Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Grotiana 1, note 20.
Note [20]

« il séjourna à Iéna en Thuringe, où il enseigna pendant quelques années. »

De 1567 à 1570, Juste Lipse a séjourné à Rome, comme secrétaire du cardinal de Granvelle (v. notes [19][24] du Borboniana 5 manuscrit). De 1571 à 1574 environ, il a enseigné à Iéna (v. note [8], lettre de Charles Spon, datée du 23 avril 1658).

V. notes [13], lettre 970, pour Janus Douza, qui était aussi intime ami de Joseph Scaliger, et [8], lettre 91, pour Christophe Plantin, imprimeur à Anvers.

Illuminés (Dictionnaire de Trévoux) :

« Dans l’Antiquité ecclésiastique, c’est le nom que l’on donnait à ceux qui avaient reçu le baptême. Ce nom leur venait d’une cérémonie qui consistait à mettre en la main du néophyte, qui venait d’être baptisé, un cierge allumé, symbole de la foi et de la grâce qu’il avait reçues par ce sacrement. On lui donnait ce cierge après qu’on l’avait revêtu de la robe blanche. […] C’est pour la même cause que le baptistère est appelé illuminatoire […].

Les Illuminés, que les Espagnols appellent Alumbrados, sont des hérétiques qui s’élevèrent en Espagne vers l’an 1575. {a} Les auteurs de cette secte furent pris et punis de mort à Cordoue, et la vigilance de l’Inquisition étouffa cette secte dès ses commencements. On les vit pourtant reparaître quelque temps après à Séville. Ce fut, selon quelques auteurs, l’an 1623, et selon D. Diego Ortiz de Zuniga, chevalier de l’Ordre de Saint-Jacques, dans ses Annales de Séville, l’an 1627. {b} Leurs chefs étaient Jean de Villalpando, prêtre originaire de Garachico, dans l’île de Ténériffe, et une carmélite appelée Catherine de Jésus, et communément la Mère Catherine. Ils avaient beaucoup de compagnons et de disciples, dont l’Inquisition se saisit ; et dans un acte particulier, qui se fit l’an 1627, le second dimanche de carême, qui était le dernier jour de février, ils rétractèrent leurs erreurs, comprises en vingt-deux propositions ; et dans la suite Villalpando montra toujours un véritable repentir. C’est ce qu’en dit D. Diego de Ortiz à l’an 1627, il ajoute que les inquisiteurs étaient le licencié Dom Juan Ortiz de Sotomajor, le licencié Dom Juan Dionysio Portocarrero, le docteur Fernando de Andrade Sotomajor, et le < procureur > fiscal, le docteur Dom Antonio de Figueroa. Je trouve ailleurs que ce fut l’évêque D. André Pacheco, inquisiteur général d’Espagne, qui, ayant surpris sept des auteurs, les fit brûler, et contraignit leurs disciples d’abjurer leurs erreurs ou de sortir du royaume ; mais D. Diego de Ortiz ne dit rien de semblable. Les principales erreurs de ces Illuminés étaient que par le moyen de l’oraison sublime à laquelle ils parvenaient, ils entraient dans un état si parfait qu’ils n’avaient plus besoin ni de l’usage des sacrements ni de la pratique des bonnes œuvres, et qu’ils pouvaient même se laisser aller aux actions les plus infâmes sans péché. C’étaient des prédécesseurs de nos quiétistes de France et d’Italie. {c}

À peine ces Illuminés d’Espagne avaient-ils été dissipés, qu’en 1634 on en découvrit en France une secte qui infectait la Picardie. Les guérinets, disciples de Pierre Guérin, curé de Saint-Georges de Roye, s’étant joints à ces Illuminés, répandirent leurs erreurs dans toute la Flandre et ne firent qu’une seule secte sous le nom d’Illuminés. Louis xiii les fit poursuivre si vivement qu’en 1635 cette secte fut détruite. {d} Leurs erreurs étaient de s’imaginer que Dieu avait révélé à frère Antoine Bucquet une pratique de foi de vie suréminente, inconnue jusqu’alors dans l’Église ; que la Sainte Vierge elle-même n’avait eu qu’une vertu fort commune ; que saint Pierre, saint Paul et tous les docteurs de l’Église n’avaient su ce que c’était que spiritualité, mais que par leur méthode on pouvait acquérir en peu de temps le même degré de perfection et de gloire que les saints et la Sainte Vierge ; qu’on pouvait faire licitement tout ce que dictait la conscience ; que Dieu n’aimait que lui-même ; que dans l’espace de dix ans leur doctrine prévaudrait dans l’Église, et qu’alors on n’aurait plus besoin de prêtres, de religieux, de curés, etc. »


  1. Les historiens modernes datent des alentours de 1520 l’émergence des Alumbrados en Nouvelle-Castille (Espagne centrale) et font initialement d’eux des conversos (juifs récemment convertis au catholicisme).

  2. Diego Ortiz de Zuniga (1636-1680) : Annales ecclesiasticos y seculares de la muy noble, y muy leal ciudad de Sevilla, Metropoli de la Andaluzia, que contienen sus mas principales memorias. Desde el año de 1246. en que emprendio conquistarla de poder de los Moros, el gloriosissimo Rey S. Fernando Tercero de Castilla, y Leon, hasta el de 1671. en que la Catolica Iglesia le concedio el culto, y titulo de Bienaventurado… [Annales ecclésiastiques et laïques de la très noble et loyale cité de Séville, capitale de l’Andalousie, qui contiennent ses principaux mémoires. Depuis l’année 1246, où le très glorieux roi saint Fernand iii de Castille (de 1217 à 1252) a entrepris de reprendre le pouvoir sur les Arabes, jusqu’à l’année 1671, où l’Église catholique lui a concédé le titre et le culte de saint…] (Madrid, Imprimerie royale, 1677, in‑fo).

  3. Quiétistes (Thomas Corneille) :

    « Nom qui a été donné aux sectateurs de Michel Molinos, prêtre natif d’Aragon, du mot latin quies, repos, à cause que le principal de ses dogmes était qu’il fallait s’anéantir pour s’unir à Dieu, et demeurer ensuite dans une entière tranquillité, sans se mettre en peine de ce qui pouvait arriver au corps. On pouvait, sur cette détestable doctrine, commettre les crimes les plus infâmes et se souiller de toutes sortes d’ordures, puisque ceux qui la suivaient avaient pour principe que l’âme et ses puissances, demeurant anéanties par cette union à Dieu, elle ne prenait aucune part aux plaisirs du corps, et qu’ainsi aucun acte positif n’était ni méritoire ni criminel. Molinos ayant été pris en 1687, ses propositions, après un examen fort exact qui en fut fait dans la Congrégation générale de l’Inquisition, tenue en présence du pape et des cardinaux inquisiteurs, furent déclarées hérétiques, scandaleuses et blasphématoires. On condamna Molinos à une prison étroite et perpétuelle, où il mourut peu d’années après. »

  4. C’est à cette vague d’expansion que put adhérer Juste Lipse : jusqu’à sa mort (1654), Pierre Guérin continua à prêcher ses dogmes, proches du protestantisme, car les actions que Richelieu et le P. Joseph entreprirent contre lui (en 1630 et 1634) n’aboutirent pas à sa condamnation.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Grotiana 1, note 20.

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(Consulté le 26/04/2024)

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