Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 1, note 27.
Note [27]

« Les poissons n’ont ni cou ni poumon ; les reptiles n’ont pas non plus de poumon. Aucun n’animal n’a de poumon s’il n’a pas de cou ; et ces oiseaux marins du genre des foulques, vulgairement appelés macreuses, ont un poumon : ce ne sont donc pas des poissons. »

Ce coq-à-l’âne de zoologie comparée (que le P. de Vitry n’a pas commenté) tombe au beau milieu d’une prosopographie italienne. Sans m’attarder sur l’appareil respiratoire des poissons et des reptiles, j’emprunte à Gilles Ménage (Dictionnaire étymologique, Paris, 1694, page 324) sa définition de la foulque :

« oiseau de mer ; de fulica, mot ancien. Isidore livre xii, chap. i, parle ainsi de l’étymologie de ce mot latin : Fulica, dicta quod caro ejus leporinam sapiat ; lagos enim lepus dicitur ; unde et apud Græcos lagos dicitur ; {a} ce que je n’entends pas, n’y ayant guère de rapport de fulica avec lagos. M. de Caseneuve dérive fort bien fulica, de fuligo, à cause de la noirceur de cet oiseau, pour laquelle nous l’appelons diable de mer. » {b}


  1. « La foulque est ainsi nommée parce que sa chair a le goût de celle du lièvre, lagos en grec, lepus en latin. » Ce passage se trouve dans le livre xii, mais au chapitre vii (De avibus [Les oiseaux]), des Etymologiæ (édition de Venise, 1483, page 64 ro, au bas de la 2e colonne) d’Isidore de Séville (v. note [22], lettre 101).

  2. Pierre de Caseneuve (1591-1652) est l’auteur des Origines françaises que Ménage a reprises dans son Dictionnaire.

    Ces savants étymologistes rapprochaient le nom latin fulica [foulque] de fuligo [suie].

    La description évoque le cormoran (corbeau marin) ; mais les autres dictionnaires anciens donnent à foulque le sens d’oiseau d’eau douce, autrement appelé poule d’eau.


Dans sa définition de la macreuse, Furetière explique les hésitations de Naudé :

« Oiseau maritime qui ressemble à un canard, et qui passe pour poisson, à cause qu’il a le sang froid, de sorte qu’on permet de le manger en carême [v. note [10] du Naudæana 3]. Une macreuse en ragoût est un manger délicieux. On a cru que les macreuses s’engendraient de l’écume de la mer, ou du bois pourri des vieux vaisseaux, où on les trouvait attachées par le bec, d’où elles se détachaient quand elles étaient bien formées. Mais le Sr Childrey dans son Livre des merveilles d’Angleterre {a} soutient qu’elles viennent d’un œuf couvé comme les autres oiseaux, et que ce sont de vrais canards ; et qu’il y en a si grande quantité en Écosse qu’elles obscurcissent le soleil en volant, et qu’elles y apportent tant de branches pour faire leurs nids que les habitants en ont assez pour faire leur provision de bois. M. Graindorge, médecin de Montpellier, a fait aussi un traité de leur origine, {b} et dit qu’il y en a une furieuse quantité dans le Nord jusque dans le Groenland. Il y a aussi un poisson nommé macreuse, qu’on appelle autrement diable de mer, en latin fulica, qui est une espèce de poule de mer fort noire. »


  1. Joshua Childrey (1623-1670), Histoire des singularités naturelles d’Angleterre, d’Écosse et du Pays de Galles… Traduite de l’anglais de Monsieur Childrey par M.P.B. (Paris, Robert de Ninville, 1667, in‑12).

  2. Le Traité de l’origine des macreuses… (Caen, Jean Poisson, 1680, in‑8o) est un ouvrage posthume d’André Graindorge (v. note [3], lettre 546).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 1, note 27.

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(Consulté le 05/05/2024)

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