Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 4, note 33.
Note [33]

V. note [35], lettre 345, pour Jacques Picques, secrétaire de l’ambassade de France en Suède, au moment des obsèques de René Descartes, le 12 février 1650 à Stockholm.

Sainte-Beuve b (page 473) a émis une intéressante opinion sur le mépris de Naudé pour Descartes :

« Naudé appartient essentiellement à cette race de sceptiques et académiques d’alors, dont on ne sait s’ils sont plus doctes ou plus penseurs, étudiant tout, doutant de tout entre eux, que Descartes est venu ruiner en établissant d’autorité une philosophie spiritualiste, croyante dans une certaine mesure, et capable de supporter le grand jour devant la religion. À voir l’anarchie morale qui régnait durant le premier tiers du siècle, et l’impuissance d’en sortir en continuant la tradition, on apprécie l’importance de cette brusque réforme cartésienne à titre d’institution publique de la philosophie. Quant à l’autre espèce de sagesse plus à huis-clos et dans la chambre, qui ne s’enseigne pas, qui ne se professe pas, qui n’est pas une méthode, mais un résultat, pas un début ni une promesse, mais une habitude et une fin, et de laquelle il faut répéter avec Sénèque : Bona mens non emitur, non commodatur, {a} c’est-à-dire qu’elle est une maturité toute personnelle de l’esprit, on peut s’en tenir à Gabriel Naudé.

Nul, en son temps, ne l’a pratiquée mieux que lui et dans les vraies conditions du genre, à petit bruit, sans amour propre, sans montre, à l’abri des gros livres et comme sous le triple retranchement des catalogues ; car, avec lui, c’est derrière tout cela qu’il la faut chercher. »


  1. Bona mens nec commodatur nec emitur ; et puto, si venalis esset, non haberet emptorem ; at mala cotidie emitur [La sagesse ne s’emprunte ni ne s’achète ; elle serait à vendre, qu’elle ne trouverait pas, je crois, d’acheteurs. La folie, au contraire, en trouve tous les jours] (Lettres à Lucilius, épître xxvii).

Il serait cruel de s’attarder plus sur ce que Gabriel Naudé disait ici de Descartes ; sauf à ajouter que ses idées novatrices lui avaient valu le mépris du milieu académique parisien, encore fondamentalement aristotélicien, et que Guy Patin suivait l’avis de son ami Naudé (v. note [18], lettre 220).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 4, note 33.

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(Consulté le 27/04/2024)

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