Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-7, note 100.
Note [100]

Le Moréri a dit à peu près tout ce qui est connu de Léène ou Leæna (la Lionne, Λεαινα), courtisane athénienne héroïque du vie s. av. J.‑C., en citant un propos de Pline l’Ancien sur les statues admirables de l’Antiquité (Histoire naturelle, livre xxxiv, chapitre xix, Littré Pli, volume 2, pages 440‑441) :

Amphicrates Leæna laudatur. Scortum hæc, lyræ cantu familiaris Harmodio et Aristogitoni, consilia eorum de tyrannicidio, usque ad mortem excruciata a tyrannis, non prodidit. Quamobrem Athenienses et honorem habere ei volentes, nec tamen scortum celebrasse, animal nominis eius fecere : atque ut intellegeretur causa honoris, in opere linguam addi ab artifice vetuerunt.

« On estime La Lionne d’Amphicrate : {a} une courtisane appelée la Lionne, que son habileté à jouer de la lyre avait mise dans l’intimité d’Harmodius et d’Aristogiton, {b} souffrit la torture jusqu’à la mort, sans révéler leur complot de tuer les tyrans. Les Athéniens, voulant l’honorer sans cependant rendre un tel hommage à une courtisane, firent exécuter la figure de l’animal dont elle portait le nom, et, pour signifier l’idée du monument, ils ordonnèrent que cette lionne fût représentée sans langue. »


  1. Sculpteur athénien du vieve s. av. J.‑C.

  2. Aristogiton et Harmodius (Harmodios), son ami, engagés dans un conflit d’honneur avec le tyran athénien Hipparque, fils de Pisistrate (v. notule {e}, note [11] du Faux Patiniana II‑1), l’ont assassiné en 514 av. J.‑C. Punis de mort, ils figurent parmi les héros de la Grèce antique, sous le nom de tyrannoctones (τυρρανοκτονοι, tyrannicides).

    Le Moréri, comme certains historiens grecs qu’il cite en référence (Hérodote, Thucydide), les rattache aux alcméonides, descendants d’Alcméon (défiguré en Alenteon par L’Esprit de Guy Patin), treizième et dernier archonte perpétuel d’Athènes au viiie s. av. J.‑C.


Tertullien a loué l’abnégation de Leæna (Ad Martyras [Aux Martyrs], chapitre iv, § 7) :

Itaque cessit carnifici meretrix Atheniensis ? Quæ conscia coniurationis cum propterea torqueretur a tyranno, et non prodidit coniuratos et novissime linguam suam comestam in faciem tyranni exspuit, ut nihil agere in se sciret tormenta, etsi ultra perseverarent.

[A-t-elle donc cédé au bourreau, la courtisane d’Athènes, qui, plutôt que de révéler le nom des complices, broya sa langue sous ses dents et la cracha au visage du tyran {a} qui essayait par les supplices de lui arracher son secret, afin de lui apprendre par là qu’il aurait beau prolonger les tortures, il n’y gagnerait pas davantage ?]


  1. V. supra note [65] pour Anaxarque qui procéda de la même manière face à Nicocéron.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-7, note 100.

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(Consulté le 26/04/2024)

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