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La recherche clinique est un des fondement des avancées médicales, et la chirurgie viscérale ne déroge pas à la règle. Les exemples précédents ont illustré ce paradigme dans le domaine du diagnostic (les indices informationnels), du traitement (les études contrôlées), du pronostic (stadification des risque par les études multivariées). Le but de l’exposé qui suit est de montrer qu’à côté de l’objectif initial, et moyennant une connaissance de base de la méthodologie de la recherche clinique, existent souvent des effets collatéraux bénéfiques qui en augmentent encore la portée. D’une manière différente on pourrait confirmer que “le train -de la connaissance- peut en cacher un autre”. 1. L’aide au diagnostic des douleurs abdominales (programme Bayesien) : Elle a été développé par les associations de recherches en chirurgie dans le but d’aider les médecins à faire un diagnostic en urgence (notamment les chirurgiens de garde, les urgentistes et les médecins traitants), en utilisant une base de données recueillie pendant plusieurs années par une cinquantaine de centres, sur près de 10 000 malades (EMC -gastroentérologie- 1995; 9001 B 10). Conjointement elle a permis d’enseigner de façon dynamique la sémiologie chirurgicale à plusieurs générations d’externes et, aux internes qui ont participé à son développent, d’argumenter et de raisonner leurs décisions prises en garde. 2. La radiothérapie préopératoire dans les cancers du rectum (étude contrôlée) : Une étude randomisée conduite par des chirurgiens et radiothérapeutes hollandais est un modèle du genre. Pourtant si l’on n’y prend garde, la lecture rapide de l’article pourrait faire penser qu’un malade qui a un cancer du rectum a une perte de chance si on ne lui fait pas de radiothérapie préopératoire systématique. Or, un simple calcul à partir des données du résumé de l’article (N Engl J Med 2001;345:638) permet d’affirmer qu’on n’évite une récidive que chez un malade sur 17. Soit, en inversant les facteurs, que l’on risque de traiter abusivement 16 malades sur 17… 3. La probabilité de la présence d’une lithiase de la voie biliarie principale lors d’une cholécystectomie (analyse multivariée pour calculer la probabilité d’un évènement) : Le choix de faire une cholangiographie per opératoire de manière sélective, et non systématique à tous les malades, peut être fait en calculant la probabilité d’une lithiase de la voie bilaire principale associée (J Visc Surg 2012;149:66). Les analyses multivariées sont des outils qui permettent, au-delà de la gradation des risques pronostique, d’éclairer les choix à tous les niveaux de la décision médicale, pronostique certes, mais aussi diagnostique et thérapeutique. En conclusion, la recherche clinique permet d’amplifier les progrès chirurgicaux, qui sont ainsi passés d’une phase principalement technique à une vraie “Science Chirurgicale” complète. Désormais les principes de la méthode de cette recherche clinique doivent être connus de tout chirurgien. La Fédération de Recherche en Chirurgie (FRENCH) a permis depuis 10 de mieux structurer cette formation auprès de chirurgiens viscéraux et de leur faciliter l’accès à des publications de haut niveau international.
Discussant Denys Pellerin (Paris)
FRENCH : des origines à maintenant, l’histoire d’un succès
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La Fédération de Recherche en Chirurgie (FRENCH) a été créée en 2004. Elle résulte du regroupement d’associations, l’Association de Recherche en Chirurgie (ARC), l’Association Universitaire de Recherche en Chirurgie (AURC), l’Association de Recherche en Chirurgie de l’Ile de France (ARCIF), et l’Association des Chirurgien de l’Assistance Publique pour les évaluations Médicales (ACAPEM) créées à partir de 1977 sous l’impulsion de Jean-Marie Hay. Elles réunissaient des chirurgiens exerçant en milieu universitaire, en hôpital général, ou dans le secteur privé et motivés par la recherche clinique.
Aujourd’hui FRENCH regroupe près de 70 équipes hospitalières, universitaires ou non. Comme les associations dont elle est issue, le but de FRENCH est l’amélioration du niveau de preuve des connaissances en chirurgie, poursuivi en développant des études cliniques, ainsi que par l’amélioration du niveau de compétence de ses membres dans la recherche clinique en chirurgie. Cette amélioration passe par plusieurs formations, comme un séminaire dédié à l’enseignement et à la pratique de la méthodologie de la recherche et de la rédaction médicale, auquel participent internes, chefs de cliniques, PH et jeunes PU ; séminaire animé par leurs mentors et épaulé par des biostatisticiens. Lors de ce séminaire annuel et à l’occasion de séances de travail sont rédigés : 1) des articles qui font l’objet de publications d’études cliniques dans les meilleures revues internationales. Ainsi, depuis sa création, 40 articles ont été publiés sous le label FRENCH dans des revues chirurgicales (Ann Surg, Br J Surg, Surgery, World J Surg, J Am Coll Surg, Ann Surg Oncol, Am J Surg, J Visc Surg), généralistes et/ou oncologiques (N Engl J Surg, JAMA, J Clin Oncol), dont 13 études randomisées. Dans la seule année 2015, 10 nouveaux articles ont été publiés, dont 2 études randomisées impliquant plusieurs centaines de malades ; 2) des protocoles pour les études à venir qui font, pour la plupart, l’objet de Programmes Hospitaliers de Recherche Clinique (PHRC). Ainsi le cru 2015 fait état d’au moins (tous les résultats ne sont pas encore connus à ce jour) 6 PHRC acceptés, dont 4 dans la rubrique "cancer".
Il y a une quarantaine d’années, la recherche clinique chirurgicale était en France balbutiante, fondée sur des études monocentriques le plus souvent rétrospectives. Souvent leur principal but était de faire connaitre un service, une école chirurgicale, une clinique. Chacun travaillait dans son coin, isolément. Le principe fondateur qui a prévalu à la création des associations de recherche chirurgicale a été de réunir des chirurgiens, préalablement au choix et au déroulement des études, aboutissant de facto à la proposition d’une recherche chirurgicale multicentrique et prospective. L’idée de ce changement radical de paradigme et sa réussite tiennent aux principales qualités de Jean-Marie Hay, esprit d’innovation, ténacité, et celles de "chef d’orchestre". Du statut artisanal du début l’organisation des associations et maintenant de FRENCH s’est professionnalisée. Évolution indispensable pour durer et prospérer, tant la recherche clinique s’est considérablement complexifiée, en termes de méthode et de contraintes administratives. Mais l’esprit, l’"humeur" (bonne !), qui a prévalu au début des associations continue avec FRENCH : développer la recherche clinique chirurgicale en France en unissant les forces de chacun, intégrer les jeunes chirurgiens à toutes les étapes de la démarche scientifique, en permettant aux plus anciens d’exercer un tutorat valorisant.
Commentateur : Jean-Marie HAY
De la recherche clinique aux recommandations de pratique clinique