L. française reçue 60.  >
De Giulio Torrini,
le 19 juillet 1662

< Monsieur > [a][1][2][3]

L’occasion que j’eus de revoir le sieur Bigot [4] dans son retour de Rome me lui fit demander, en discourant de son voyage, qui était celui des savants qu’il avait connus qui fût le plus galant homme. Il me répondit que personne n’était le pareil du Sr Guy Patin. Cela ne me surprit pas, votre mérite m’étant connu de longue main, mais me donne encore plus d’envie d’être connu de vous et vous assurer que je suis votre serviteur. Le Sr Touvenot m’a souvent entretenu fort avantageusement de vous. [1][5] Tout cela s’est confirmé par la venue du Sr Falconet en cette cour, qui a reçu de bon cœur l’offre que je vous faisais de nous servir. [6] Je vous rends très humbles grâces de vos courtoisies, que j’ai reconnues par votre réponse au dit M. Falconet, et vous offre en récompense une correspondance sincère, une maison dans Turin, une autre dans Niella, [2] et l’affection de mes trois enfants, particulièrement de mon second, qui est avec moi, et de la même profession, [3][7] qui cherche l’occasion de vous témoigner qu’il est votre très humble serviteur, et de monsieur votre fils, [4][8] que nous apprenons être dans un degré éminent de la plus haute et plus fine littérature. Recevez, je vous prie, ces sentiments avec votre courtoisie accoutumée, et m’honorez à l’occasion de vos commandements. [5] Je suis votre très humble et très obéissant serviteur,

Giulio Torrini.

De Turin, [9] le 19e juillet 1662. [6]


a.

ms BIU Santé no 2007, fo 351 ro et vo. Écrit par une autre plume que celle de Guy Patin, au verso d’un billet funèbre de la Faculté de médecine de Paris, ce fragment est la copie d’une lettre que Giulio Torrini avait envoyée à Guy Patin.

Comme tous les avis de décès des docteurs régents de la Faculté de médecine de Paris étaient rédigés à peu près de la même façon (vcelui de Guy Patin), on peut proposer une reconstitution partielle de la moitié manquante (entre chevrons, avec les mots indevinables entre crochets) :

< Vous êtes priés d’assister au c>onvoi, service
< et enterrement de défunt noble homme Me Guillaume > Petit, l’aîné,
< docteur régent en la Faculté de médecine à Paris […], > décédé en sa
< maison […], > qui se fera
< […] he>ures du matin,
< en l’église […] > sa paroisse, où
< […] il sera inhumé ; les dames s’y > trouveront, s’il
< leur plaît. >

V. note [46], lettre 442, pour la mort en 1702 de Guillaume i Petit, dit ici l’aîné car il eut un fils de même prénom et lui aussi docteur régent de la Faculté de médecine de Paris (en 1669).

L’avis de décès datait de trente ans après la mort de Patin ; nous devons donc la transcription de ce fragment de lettre à un inconnu, sans doute lui-même docteur régent de la Faculté de médecine de Paris, qui mettait de l’ordre dans les rares reliques de la bibliothèque de Patin.

1.

V. notes [5], lettre 483, pour le littérateur voyageur Émery Bigot, et [9], lettre 364, pour Étienne Touvenot, premier chirurgien de la cour de Savoie.

2.

Niella Tanaro, dans la province de Coni (Piémont), à environ 90 kilomètres au sud de Turin.

3.

V. note [24], lettre 763, pour Bartolomeo Torrini, fils de Giulio.

4.

Charles Patin.

5.

Le raffinement de cette phrase fait penser qu’elle n’est pas traduite du latin, mais vient bien d’une lettre originale en français qu’une plume anonyme a simplement copiée.

6.

Guy Patin a répondu à Giulio Torrini par une lettre latine datée du 26 décembre 1662.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – De Giulio Torrini, le 19 juillet 1662

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=9058

(Consulté le 02/05/2024)

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