À Charles Spon, le 1er avril 1657, note 2.
Note [2]

Johann Philippson Sleidan ou von Schleiden (Schleiden, duché de Luxembourg 1506-Strasbourg 1556) vint achever ses études en France, s’attacha au cardinal Jean Du Bellay (v. notule {b‑3}, note [15] du Faux Patiniana II‑3) et fut employé dans plusieurs affaires importantes. Il professait secrètement les principes des réformateurs et dut sortir de France pour se soustraire aux édits rigoureux de François ier contre les luthériens. En 1551, il fut député de Strasbourg au concile de Trente (v. note [4], lettre 430) et l’année suivante il régla la convention entre cette ville et Henri ii pour la nourriture de l’armée. Son Histoire, couvrant la période 1517-1555, intitulée De statu religionis et reipublicæ Carolo Quinto, Cæsare, Commentarii… [Commentaires sur l’état de la religion et des affaires publiques sous l’empereur Charles Quint…] (Strasbourg, W. Rihel, 1655, in‑fo), a été rééditée de très nombreuses fois et traduite en plusieurs langues.

Le livre ix des Œuvres de Jean Sleidan, comprises en deux tomes (Genève, Jacob Stoer, 1597, in‑8o) contient, pour l’année 1534, la Farce de l’esprit des cordeliers d’Orléans (tome 1, fos 131 vo‑132 vo) :

la femme du prévôt d’Orléans avait demandé en mourant qu’on l’enterrât chez les cordeliers sans aucune pompe funèbre ; son mari respecta ce souhait et donna six écus aux cordeliers de la ville pour l’exécuter. « Ce don ne les contenta guère, comme beaucoup moindre que la proie jà par espoir d’eux engoulée [avalée]. Depuis ils requirent ledit prévôt de leur départir du bois qu’il faisait couper et vendre, ce qu’il leur refusa tout à plat. Ils prindrent [prirent] cela fort à cœur, joint qu’il n’était guère en leurs papiers [faveurs] par avant, et machinèrent pour se venger de dire que sa femme était damnée éternellement. » À cet effet ils cachèrent un jeune novice sur la voûte de leur église en lui demandant de faire grand tintamarre quand ils y disaient matines à minuit. Des habitants d’Orléans vinrent constater le phénomène, dont le bruit se répandit aussitôt. Un exorciste du couvent ayant interrogé l’esprit tapageur, il apparut qu’il était l’âme de la femme du prévôt, damnée pour cause d’hérésie luthérienne, et qu’il fallait que son corps fût déterré et transporté hors de terre sainte. Le prévôt ne voulut rien en croire et alla porter plainte au roi pour la supercherie des cordeliers. On les fit venir à Paris. Le jeune novice avoua tout et les moines furent condamnés à la prison, échappant de peu à un ordre royal de raser leur couvent. Le récit de Sleidan ne dit pas qu’ils furent alors définitivement chassés d’Orléans.

Le Borboniana 5 manuscrit (v. ses notes [47] et [48]) et le Faux Patiniana II‑3 (v. sa note [15]) procurent quelques détails supplémentaires sur la vie de Sleidan et ses talents d’historien.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 1er avril 1657, note 2.

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(Consulté le 03/05/2024)

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