devant les mêmes divinités qui seules en peuvent être les juges. C’est à vous, petit avorton d’esprit, à ne considérer que les caractères de mes œuvres. Il n’appartient non plus aux esprits lourds, comme le vôtre, de juger de la difficulté de mes ouvrages, qu’à ce cuistre de collègue, votre ancien compagnon d’office, qui ne pouvait se persuader qu’Aristote fût difficile, vu qu’il le lisait tout courant. »


  1. Pesantes.

  2. Louis xiii.

  3. Richelieu.

Le ton de Renaudot fait ici bien comprendre que l’entreprendre sur sa Gazette était s’attaquer à celle de ses œuvres dont il tirait le plus de fierté (mais aussi de pouvoir et d’argent) ; Moreau l’avait attaqué là-dessus en cinq endroits de sa Défense.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Un manuscrit inédit de Guy Patin contre les consultations charitables de Théophraste Renaudot, note 20.

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(Consulté le 18/05/2024)

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