Les infections liées au geste chirurgical (1/4 des infections nosocomiales)
sont une cause importante de morbidité et augmentent la
mortalité postopératoire. Intégrée dans le respect des mesures élémentaires
d’hygiène et les bonnes pratiques chirurgicales, l’antibioprophylaxie
est un des outils essentiels de la réduction de ce risque
infectieux. De plus, l’antibioprophylaxie chirurgicale représente
environ 1/3 des prescriptions d’antibiotiques à l’hôpital. Ses modalités
(choix des molécules, administration…) font l’objet de recommandations
validées, mais sa réalisation reste imparfaite
(recommandations pour la pratique de l’antibioprophylaxie en chirurgie.
1999).
Matériel et méthode : Etude 1 : évaluation (audit de pratiques) de
l’application de l’antibioprophylaxie chirurgicale et de l’impact des
recommandations sur ces dernières : 3 audits ont été réalisés à 4 ans
d’intervalle (1994, 1998 et 2002), afin d’apprécier l’évolution de
l’application des recommandations et indirectement, l’impact des
référentiels.
Etude 2 : évaluation des kits d’antibioprophylaxie par une étude
prospective, comparative, monocentrique en 2 groupes : patients
exposés versus patients non exposés. Les kits, nominatifs, contenaient
les antibiotiques recommandés aux doses prévues par les
recommandations accompagnés d’un « mode d’emploi » pour chaque
intervention.
Résultats : Etude 1 : notre travail montre une augmentation significative
du nombre de prescriptions d’antibioprophylaxie entre 1994
et 2002 (23 %) Après une augmentation transitoire de 1994 à 1998 ,
la conformité avec les recommandations dans l’indication de prescription
de l’antibioprophylaxie diminue de 7 % entre 1998 et 2002.
On note cependant une amélioration globale de l’application des
recommandations. Les points faibles persistants concernent en 2002
le choix de la molécule (25% d’erreur), la durée de prescription (19
% de prescriptions anormalement prolongées) et le timing d’administration
(31% d’erreur)
Etude 2 : les kits d’antibioprophylaxie ont permis une meilleure
conformité des pratiques par rapport aux recommandations. Les
modalités de réalisation de l’antibioprophylaxie se sont avérées
conformes en tous points par rapport au référentiel pour 82 % des
patients exposés, versus 41 % des non exposés. Choix de la molécule,
timing d’administration et durée de prescription ont été les
paramètres particulièrement bien corrigés par la technique.
Conclusion : La diffusion des référentiels s’avère dans notre étude
indispensable pour l’amélioration de la prescription, mais insuffisante. La délivrance nominative journalière des antibioprophylaxies
chirurgicales sous la forme de kits d’antibioprophylaxie a
permis d’optimiser le respect des recommandations, en corrigeant
de manière importante les limites persistantes identifiées par les
audits de pratiques. La maîtrise des prescriptions d’antibiotiques
étant un objectif impératif en termes de santé individuelle pour le
patient et de santé publique pour la collectivité, ce changement
des habitudes des équipes s’inscrit dans une politique d’amélioration
de la prescription (meilleure efficacité au moindre coût)
Antimicrobial prophylaxis in surgical procedures: assessment
of the guidelines application, and the use of an antibioti c kit.
Infections related to surgical procedures (1/4 of nosocomial infections)
are a major cause of morbidity and increase post-surgical
mortality rates. Antibiotic prophylaxis, in conjunction with elementary
hygiene and good surgical practice, is one of the essential tools
for reducing infection risk. Moreover, surgical antibiotic prophylaxis
represents approximately one third of antibiotic prescriptions
in the hospital setting. Its modalities (choice of compound, mode of
administration…) are specified in validated recommendations, but
implementation remains unsatisfactory (Recommendations for Antibiotic
Prophylaxis in Surgery 1999).
Materials and method: Study N° 1: evaluation (practice audit) of
surgical antibiotic prophylaxis and impact of recommendations: 3
audits were conducted at 4-year intervals (1994, 1998 et 2002) to
assess trends in implementation of recommendations and indirectly
the impact of guidelines.
Study N°2: evaluation of antibiotic prophylaxis kits via a prospective,
comparative, single-centre study between 2 groups: exposed
versus non-exposed patients. The kits were nominative and contained
the recommended antibiotics at the recommended dose accompanied
by « instructions for use » for each type of surgical procedure.
Results: Study N°1: our work showed a significant increase in the
number of antibiotic prophylaxis prescriptions between 1994 and
2002 (23 %). After a transient increase form 1994 to 1998, conformity
with recommendations for the indication of antibiotic prophylaxis
prescription decreased by 7 % between 1998 and 2002. However
an overall improvement in implementation of recommendations
was observed. Persisting weak points in 2002 include choice
of compound (25% error), duration of prescription (19 % abnormally
extended prescriptions) and timing of administration (31%
error).
Study N° 2: antibiotic prophylaxis kits resulted in improved conformity
of practice with recommendations. Implementation of antibiotic
prophylaxis was found to be completely in line with the guidelines
for 82% of exposed versus 41% of non-exposed patients.
Choice of compound, timing of administration and duration of prescription
were particularly well corrected by this technique.
Conclusion: In our study, dissemination of guidelines proved essential
but insufficient to improve prescription. Daily nominative delivery
of surgical antibiotic prophylaxis in the form of antibiotic prophylaxis kits led to optimization of compliance with recommendations
by largely correcting the persistent shortcomings revealed by
our audit. Since limiting antibiotic prescription is a primary objective
both in terms of individual patient and public health for the
community, such a change in the habits of hospital teams is in line
with a prescription improvement policies (improved effectiveness
at less cost).