Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 10 manuscrit

Note [2]

Popoff a consacré de longs articles à ces deux magistrats qui connurent un destin peu commun.

Jacques-Auguste i de Thou a parlé de ces deux magistrats et de l’autre protagoniste de cette affaire, Robert Stuart (Stuard), sieur de Vézines (Vézinnes), en cinq endroits de son Histoire universelle ; j’y ai mis leurs noms en italique.

  1. Le livre xxiii, règne de François ii, année 1559, décrit longuement le procès et l’exécution d’Anne Du Bourg (Thou fr, volume 3, pages 399‑402), avec cette remarque :

    « Du Bourg avait plusieurs fois récusé Minard, comme un homme qui avait donné des conseils violents au feu roi, et dont les mœurs n’étaient pas irréprochables ; et il avait ajouté que, s’il ne s’abstenait de lui-même d’être son juge, il y serait contraint par quelque moyen. Quoique ce discours fût plutôt un effet de la prévoyance de Du Bourg que de sa complicité, cependant il donna lieu de croire qu’il savait quelque chose des desseins qu’on avait contre le président. »

  2. Ibid. page 405 :

    « Cependant, des hommes ennemis de la paix ne cessaient de presser les princes Lorrains {a} de venger le meurtre de Minard. Le procureur général Bourdin envoya à la cour un certain des Croisettes, son émissaire, pour lui déclarer au nom du Parlement, qu’on avait des preuves que Robert Stuart, Écossais, devait un certain jour, avec ses complices, mettre le feu en plusieurs quartiers de Paris, et briser les portes des prisons ou les sectaires {b} étaient renfermés, tandis que le peuple serait occupé à éteindre les incendies. Cette dénonciation donna lieu à une déclaration du roi, datée de Chambord, qui ordonnait au Parlement de châtier sévèrement les personnes suspectes, et de travailler sans retardement à leur procès. On tira donc de toutes les chambres du Parlement des juges pour composer quatre tribunaux extraordinaires qui travaillassent à ces affaires. Bientôt, les prisons demeurèrent vides, les uns ayant été condamnés à mort, les autres à faire amende honorable, à être bannis ou à subir d’autres peines. On arrêta aussi Robert Stuart, qui réclama la protection de la jeune reine : {c} cette princesse, qui voulait obliger les Guise, ses oncles, nia qu’il eût cet honneur. Comme on ne trouva point de preuves assez fortes contre lui, il fut appliqué à la question, {d} qu’il soutint sans rien avouer, et fut ensuite laissé dans la prison, parce qu’on le craignait. »

  3. Le livre xxxiv, règne de Charles ix, année 1562, relate la bataille de Dreux, gagnée par les catholiques contre les protestants, le 19 décembre, au prix de lourdes pertes (Thou fr, volume 4, page 479) :

    « Le connétable {e} ayant eu son cheval tué sous lui, remonta aussitôt sur un autre que d’Oraison, son lieutenant, lui donna. Ayant ensuite été blessé à la mâchoire inférieure, il fut environné de toutes parts, et enfin fait prisonnier par Robert Stuart de Vézines. Les Allemands étant survenus, le connétable, par le conseil de Stuart, se livra à eux et leur donna sa foi. » {f}

  4. Le livre xlii, règne de Charles ix, année 1567, relate la bataille de Saint-Denis, qui opposa les catholiques aux protestants le 10 novembre (Thou fr, volume 5, page 374) :

    « Anne de Montmorency, ce vieillard respectable qui avait blanchi à la guerre après avoir rempli dans un âge si avancé, {g} tous les devoirs non seulement d’un connétable, mais d’un simple soldat, éprouva alors le sort de la guerre, et fut blessé au visage. Environné de toutes parts et pressé par Robert Stuart de se rendre, il lui donna un si grand coup de la garde de son épée sur la joue qu’il lui fit sauter trois dents. Irrité par la douleur que lui causa un si grand coup, Stuart lui-même, ou quelque autre, lui tira un coup de pistolet par derrière ; et comme la cuirasse n’était pas assez forte, il fut percé et blessé mortellement. » {h}

  5. Le livre xlv, règne de Charles ix, année 1569, relate la bataille de Jarnac (v. note [51] des Deux Vies latines de Jean Héroard), qui opposa de nouveau les catholiques aux protestants le 13 mars (Thou fr, volume 5, pages 572‑573) :

    « […] mais comme ce ne fut presque qu’un combat de cavalerie, et qu’excepté le régiment de Pluviaut, il y eut très peu de gens de pied qui combattissent, l’infanterie des protestants perdit peu de monde. Robert Stuart, qu’on accusait d’avoir tué, deux ans auparavant, le connétable de Montmorency à la journée de Saint-Denis, fut pris dans ce combat et tué ensuite à coups de poignard. » {i}


    1. Les Guise, futurs meneurs de la Ligue catholique.

    2. Protestants.

    3. Marie Stuart, fille de Marie de Guise, reine d’Écosse de 1542 à 1567.

    4. Le Borboniana parlait aussi de la question à laquelle fut soumis Robert Stuart (et après quoi il se fit huguenot). Ce mot est à prendre dans le sens judiciaire, effrayant mais très précis, que lui a donné Furetière :

      « torture qu’on donne aux criminels pour savoir la vérité de quelque crime qualifié. On donne aussi la question aux criminels condamnés pour avoir révélation de leurs complices. Il faut qu’il y ait de puissants indices ou < une > demi-preuve pour appliquer un homme à la question. La question ordinaire à Paris se donne avec six pots d’eau et le petit tréteau. L’extraordinaire avec six autres pots, et le grand tréteau, qui serre et étend davantage le criminel, qui est suspendu. On la donne ailleurs avec des coins et des brodequins, et en chauffant les pieds. Il a été appliqué à la question ordinaire et extraordinaire, et n’a rien confessé. “ Il faut qu’un homme persiste, étant hors de la question, à ce qu’il a confessé. ” On dit aussi “ présenter à la question ”, quand on fait peur seulement à un accusé de lui donner la question. »

    5. Anne de Montmorency, v. note [7], lettre 522.

    6. Fit serment de se comporter en loyal prisonnier.

    7. Le connétable était alors âgé de 74 ans.

    8. L’issue du combat demeura indécise. Le connétable mourut à Paris le 12 novembre.

    9. Le plus célèbre mort du combat de Jarnac, gagné par les catholiques fidèles au roi, fut le pince Louis ier de Condé (v. note [16], lettre 128).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 10 manuscrit, note 2.

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(Consulté le 06/05/2024)

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