Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-3

Note [48]

Taxile (Taxilès), raja de Taxila et satrape du Pendjab, au nord-ouest de l’Inde, s’allia à Alexandre le Grand (v. note [21], lettre 197) dans sa guerre contre Pôros, roi de Pauravas (bataille de l’Hydaspe, en 356 av. J.‑C). La relation de L’Esprit de Guy Patin est issue de Plutarque, Vie d’Alexandre le Grand, chapitre lxxix (traduction de Dominique Ricard, 1743) :

« Taxile possédait, dit-on, dans l’Inde, un royaume aussi grand que l’Égypte, très abondant en pâturages et en fruits excellents. C’était un prince sage, qui, étant allé trouver Alexandre, lui dit, après l’avoir salué : “ Qu’avons-nous besoin, Alexandre, de nous faire la guerre, si tu n’es pas venu pour nous ôter l’eau et ce qui est nécessaire à notre nourriture ? Ce sont les seules choses qui puissent forcer les hommes à combattre les uns contre les autres. Pour les richesses et les autres biens, si j’en ai plus que toi, je suis prêt à t’en faire part; si j’en ai moins, je n’aurai pas honte de recevoir de tes bienfaits et je les accepterai avec reconnaissance. ” Alexandre fut ravi de sa franchise, et lui dit en l’embrassant : “ Crois-tu donc, Taxile, que, pour ces belles paroles et ces témoignages de confiance, notre entrevue se passera sans combat ? Non, tu n’y auras rien gagné : je veux combattre avec toi jusqu’à l’extrémité, mais par des bienfaits ; et je ne prétends pas être vaincu en générosité. ” Il reçut de Taxile de riches présents, lui en fit de plus considérables ; et enfin, dans un souper, il lui porta pour santé mille talents d’argent monnayé. {a} Un pareil don déplut aux courtisans d’Alexandre, mais il lui gagna l’affection de la plupart des Barbares. »


  1. Pour le Dictionnaire de Trévoux, le talent d’or antique était estimé valoir 15 000 livres tournois (5 000 écus). L’équivalence donnée par L’Esprit de Guy Patin (environ 600 écus pour un talent) était nettement moindre, approchant plutôt du grand talent d’argent (1 333 livres ou 444 écus).

Le pilori était le « poteau qu’un seigneur haut justicier fait élever en un carrefour pour marque de sa seigneurie, où sont ses armes, et quelquefois un carcan. À Paris, c’est un petit bâtiment en forme de tour, avec une charpente à jour, dans laquelle est une machine tournante, où l’on attache les infâmes qu’on veut exposer à la risée publique. Il est placé au milieu des Halles, et est du domaine affecté à l’exécuteur de la haute justice » (Furetière).

Les rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin voulaient dire que, « dans le siècle prochain », les plus insignes prévaricateurs (partisans) s’en tireraient à bon compte, pourvu qu’ils se soumissent entièrement au service du roi, après avoir subi la honte du pilori. Patin était certes fort amateur des Vies de Plutarque (où il a dit avoir appris à lire, dans sa lettre 106), mais eux détails me froissent dans cet article : il n’a jamais employé le mot pilori dans ses lettres et, de son vivant (en 1664), le tout-puissant Nicolas Fouquet fut condamné à être emprisonné à vie pour ses exactions.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-3, note 48.

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(Consulté le 30/04/2024)

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