Vous pouvez accéder ici au détail des séances de l'Académie depuis 1996, de 3 façons :
A partir de la date de la séance : cliquez sur l'année dans la partie "Calendrier", puis sur la séance désirée.
A partir du nom de l'auteur d'une communication : cliquez sur l'initiale de l'auteur recherché dans la partie "Auteurs", puis
sur le nom désiré.
Librement, en tapant quelques mots-clés et/ou noms d'auteurs dans le formulaire "Recherche
libre" et validez en cliquant sur "Rechercher".
NOUVEAU ! Les séances récentes sont intégralement disponibles en vidéo :
Cliquez sur le titre de la séance, puis sur l'icône pour lancer la lecture du film.
Les vidéos sont réalisées avec le soutien de
la Fondation de l'Avenir
Situations particulières dans les interventions pour hernie inguinale de l’adulte par voie coelioscopique totalement extrapéritonéale (TEP) Special Situations in Operations for Groin Hernias by Total Extraperitoneale coelioscopique Approach (TEP)
(cliquez à nouveau sur l'icône pour masquer la vidéo)
La vidéo ne s'affiche pas ? Essayez ce lien
La Société Européenne de Chirurgie Herniaire (European Hernia Society - EHS) a publié en 2009 une série de recommandations concernant le traitement des hernies inguinales de l'adulte. Parmi les recommandations de grade A, on note : -que les récidives herniaires après chirurgie ouverte devraient bénéficier d'une réparation coelioscopique ; -que pour les patients en activité professionnelle, un traitement coelioscopique devrait être proposé en particulier pour les hernies bilatérales ; -que la chirurgie laparoscopique donne de meilleurs résultats que la chirurgie ouverte en termes de douleurs séquellaires chroniques ; -que dans les situations où une réhabilitation rapide serait particulièrement souhaitable, la cœlioscopie est recommandée. Il est impossible de ne pas relever tout le côté paradoxal de ces recommandations, en particulier en ce qui concerne les récidives et les hernies bilatérales. En effet, ces hernies sont bien évidemment plus difficiles à traiter que des hernies primitives unilatérales. Or, la TEP est considérée comme une procédure délicate. On voit donc mal comment un opérateur, pas particulièrement rompu à cette technique, pourrait s'attaquer à des situations complexes, alors qu'il n'a pas l'habitude de prendre en charge les cas les plus simples. Par ailleurs, en réponse à la saisine de février 2011 concernant la durée de l'arrêt de travail après chirurgie herniaire, l'HAS a conclu que globalement, l'arrêt de travail devait varier du simple au double selon qu'il s'agissait d'un traitement à ciel ouvert ou coelioscopique, en faveur de la cœlioscopie bien sûr, cette différence n'étant par la suite pas suivie par la CNAM ! Au total, il apparaît que des analyses faites par des organismes pas particulièrement favorables à la cœlioscopie, avec des argumentaires étoffés, montrent clairement les avantages de cette chirurgie trop souvent injustement critiquée, car effectivement elle est de réalisation plus délicate que la chirurgie ouverte. On peut donc logiquement se poser la question suivante : puisque la cœlioscopie est recommandée dans des situations difficiles ou exigeantes, pourquoi ne pas en faire bénéficier d'emblée tous les patients ? Comment peut-on recommander de prendre en charge par coelioscopie des situations difficiles à des opérateurs qui n'auraient pas la maîtrise de la technique sur des cas simples ? Cela soulève la question de l'intérêt de chirurgiens hyperspécialisés, ou de centres dédiés, mais c'est un autre débat... Pourquoi parler de situations particulières ? Simplement pour montrer que la coeliohernioplastie en général et la TEP en particulier permettent de prendre en charge quasiment toutes les situations que l'on peut rencontrer lorsque l'on opère une hernie. -La TEP dans une hernie bilatérale fait gagner du temps dans la mesure où on ne réalise qu'un seul abord, et ce geste devient ainsi réellement une opération de Stoppa coelioscopique. -Dans les récidives après abord direct, la TEP permet d'éviter une dissection parfois difficile de tissus cicatriciels pouvant compromettre l'intégrité des nerfs inguinaux et du cordon. -après prostatectomie radicale, la laparoscopie est presque toujours possible, parfois au prix d'une conversion de la TEP vers la TAPP. -Dans les hernies étranglées, la cœlioscopie facilite la réduction du viscère concerné et son contrôle dans son milieu naturel. Rien dans la littérature ne permet de contre-indiquer l'emploi de matériel prothétique, dans les limites du raisonnable (situations septiques exclues). Les films montrés au cours de la présentation illustrent bien toutes ces situations. Les chiffres fournis seront facilement vérifiables grâce au registre du Club Hernie. Pour conclure, un opérateur entraîné peut à juste titre considérer la TEP comme un Gold Standard dans le traitement des hernies.
Special Situations in Operations for Groin Hernias by Total Extraperitoneale coelioscopique Approach (TEP)
The posterior approach to the entire myopectineal orifice of Fruchaud via an abdominal incision with the insertion of a large prosthesis completely overlapping all orifices has been popularised by Stoppa since 1980. Since 1990, the Stoppa technique has been performed endoscopically, by means of both the transperitoneal (TAPP) and preperitoneal (TEP) approaches. In 2009, the European Hernia Society published evidence-based guidelines for the treatment of inguinal hernias. Grade A recommendations: for the repair of recurrent hernias after conventional open repair, endoscopic inguinal hernia techniques are recommended. When only considering chronic pain, endoscopic surgery is superior to open mesh. It is recommended that an endoscopic technique is considered if a quick postoperative recovery is particularly important. From a socio-economic perspective, an endoscopic procedure is proposed for the active working population, especially for bilateral hernias. These recommendations may seem paradoxical because it is illogical to recommend the use of this technique to surgeons not particularly pulled in this procedure. Nevertheless, as the advantages of the laparoscopic approach are recognized as being the best, why shouldn’t we recommend it for all patients? Thus, for an experimented surgeon, TEP could be a Gold Standard for any cases, easy or difficult.
La progression du traitement cœlioscopique des hernies ne s'est pas faite sur un mode linéaire. Comme dans d'autres affections, il y a eu tout d'abord un engouement généralisé, suivi d'un retour aux techniques ouvertes du fait d'un grand nombre d'échecs, complications ou récidives, mais on assiste actuellement à une nouvelle phase de progression de la cœlioscopie dont l'incidence approche désormais les 40 % en France.
Cela va dans le sens des recommandations européennes de 2009 (1) actualisées en 2014 (2) qui étaient en faveur du recours à la cœlioscopie, au moins dans le traitement des hernies bilatérales, et récidivées après traitement par abord direct, ce qui d'ailleurs ne représentait pas les situations les plus faciles à gérer sur le plan technique. Les recommandations internationales plus récentes de février 2018 (3) sont, quant à elles, encore plus en faveur de cette approche cœlioscopique. Outre les avantages cités précédemment, le traitement cœlioscopique est fortement recommandé chez les femmes en raison d'un grand nombre de récidives ou fausses récidives (hernie méconnue lors de l'intervention initiale) au niveau fémoral. À ce stade, on voit mal comment des opérateurs pas spécifiquement entraînés à la coeliohernioplastie pourraient traiter ces situations relativement difficiles conformément aux « guidelines ». Or, il s'avère que ces dernières recommandations montrent clairement que pour les hernies unilatérales, la récupération postopératoire est plus rapide après traitement cœlioscopique qu’après abord direct et l'incidence des douleurs séquellaires chroniques significativement plus faible, de sorte que globalement, on peut conclure que les recommandations internationales éditées par le groupe HerniaSurge sont nettement en faveur de l'élargissement de l'indication de la cœlioscopie à toutes les situations que l'on peut rencontrer de façon à faire profiter l'ensemble des patients (ou presque, sauf contre-indication) des avantages de cette technique. Un article très récent de l'Encyclopédie Médico-Chirurgicale (4) fait le point sur les données de la littérature et leurs conséquences sur les choix techniques en fonction des situations. Le traitement cœlioscopique des hernies pourrait donc représenter un Gold Standard. La couverture complète de l'entonnoir musculo-pectinéal décrit par Fruchaud en 1956 serait en théorie l'approche idéale, mais cet enthousiasme doit être tempéré en raison des difficultés d'apprentissage de la technique avec pour conséquences une courbe d'apprentissage longue et un risque de complications opératoires ou postopératoires plus élevé, et des accidents potentiellement plus graves qu'en chirurgie ouverte, tout au moins en début d'expérience. Il paraît donc difficile de recommander ce traitement cœlioscopique à grande échelle, et il serait plus logique de le réserver à des opérateurs entraînés qui pourraient eux-mêmes former des praticiens intéressés et motivés par cette technique. A ce stade, on peut également logiquement se poser la question de l'intérêt de créer, à plus ou moins long terme, des centres ou des services dédiés avec des chirurgiens spécialisés en chirurgie pariétale, ce qui irait d'ailleurs dans le sens de la tendance générale vers l’hyperspécialisation.
Recommander de traiter les situations difficiles par une approche cœlioscopique elle-même délicate, faire courir des risques de complications pour une chirurgie pariétale traditionnellement considérée comme simple, transformer un acte de chirurgie courante en un acte spécialisé sont autant de paradoxes qu'il est nécessaire de bien appréhender avant de faire son choix technique.
1.M. P. Simons, T. Aufenacker, M. Bay-Nielsen, J. L. Bouillot, G. Campanelli and all. European Hernia Society guidelines on the treatment of inguinal hernia in adult patients Hernia. 2009 August; 13(4): 343–403.
2.Miserez M, Peeters E, Aufenacker T, Bouillot JL, Campanelli G and all. Update with level 1 studies of the European Hernia Society guidelines on the treatment of inguinal hernia in adult patients. Hernia. 2014 Apr; 18(2):151-63.
3.HerniaSurge Group. International Guidelines for Groin Hernia Management Hernia. 2018 Jan 12. doi: 10.1007/s10029-017-1668-x. [Epub ahead of print]
4.Beck M. Traitement chirurgical des hernies de l’aine de l’adulte : choix d’un procédé. EMC – Techniques chirurgicales - Appareil digestif 2018;0(0):1-18 [Article 40-138].