À Sebastian Scheffer, le 24 mai 1665, note 87.
Note [87]

Page 423 (Paris, 1646), livre ii, chapitre cxl, De Memithe et Glaucio [Le Memithé et le Glaucium] ; le glaucium (Thomas Corneille) est le :

« Suc d’une herbe qui croît auprès d’Hiérapolis en Syrie. Elle a ses feuilles presque semblables au pavot cornu, plus grasses pourtant et éparpillées en terre, ayant une fort méchante odeur et un goût amer. Les gens du pays font sécher ces feuilles dans des fours à demi chauds, après quoi ils les brisent et en tirent un suc jaune, qui est fort bon dans les médicaments qu’on ordonne pour les yeux. Galien dit que le glaucium est astringent, et si réfrigératif que lui seul peut guérir les érysipèles, {a} pourvu qu’ils ne soient point trop enflammés. Il est composé de substance terrestre et aqueuse, étant l’une et l’autre modérément froides comme le peut être l’eau de fontaine. Les apothicaires, suivant les Arabes, appellent ordinairement le glaucium memithé. Il y en a bien qui le contrefont, et qui supposent du jus d’esclère en sa place. {b} On lui a donné le nom de glaucium, de glaukos, bleu, à cause qu’il porte des fleurs bleues. »


  1. V. note [16], lettre 41.

  2. Esclère, esclaire et éclaire sont d’autres noms de la grande chélidoine (v. note [14], lettre 640), ainsi nommée parce qu’on lui attribuait la propriété d’éclairer la vue.

    Le lien entre glaucium et ce qu’on entendait alors par glaucome (v. note [2], lettre 116) n’est peut-être pas entièrement fortuit.


Ligne 10 (§ 1), Guy Patin demandait d’ajouter deux fois ex [venant de] dans :

Quis sit Glaucium Dioscoridis ? Fuit denominatum, non ab herba Glauce, lib. 4. cap. 136. quam describit foliis cytisi seu lenticulæ : sed ab herba sui generis, quam lib. 3. cap. 84. papaveri coniculato comparat, et eodem cum succo suo nomine Glaucium vocat. Non esse ipsum papaver corniculatum, sed simile, non [ex] l. c. tantum, sed et [ex] cap. propr. de pap. corniculato.

[Que serait le glaucium de Dioscoride ? Il n’a pas reçu son nom du glaux, qu’il décrit au chapitre 136 du livre 4e comme ayant des feuilles semblables à celles du cytise ou de la lentille ; {a} mais bien d’une herbe particulière, qu’au chapitre 84 du livre 3e, il compare au pavot cornu et l’appelle glaucium, selon la couleur de son suc. {b} Ce n’est pas la même plante que le pavot cornu, mais elle lui ressemble, dit-il non seulement à l’endroit cité plus haut, mais au chapitre particulier qu’il consacre au pavot cornu]. {c}


  1. Traduction française des six livres de Dioscoride (v. supra notule {c}, note [10]) avec les Commentaires de Matthiole (Lyon, 1572), livre iv, chapitre cxxxvi, page 635, disant du glaux (herbe-à-lait) :

    « Glaux a les feuilles semblables à celles du cytise, ou de la lentille, vertes au-dessus, blanches au-dessous. Il produit, dès sa racine, près de terre, cinq ou six rinceaux menus, hauts d’un empan ; des fleurs comme le niolier blanc, purpurées et plus petites. Il croît près de la mer. Le bouillon d’icelui, cuit avec farine d’orge, sel et huile, est bon pour faire revenir le lait perdu aux nourrices. »

  2. Ce passage a inspiré la définition du glaucium par Thomas Corneille (v. supra). Matthiole y confirme le nom de memithé qu’on lui a donné en Arabie.

  3. l. c. est l’abréviation de loco citato [à l’endroit cité plus haut].

  4. Le chapitre lxi du livre iiii (ibid. page 572) décrit le pavot cornu et ses vertus : guérison des sciatiques, des maladies du foie, des urines épaisses, chute des escarres, etc. Dioscoride conclut en disant : « Aucuns ont pensé que de cette sorte de pavot on faisait le glaucium, mais la similitude des feuilles les a abusés. »

La réédition de Francfort (1667, pages 336) a appliqué ces deux corrections.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Sebastian Scheffer, le 24 mai 1665, note 87.

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(Consulté le 28/04/2024)

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