À Charles Spon, le 26 mars 1652, note 27.
Note [27]

Journal de la Fronde (volume ii, fo 51 ro, 26 mars 1652) :

« Le 24 on tint conseil au palais d’Orléans pour délibérer si Son Altesse Royale irait à Orléans. Elle y était toute disposée, mais la résolution fut prise qu’elle y enverrait Mademoiselle avec le duc de Rohan, le comte de Fiesque et quelques autres, pour y tenir les esprits affectionnés à son parti ; et à cette fin Mademoiselle partit hier d’ici pour y arriver aujourd’hui. »

Dubuisson-Aubenay (Journal des guerres civiles, tome ii, page 189, lundi 25 mars 1652) :

« Sur le midi, carrosses de Mademoiselle en la cour du palais d’Orléans prêts pour la campagne, et elle en habit gris tout couvert d’or pour s’en aller à Orléans.

Elle est donc partie à trois heures, menant avec elle les ducs de Beaufort et de Rohan, et la dame de Bréauté, la comtesse de Fiesque et dame de Frontenac. Force cavalerie a été envoyée sur le chemin pour l’escorter.

Le duc de Beaufort n’est parti de Paris que le lendemain, mardi 26, avant jour afin de se trouver à joindre Mademoiselle à son délogement du premier gîte de Linas ou Châtres. {a} Elle est sans relais et n’arrive que mercredi à Orléans. »


  1. Arpajon, v. note [8], lettre 149.

La Grande Mademoiselle, cousine germaine de Louis xiv, a elle-même consigné les hésitations et le grand espoir qu’elle mettait dans cette aventure guerrière (Mlle de Montpensier, Mémoires, première partie, volume 1, chapitre ix, pages 348‑349) :

« Après avoir été quelques heures à Luxembourg {a} à entretenir tout le monde, je connus les sentiments de tous sur mon voyage : les amis du cardinal de Retz le trouvaient ridicule ; ceux de M. le Prince en étaient ravis. Comme je n’avais point encore la dernière confiance aux derniers, ce que m’avaient dit les autres me troublait un peu. M. de Chavigny me dit qu’il témoignerait à M. le Prince l’obligation qu’il m’avait ; qu’il était assuré que dorénavant il prendrait mes intérêts comme les siens propres, c’est-à-dire avec le dernier emportement, et que, si pendant mon absence l’on faisait quelque traité, je verrais comme les amis de M. le Prince me serviraient.

Pour montrer comme tous les amis de M. le Prince étaient bien intentionnés pour moi, je vous dirai que Mme de Châtillon, pendant que M. de Nemours était ici, me dit : “ Vous savez les obligations que j’ai à être attachée aux intérêts de M. le Prince et l’inclination que j’ai pour vous, qui m’a toujours fait souhaiter de vous voir bien ensemble. Vous y voilà, mais je souhaite que vous soyez encore mieux, si que {b} M. de Nemours, qui a la dernière passion pour votre service, et moi aussi, comme vous savez, parlâmes hier deux heures de vous faire reine de France. Ne doutez point que M. le Prince n’y travaille de tout son cœur ; et comme la paix ne se négociera jamais que par M. de Chavigny, Monsieur {c} l’ayant promis à M. le Prince, nous lui en avons parlé. Il trouve que rien n’est si à propos, si utile pour la France, pour le bien public comme pour votre famille et pour vous ; que cela est tout à fait avantageux à M. le Prince. C’est pourquoi, quand le comte de Fiesque partira (qui sera bientôt), faites-lui en dire deux mots. ” Je n’avais garde de lui dire que le comte de Fiesque m’en avait parlé, ni que j’avais fait réponse à M. le Prince là-dessus. Elle appela M. de Nemours qui m’entretint fort longtemps sur ce chapitre et me fit mille protestations de service, et continua depuis à m’en parler, aussi bien que Mme de Châtillon et M. de Chavigny. »


  1. Au palais du Luxembourg.

  2. Au point que.

  3. Gaston d’Orléans, père de Mademoiselle.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 26 mars 1652, note 27.

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(Consulté le 02/05/2024)

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