De Charles Spon, le 20 mars 1657

Note [16]

« extravagance. »

En l’an 16 de notre ère, Marcus Scribonius Libo Drusus, petit-fils de Pompée, avait insensément comploté contre Tibère et Germanicus. Drusus se suicida après avoir sollicité la clémence de Tibère, qui l’avait déféré devant le Sénat. Un passage des Annales de Tacite (livre ii, chapitre 30) montre en effet certaines analogies entre les procès de Libo et de Chenailles :

« Enfin Vibius, {a} voyant que personne ne voulait céder et que Libo était sans défenseur, déclare qu’il se bornerait à exposer l’un après l’autre les chefs d’accusation. Il produisit des pièces vraiment extravagantes : {b} ainsi Libo s’était enquis des devins “ s’il aurait un jour assez d’argent pour en couvrir la voie Appienne jusqu’à Brindes ”. Les autres griefs étaient aussi absurdes, aussi frivoles et à le bien prendre, aussi dignes de pitié. Cependant une des pièces contenait les noms des Césars et des sénateurs, avec des notes, les unes hostiles, les autres mystérieuses, écrites, selon l’accusateur, de la main de Libo. Celui-ci les désavouant, on proposa d’appliquer à la question {c} ceux de ses esclaves qui connaissaient son écriture ; mais comme un ancien sénatus-consulte défendait qu’un esclave fût interrogé à la charge de son maître, le rusé Tibère, inventeur d’une nouvelle jurisprudence, les fit vendre à un agent du fisc afin qu’on pût, sans enfreindre la loi, les forcer à déposer contre Libo. Alors l’accusé demanda un jour de délai et de retour chez lui, il chargea son parent, P. Quirinus, de porter à l’empereur ses dernières prières. »


  1. Un des accusateurs de Libo.

  2. væcordes.

  3. V. seconde notule {d}, note [2] du Borboniana 10 manuscrit.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – De Charles Spon, le 20 mars 1657, note 16.

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(Consulté le 18/05/2024)

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