De Hugues II de Salins, le 3 mars 1657, note 1.
Note [1]

Les thèses quodlibétaires étaient alors imprimées sur une grande feuille non pliée (in-fo plano). Guy Patin avait utilisé celles que ses deux fils, Robert et Charles, avaient présidées vers Pâques (v. note [17], lettre 459), pour envelopper les Selecta Medica… [Morceaux médicaux choisis…] (Leyde, 1656) de Johannes Antonides Vander Linden (v. note [29], lettre 338), tout reliés en veau, qu’il offrait à Hugues ii de Salins.

L’éloge de Guy Patin s’y trouve au § 167 du chapitre xii (page 478), intitulé Scomphus pleuriticus [Scomphus pris de pleurésie], où Linden commente un passage situé au début du livre v des Épidémies d’Hippocrate :

Species altera et stultissima est, figmenta loqui, et involutam fabulis veritatem. Qualis priscorum Philosophia fuit, et omnis Gentilium multorumque inter Christianos hodie Theologia est. Hoc adulterium est ponderis. Quod verba non habent nisi à Veritate cum originis, tum enunciationis atque significationis. Illam qui occultant, recte meritoque dicuntur cum ratione insanire, et auferre clavem cognitionis, et non tantum ipsi non ingredi, sed et ingredi volentes arcere. Hujus quoque rei et vel maxime culpabiles sunt, qui nostra in arte mirifice nescio quæ Secreta usque in cœlum laudibus extollunt, pudenda interim invidentia in secreto habent omnia : ignari, Medicos ubique locorum laborare non tam penuria remediorum, quam legitimæ Methodi ad bene medendum cognitione. Quæ revera est Artius nostræ secretum secretorum secretissimum : eheu, quam paucis notum ! Sunt hæc Cl. Guidonis Patini Doct. Medici Parisiensis et Professoris Regii, Domini et Amici mihi colendissimi verba ad me privatim scripta ; sed profecto dignissima, quæ non chartaceis modo tabulis inscribantur æternitati, sed et cordibus eorum omnium, qui faciunt medicinam et facere ad proximi commodum satagunt.

[Il existe une autre manière, et celle-ci parfaitement folle, de raconter des sornettes et d’envelopper la vérité dans des fables. Telle a été la philosophie des anciens, et telle est aujourd’hui toute la philosophie des païens et de nombre de chrétiens. C’est la falsification de l’autorité. Parce que les paroles n’y détiennent aucune vérité, tant d’origine que d’expression et de signification. On dit correctement et justement de ceux qui dissimulent celle-là qu’ils déraisonnent et dérobent la clé du savoir, et en barrent l’accès non seulement à eux-mêmes, mais aussi à ceux qui voudraient s’y engager. Les coupables en cette matière, et au plus haut point, sont ceux dont les louanges portent aux nues je ne sais quels secrets de notre art merveilleux ; ceux qui, par une vile jalousie, ensevelissent toutes choses dans le secret : ils ignorent que partout les médecins souffrent non pas tant par pénurie de remèdes que par méconnaissance de la juste méthode de bien remédier. C’est elle qui est véritablement le secret le plus secret des secrets de notre métier ; mais hélas, bien peu le connaissent ! {a} Ces paroles, le très distingué Guy Patin, docteur en médecine de Paris et professeur royal, maître et ami que j’honore extrêmement, me les a privément écrites ; mais elles sont parfaitement dignes d’être imprimées pour l’éternité non seulement dans les livres, mais surtout dans les cœurs de tous ceux qui pratiquent la médecine et s’évertuent à l’exercer au profit de leur prochain].


  1. V. la lettre du 29 novembre 1655 (note [2]) à Linden, pour les mots exacts de Guy Patin.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – De Hugues II de Salins, le 3 mars 1657, note 1.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=9008&cln=1

(Consulté le 27/04/2024)

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