Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Introduction

Note [2]

V. notes :

Le goût pour les conversations et anecdotes instructives et divertissantes est aussi vieux que la littérature. Maints auteurs anciens en ont recueilli, mais sans jamais employer le titre d’ana. Ils sont souvent cités dans notre édition : Nuits attiques d’Aulu-Gelle, Logistorici de Varron, Apophtegmes et Symposiaques de Plutarque, Apophtegmes des philosophes de Diogène Laërce, Faits et paroles mémorables de Valère Maxime, Déipnosophistes d’Athénée de Naucratis, Adages et Apophtegmes d’Érasme, etc. Cependant, aucun d’eux n’a puisé dans une source unique pour rédiger son anthologie, ce qui est la touche la plus singulière des ana : dérivé du préfixe grec qui signifie « en plus », un ana est un « élément qui s’ajoute au nom d’un auteur pour désigner un recueil de ses pensées détachées, de ses bons mots ou des anecdotes qu’il a recueillies ou qu’on a recueillies de lui » (Robert).

Dans son exhaustive Bibliographie des ouvrages publiés sous le nom d’ana…, {a} P. Namur a recensé quelques livres apparemment précurseurs, en raison de leurs titres dotés du suffixe ana :

Le Scaligerana de 1666 a donc inauguré le genre des ana proprement dit, sauf à appeler ainsi des ouvrages qui n’en étaient pas vraiment. Avant lui, le seul recueil d’anecdotes que j’aie croisé dans mes lectures est celui qu’ont composé les proches de Martin Luther (Francfort, 1571, v. notule {a}, note [10], lettre latine 101), et qui mériterait le sous-titre de Lutherana.

Le plus célèbre faux ana écrit au xviie s. est la vaste compilation englobant maints personnages que Gédéon Tallemant des Réaux (1619-1692) {a} a appelée ses Historiettes, publiées pour la première fois en 1834. Lui-même a ainsi justifié son choix (à la fin de 1657) :

« J’appelle ce recueil Les Historiettes, parce que ce ne sont que des petits mémoires qui n’ont aucune liaison les uns avec les autres. J’y observe seulement en quelque sorte la suite du temps, pour ne point faire de confusion. Mon dessein est d’écrire tout ce que j’ai appris et apprendrai d’agréable et de digne d’être remarqué, et je prétends dire le bien en le mal sans dissimuler la vérité et sans me servir de ce qu’on trouve dans les histoires et les mémoires imprimés. Je le fais d’autant plus librement que je sais bien que ce ne sont pas choses à mettre en lumière, quoique peut-être elles ne laissassent pas d’être utiles. Je donne cela à mes amis qui m’en pressent il y a longtemps. Au reste, je renverrai souvent aux mémoires que je prétends faire de la régence d’Anne d’Aurtriche ou, pour mieux dire, de l’administration du cardinal Mazarin, et que je continuerai tant qu’il gouvernera, si je me trouve en état de le faire. {b} Ces renvois seront pour ne pas répéter les mêmes choses ; comme, par exemple, une fois que M. Chabot, devenu duc de Rohan, {c} entrera dans les négociations avec la cour, je ne puis plus continuer son Historiette, parce que désormais c’est l’histoire de la seconde guerre de Paris. {d} Voilà quel est mon dessein. Je commencerai par Henri le Grand {e} et sa cour, afin de commencer par quelque chose d’illustre. »


  1. Guy Patin n’a parlé que de l’abbé François Tallemant, frère cadet de Gédéon (v. note [9], lettre 684).

    Les notes de notre édition ont souvent puisé dans ce recueil.

  2. S’ils ont jamais été écrits, ces mémoires n’ont jamais été publiés.

  3. Henri Chabot, v. note [37], lettre 0280

  4. Fronde des princes (1651-1653).

  5. Le roi Henri iv.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Introduction, note 2.

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(Consulté le 06/05/2024)

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