De Christiaen Utenbogard, le 21 août 1656, note 23.
Note [23]

Extrait d’une lettre latine que Gisbertus Voetius avait écrite le 21 janvier 1645 à Marten Schoock pour le conseiller sur son témoignage devant le tribunal d’Utrecht :

« Je vous ai précédemment écrit et vous ai suggéré un conseil, sans douter que cette lettre vous aura déjà été remise. Entre autres choses, si j’ai bonne mémoire, je vous y ai conseillé de renvoyer vos examinateurs au témoignage que vous avez remis au tribunal d’Utrecht, et qu’il a gardé en mains jusqu’à ce jour. Vous ne pourrez pas vous accorder avec vous-même et avec votre témoignage, ni même avec moi, si, conformément à la vérité de l’affaire, vous ne répondez rien d’autre que ce que vous aviez alors déclaré dans votre attestation écrite. En voici le résumé : vous avez de vous-même conçu et décidé votre projet ; vous avez entrepris et achevé cet ouvrage quant à sa matière, sa forme, sa méthode et son écriture ; je n’ai fourni ou proposé aucun cahier ni aucune feuille, ni l’esquisse du moindre billet que vous auriez fait vôtre en le recopiant. Ils préjugent en effet toujours, ou veulent présumer par malice cette fausseté qu’étant bien entendu encore très jeune, {a} vous ne pouviez donc, par votre seul savoir et propre intelligence (puisqu’ils n’oseraient évidemment espérer cela de la leur), avoir labouré ce champ sans la génisse d’un autre. {b} Quand ils vous demanderont si j’ai eu connaissance de votre dessein, de votre rédaction et de votre édition, il faut répondre : je pense que oui, car absolument tout le monde à Utrecht était au courant, étant donné qu’on n’y agit pas seul dans son coin, mais dans une imprimerie et une librairie que fréquentent tous les jours les professeurs, les avocats, les étudiants. Quand ils vous demanderont si j’ai moi-même été présent à côté de la presse pour la correction des épreuves, répondez que vous ne pouvez pas certifier cela par un témoignage oculaire puisque vous n’étiez pas à Utrecht. Ce que vous savez, c’est que vous avez confié cette tâche à M. Vanden Waterlaet, {c} qui attestera avec l’imprimeur que ce n’est pas V. {d} (qui n’en a pas seulement pas le loisir), mais M. Vanden Waterlaet lui-même qui a exécuté cette correction de bout en bout. » {e}


  1. En 1645, date de parution de l’anonyme Admiranda Methodus… [Admirable méthode…] contre René Descartes (v. supra note [22]), Marten Schoock était âgé de 31 ans, et Gisbertus Voetius en avait 21 de plus.

  2. Référence au Livre des Juges, v. note [15], lettre latine 148.

  3. Lambertus Vanden Waterlaet (vers 1619-1678), théologien hollandais, disciple de Gisbertus Voetius, qui se déchargeait sur lui de toute resposnsabilité dans la critique de Descartes.

  4. Voetius.

  5. V. infra note [52] pour une référence qui donne le texte complet de cette lettre.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – De Christiaen Utenbogard, le 21 août 1656, note 23.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=9065&cln=23

(Consulté le 03/05/2024)

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