À Gerardus Leonardus Blasius, le 28 janvier 1661, note 11.
Note [11]

Page 46 des Commentaria :

Observavit et Riolanus Phlegmonem et Gangrænosin in parte aliqua Ilei produxisse volvulum ; Imo interdum (quod bene notandum moneo) revolvitur intestinum instar digiti Chyrotecæ reduplicati, quod omnimodo obstruit viam intestini, inde vomitus excrementorum per partes superiores. Etiam sæpissimè in scrotum decidit aut inguina unde Hernia.

[Riolan a d’ailleurs observé que le volvulus a provoqué phlegmon et gangrène dans telle ou telle partie de l’iléon ; {a} et même parfois (ce que je vous exhorte à bien noter), l’intestin s’invagine {b} à la manière d’un doigt de gant qu’on retourne ; ce qui obstrue complètement sa lumière et provoque le vomissement de matière fécale par en haut. Très souvent, il engendre une hernie en tombant dans le scrotum ou dans l’aine]. {c}


  1. Seconde partie de l’intestin grêle.

  2. S’enroule sur lui-même.

  3. Cette dernière assertion sur l’origine des hernies (entérocèles, v. note [1], lettre latine 361) est à tenir aujourd’hui pour parfaitement fantaisiste : elles sont liées à une faiblesse (déhiscence) de la paroi abdominale. La torsion de l’anse intestinale emprisonnée dans le sac herniaire est néanmoins une cause commune de volvulus (étranglement herniaire).


Le volvulus {a} est le retournement d’une anse intestinale sur elle-même ou à l’intérieur d’elle-même (dédoublement « en doigt de gant ») {b} en raison d’un obstacle mécanique (bride péritonéale ou tumeur) ; Trévoux :

« C’est un mot latin que l’on donne à la colique que l’on appelle autrement le miséréré, {c} ou passion iliaque. Volvulus, iliaca passio. C’est dans l’iléon que se fait le volvulus et le miséréré, qu’on appelle passion iliaque, dans laquelle on vomit les excréments par la bouche, parce qu’alors les membranes de cet intestin rentrent l’une dans l’autre et font des nœuds qui empêchent le cours des matières. »


  1. Dérivé du verbe latin volvere, « enrouler ».

  2. Reduplicatio [dédoublement] dans le latin de Guy Patin ; le français médical courant emploie aujourd’hui le mot « invagination ».

  3. V. note [5], lettre de Charles Spon, datée du 6 avril 1657.

Guy Patin favorisait à tort la nature inflammatoire de la maladie en écartant absolument le dédoublement mécanique. Cela fondait l’idée de faire avaler au malade de petites boules en or ou en plomb, dont le poids était censé dénouer le volvulus (ce qui sans doute était parfois couronné de succès). Aujourd’hui, l’intervention chirurgicale est la règle.

En dépit de sa divergence de vues, Gerardus Leonardus Blasius a transcrit le propos de Patin dans la 2e édition de son commentaire (1666, v. infra note [57‑1]).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Gerardus Leonardus Blasius, le 28 janvier 1661, note 11.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1187&cln=11

(Consulté le 26/04/2024)

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