Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-1, note 25.
Note [25]

Les Lacédémoniens ou Spartiates {a} (Trévoux) :

« furent des barbares jusqu’à Lycurgue, {b} qui les poliça et leur donna des lois. Il établit un Conseil composé de trente-deux conseillers, dont le roi était un. Ce Conseil ne pouvait rien conclure sans le consentement du peuple. Le roi Theopompus établit les éphores, qui étaient comme les tribuns du peuple à Rome. {c} Ils balançaient l’autorité du roi et celle du Sénat. Les Lacédémoniens élevaient leurs enfants avec beaucoup de soin et fort durement, et dans les exercices du corps les plus violents. Ils accoutumaient aussi les filles aux mêmes exercices. Ils inspiraient à la jeunesse beaucoup de respect pour les magistrats et pour les vieillards. Ils leur donnaient de l’horreur de l’ivrognerie et de l’intempérance en leur faisant voir des esclaves ivres, et leur faisant remarquer toutes les impertinences qu’ils faisaient et qu’ils disaient en cet état. {d} Ils avaient un amour inconcevable de leur liberté, et une envie pareille de dominer sur les autres peuples de la Grèce. Ils parlaient peu et disaient beaucoup en peu de mots. Il y a une infinité de bons mots des Lacédémoniens, qui sont pleins des sentiments les plus nobles, et qui marquent un grand courage et de grandes âmes. {e} Les Lacédémoniennes accouchaient ordinairement, et se délivraient de leurs enfants, sur un bouclier, ainsi qu’on le remarque dans Aristophane, en sa comédie intitulée Lysistrata, {f} et dans Nonnus, en ses Dionys., l. 41. {g} où il dit que Vénus voulut accoucher sur un livre de la Nymphe Béroé, comme les Lacédémoniennes […]. Les Lacédémoniennes déguisées en soldats défendirent vaillamment leur ville contre les Messéniens, qui étaient venus pour la surprendre, en l’absence de leurs maris. »


  1. Lacédémon, fils de Zeus et de la pléiade Taygète, a donné son surnom à la ville de Sparte (v. note [2], lettre latine 265), capitale de la Laconie, dans le Péloponnèse.

  2. Vers le ixe s. av. J.‑C., v. note [15] des Préceptes particuliers d’un médecin à son fils.

  3. Théopompe a régné sur Sparte au viie s. av. J.‑C. V. note [2], lettre 762, pour les éphores.

  4. Plutarque, Sur les moyens de réprimer la colère (traduction de Dominique Ricard, 1743) :

    « La colère a des effets terribles, elle en a de ridicules ; il n’est point de passion plus odieuse et plus méprisable. Il est bon de la considérer sous ce double rapport. Je ne sais si j’ai bien ou mal fait, mais le premier remède que j’ai employé contre cette maladie a été de l’observer dans les autres, à l’exemple des Spartiates, qui, pour guérir leurs enfants de l’amour du vin, leur faisaient voir les ilotes ivres. »

    Les ilotes étaient les esclaves spartiates.

  5. L’expression « à la spartiate » a perpétué la sobre rigueur des Lacédémoniens dans notre langue (sans parler de leurs sandales).

  6. V. note [34] du Borboniana 7 manuscrit.

  7. Nonnos de Panopolis (Égypte), poète grec du ve s. auteur de 24 chants Dionysiaques.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-1, note 25.

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(Consulté le 26/04/2024)

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