De Reiner von Neuhaus, le 15 mars 1668
Note [2]
L’enclume (incus) de Neuhaus pouvait être une allusion à celle d’Horace (L’Art poétique, vers 440‑441) :
bis terque expertum frustra ; delere jubebat
[tu avais trois ou quatre fois essayé en vain, il t’ordonnait alors de tout effacer et de remettre sur l’enclume tes vers mal tournés].
et male tornatos incudi reddere versus.
Quoi qu’il en soit, elle annonçait la Reineri Neuhusii JC. Thalia Alcmariana. Et Poematum juvenilium libri ii [La Thalie (la Grâce de l’abondance, v. note [4], lettre de Neuhaus, datée du 1er juin 1673) d’Alkmaar, par Reiner von Neuhaus, jurisconsulte. Avec deux volumes de ses poèmes de jeunesse (v. note [4], lettre latine 72)] (Amsterdam, Jan Jansson van Waesberge et la veuve d’Elizæus Weyerstraten, 1669, 2 volumes in‑12). Deux recueils poétiques latins de Neuhaus avaient paru sous le même titre de Thalia Alcmariana à Amsterdam en 1658 et en 1661 ; dans ce troisième, se lit cette ode (tome i, page 78) :
Illustri Viro,
Hic etiam in Batavis surgit sublimius Ostro
D. Guidoni Patino,
Medicorum facile Principi,
Professori Regio.
Regali, nomen, Clare Patine, tuum.
Et nescis, qua parte poli tua Laurea, Phœbo
Proxima, cum Superis debeat usque coli.
Qui major terris subjectis, major et ortu,
Occiduoque die, tollis in astra caput.
Omnibus exemplum Medicæ virtutis et artis :
Cui nec posteritas viderit ulla parem.
Vive diu, Patine, Deo, Druidumque Camœnis,
Et Rex in longum Te Ludovicus amet. Alcmariæ cIɔ. Iɔc. lxii.
Kal. Julii. [À l’illustre M. Guy Patin, de loin le premier des médecins, professeur royal. Ici aussi, au pays des Bataves, ton renom, brillant Patin, s’érige plus haut que la pourpre royale. Et tu ne sais par quelle partie du ciel, toute proche de Phébus, ta gloire sera honorée parmi les divinités. Toi qui es au-dessus des terres soumises, au-dessus du levant et du couchant, toi dont la tête s’élève dans les étoiles. Pour tous, tu es le modèle de la vertu et de l’habileté médicales, à qui la postérité ne verra jamais nul égal. Demeure longtemps en vie, Patin, par la volonté de Dieu et des Muses druidiques, et puisse le roi Louis t’aimer durablement. D’Alkmaar, le 1er juillet 1662].
La note [5] de la lettre latine 199 et la lettre de Neuhaus, datée du 15 mai 1664 (v. ses notes [3] et [4]) fournissent trois autres échantillons de son lyrisme poétique, fort éloigné, il faut bien le dire, du génie d’Horace.