Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-5, note 39.
Note [39]

Gian Giacomo de’ Medici (Milan 1498-ibid. 1556), marquis de Marignan, était surnommé le Medeghino [petit Medici], en raison de sa modeste taille. Son frère cadet, Giovanni Angelo, fut élu pape en 1559 sous le nom de Pie iv. {a} Ils n’étaient pas apparentés avec les Médicis de Florence. Condottiere sanguinaire, Marignan avait servi les Sforza, ses compatriotes, avant de se mettre à la solde de Charles Quint, jusqu’à l’alliance de l’empereur avec les Florentins dans leurs guerres contre les Français et leurs alliés italiens. Le dernier grand exploit militaire de Marignan fut le siège et la prise de Sienne en avril 1555. {b} L’anecdote de L’Esprit de Guy Patin est tirée de l’Histoire universelle de Jacques-Auguste i de Thou (livre xv, règne de Henri ii, année 1555, Thou fr, volume 2, pages 552‑553) :

« À peine le marquis de Marignan put-il faire avancer douze canons pendant cette nuit, à cause de la difficulté qu’il y avait de les transporter sur la colline. Il fit faire la première décharge contre le pied de la muraille ; mais comme elle était de brique, elle reçut les coups de canon sans en être ébranlée. On le braqua ensuite contre le milieu du mur, qu’il ouvrit sans l’abattre. Alors l’ennemi découvrit l’ouvrage que les assiégés avaient commencé au-dedans de la ville. {c} Le marquis voyant qu’il avait besoin d’un plus grand nombre de canons pour venir à bout de son entreprise et que, cependant, on ne pouvait les faire venir dans un jour, c’était donner le temps aux assiégés d’élever leurs ouvrages, il donna l’ordre à son armée, de la même manière que s’il eût dû livrer l’assaut, et demeura néanmoins dans sa litière, sous le toit d’une petite maison située derrière ses batteries, étant pour lors incommodé de la goutte. Monluc {d} ayant remarqué, du haut de la vieille citadelle, qu’on voyait le derrière du canon des ennemis, fit tirer par le meilleur canonnier de Sienne plusieurs volées, qui incommodèrent beaucoup une compagnie d’Allemands et tuèrent quelques Espagnols. Il y eut même un boulet qui entra dans la petite maison où le marquis s’entretenait avec un gentilhomme de la Chambre du roi Philippe. {e} Ce général, s’étant vu sur le point de périr sous les ruines de cette chaumière, en eut une si grande frayeur qu’aussitôt il fut délivré des douleurs de sa goutte. » {f}


  1. V. note [5], lettre 965.

  2. V. note [14], lettre 127.

  3. Les Siennois avaient fait le sacrifice de leurs jardins privés pour doubler le rempart d’un monticule de terre.

  4. Blaise de Montluc, v. note [28], lettre 203.

  5. Philippe, fils aîné de Charles Quint, était alors roi de Naples et de Sicile. Il n’allait devenir le roi Philippe ii d’Espagne qu’en janvier 1556, par l’abdication de son père.

  6. Marignan mourut dans son lit le 8 novembre, d’une rétention d’urine (ce qui fait penser que sa goutte n’avait pas entièrement guéri après sa frayeur du mois d’avril). De Thou a résumé sa vie (ibid. pages 619‑620), mais Antoine Teissier ne l’a pas reprise dans ses Éloges (v. supra note [11]).

Guy Patin n’avait pas coutume d’emprunter à l’Histoire universelle de Thou sans le citer nommément. Le commentaire vaseux sur les effets médicaux de la peur ne peut lui être sûrement attribué.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-5, note 39.

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(Consulté le 26/04/2024)

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