Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 7 manuscrit, note 37.
Note [37]

« Voyez les prolégomènes de Juan Luis la Cerda sur Virgile. »

Les Prolegomena sont les « Pièces liminaires » que Juan Luis la Cerda a placées en tête de son édition critique des œuvres de Virgile (déjà citée plus haut, v. supra note [4], notule {c‑1‑i}). Elles figurent au début des Bucolica et Georgica [Bucoliques et Géorgiques] (Lyon, 1619, v. note [2], lettre 125), sous le titre de P. Virgilii Maronis Elogia [Éloges de Publius Virgilius Maro], composés d’un Proœmium [Préambule] et de 7 chapitres.

Les principales remarques sur Homère se trouvent dans le chapitre iv, Elogia sumpta ex comparatione Virgilii cum poetis aliis, Græcis et Latinis [Éloges tirés de la comparaison de Virgile avec les autres poètes, grecs et latins], avec quatre paragraphes (fos B3 ro‑[B6] ro) intitulés Proximus Homero [Très proche d’Homère], Par Homero [Égal d’Homère], Maior Homero [Plus grand qu’Homère], De Homero [Au sujet d’Homère]. Le passage le plus parlant se trouve au début de ce dernier paragraphe : {a}

Abrumpo hic Virgilii Elogia rediturus post longum excursum. Destinavi enim interserere Homeri vitia, quæ reperi, non omnia, nam hic labor infinitus, sed aliqua. Ad hanc rem triplex me ratio movet. Prima, ut appareat liquidior laus Virgilii, præstansque illius supra Homerum virtus. Altera, ut videant Poetæ, non posse se tuto Homericis credere ; decipientur enim, et inanem reddent Poesin, si nimium Homero fidant : opus est forti iudicio, quale habuit Maro, ne abripiantur impetu Græcæ orationis, et carmen perdant. Tertia, ut me a calumnia liberem, aliosque viros ævi huius : immerito enim reprehendimur, quod Homerum reprehendamus. Rem totam confero ad ea, quæ scripsere contra illum Plato, Dio Chrysostomus, Scaliger. Quanti, et quales viri !

[J’interromps ici les Elogia de Virgile, auxquels je reviendrai après une longue digression. J’ai en effet décidé d’y insérer les défauts d’Homère que j’ai repérés : pas tous, bien sûr, car ce serait une tâche sans fin, mais quelques-uns. Trois raisons me poussent à cela. La première est de rendre ma louange de Virgile plus limpide, en montrant que son mérite surpasse celui d’Homère. La deuxième est de faire voir aux poètes qu’ils ne peuvent se fier les yeux fermés à Homère, car ils s’égareront et rendront leur poésie insipide s’ils lui accordent trop de crédit : il leur faut posséder un solide jugement, égal à celui dont jouissait Maro, {b} pour ne pas succomber à l’élan de l’éloquence grecque, et ne pas ruiner leur talent poétique. La troisième est d’écarter toute médisance, tant à mon encontre qu’à celle d’autres auteurs de ce siècle, car nous ne méritons pas d’être blâmés sous prétexte que nous blâmons Homère. Quant à tout mon réquisitoire à sa charge, je m’en réfère à ce que Platon, Dion Chrysostome {c} ou Scaliger ont écrit contre lui : voyez s’il ne s’agit pas là de grands esprits !]


  1. Mes recherches sur les Elogia ont grandement bénéficié du remarquable travail de John Roberts : il en a transcrit, traduit (en anglais) et commenté l’ensemble dans sa thèse pour le doctorat en lettres classiques (Doctor of Philosophy in Classics) de l’Université de Warwick, intitulée The Prolegomena of la Cerda’s Commentary on Virgil… [Les Prolégomènes du Commentaire de la Cerda sur Virgile] (août 2013, disponible en ligne)

  2. Surnom de Virgile.

  3. Ou Dion de Pruse, v. note [3], lettre latine 322.

Imprimer cette note
Citer cette note
x
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 7 manuscrit, note 37.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8208&cln=37

(Consulté le 27/04/2024)

Licence Creative Commons