À Claude II Belin, le 18 juillet 1642, note 10.
Note [10]

« Je me ris doucement, mais sous cape, des lémures nocturnes et des charmes thessaliens » :

Somnia, terrores magicos, miracula, sagas,
nocturnos lemures portentaque Thessala rides ?
 {a}

[Te ris-tu des songes, des terreurs magiques, des prodiges, des sorcières, des lémures nocturnes, {b} des charmes thessaliens ?] {c}


  1. Horace (Épîtres, livres ii, lettre 2, À Iulius Florus, vers 208‑209).

  2. Ogres et vampires, v. notule {b}, note [6], lettre 517.

  3. « Si les Thessaliens savaient si bien trahir, les Thessaliennes passaient pour être les plus habiles en magie. “ Que n’ai-je à mes gages une sorcière deThessalie, dit Strepsiade dans Aristophane, et que ne puis-je par son moyen faire descendre la Lune en Terre ? ” Les Thessaliens, surtout ceux de Pharsale et de Larissa, étaient les hommes les mieux faits de toute la Grèce ; les femmes y étaient si belles, qu’on a dit d’elles qu’elles charmaient par des sortilèges. Elles excellaient si bien dans la coquetterie que, pour les cajoler, on disait que les charmes étaient leur seul partage » (L’Encyclopédie).

L’avis de Guy Patin n’était pas loin de celui d’Érasme quand il fait dire à la Folie (L’Éloge de la Folie, xl) :

Cæterum illud hominum genus haud dubie totum est nostræ farinæ qui miraculis ac prodigiosis gaudent mendaciis, vel audiendis vel narrandis. Nec ulla satietas talium fabularum, cum portentosa quædam, de spectris, de lemuribus, de larvis, de inferis, de id genus millibus miraculorum commemorantur : quæ quo longius absunt a vero, hoc et creduntur lubentius et iucundiore pruritu titillant aures. Atque hæc quidem non modo ad levandum horarum tædium mire conducunt, verum etiam ad quæstum pertinent, præcipue sacrificis et concionatoribus.

[Je reconnais authentiquement de notre farine ceux qui se plaisent à écouter ou à conter de mensongères et monstrueuses histoires de miracles. Ils ne se lassent point d’entendre ces fables énormes sur les fantômes, lémures et revenants, sur les esprits de l’Enfer et mille prodiges de ce genre. Plus le fait est invraisemblable, plus ils s’empressent d’y croire et s’en chatouillent agréablement les oreilles. Ces récits, d’ailleurs, ne servent pas seulement à charmer l’ennui des heures ; ils produisent quelque profit, et tout au bénéfice des prêtres et des prédicateurs]. {a}


  1. Traduction de Pierre de Nolhac (1927).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 18 juillet 1642, note 10.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0065&cln=10

(Consulté le 26/04/2024)

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