Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-2, note 48.
Note [48]

Le principe du jeu poétique est d’utiliser des formes saugrenues pour exprimer un propos sensé. Un hexamètre compte en principe six pieds.

  • Le premier vers cité compte 18 mots et 34 syllabes, mais je n’ai pas compris comment le tout formerait un vers unique, dont la signification est inepte :

    « Remue-toi donc, je m’en suis allé : va voir la vieillarde malade, achète une brebis noire, mange un œuf blanc, devant le champ où cela se trouve. »

    Quelques recueils ont plus tard repris ce salmigondis en l’attribuant à Guy Patin, sur la foi du Faux Patiniana, pour vanter la précocité intellectuelle de son fils Charles.

  • Le second compte 2 vers, 4 mots et 26 syllabes, avec cette signification :

    « D’innombrables soucis bouleversaient les Constantinopolitains. »

    Ce distique figure parmi les Autres sortes de Vers folâtrement et ingénieusement pratiqués (chapitre xx, pages 154 vo‑155 ro) dans :

    Les Bigarrures et touches du seigneur des Accords. {a} Avec les Apophtegmes du sieur Gaulars et les Escraignes {b} dijonnaises. Dernière édition, de nouveau augmentée de plusieurs épitaphes, dialogues et ingénieuses équivoques augmentée. {c}

    Il y est assorti de cette explication :

    « On s’est aussi plu de faire des vers de deux mots, pour en avoir de mots non composés. Je n’en ai jamais vu que ce suivant hexamètre et pentamètre :

    Perturbabantur Constantinopolitani
    Innumerabilibus sollicitudinibus
    .

    En récompense duquel Jules Scaliger a bâti cet hexamètre de monosyllabiques latins :

    Si mi lis nex est trux, pax quid sit sub id aut quo ? » {d}


    1. Étienne Tabourot (1547-1590), avocat au parlement puis procureur au bailliage de Dijon.

    2. Veillées.

    3. Paris, Jean Richer, 1603, in‑12 de 444 pages, pour l’une de très nombreuses éditions, dont la première a paru en 1583.

    4. « Si pour moi dispute est mort farouche, en quoi la paix consisterait-elle, et où ? »

Ces acrobaties poétiques sont aussi oiseuses que douteuses sous la plume de Guy Patin.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-2, note 48.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8215&cln=48

(Consulté le 26/04/2024)

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