À André Falconet, le 4 août 1669, note 4.
Note [4]

Ce propos de Pétrone me semble plutôt appartenir à une lettre salée de Circé {a} à son amant Polyænos, dans le Satiricon (chapitre cxxix) :

Si libidinosa essem, quererer decepta; nunc etiam languori tuo gratias ago. In umbra uoluptatis diutius lusi. Quid tamen agas quaero, et an tuis pedibus perueneris domum; negant enim medici sine neruis homines ambulare posse. Narrabo tibi, adulescens, paralysin caue. Nunquam ego aegrum tam magno periculo uidi; medius iam peristi. Quod si idem frigus genua manusque temptauerit tuas, licet ad tubicines mittas. Quid ergo est ? Etiam si grauem iniuriam accepi, homini tamen misero non inuideo medicinam. Si uis sanus esse, Gitonem roga. Recipies, inquam, neruos tuos, si triduo sine fratre dormieris. Nam quod ad me attinet, non timeo ne quis inueniatur cui minus placeam. Nec speculum mihi nec fama mentitur. Vale, si potes.

[Si je n’étais qu’une jouisseuse, je me plaindrais d’avoir été trompée ; mais au contraire, maintenant, je rends grâces à ta défaillance : elle m’a laissée me complaire plus longtemps dans l’attente du plaisir. Qu’es-tu devenu ? Tes jambes ont-elles pu te porter jusque chez toi ? Les médecins assurent en effet que sans nerfs, {b} les hommes ne peuvent marcher. Je te le dis, jeune homme, gare la paralysie ! Jamais je ne vis malade en tel péril. Si ce froid gagne tes genoux et tes mains, il est temps de faire appeler les croque-morts. Mais quoi ! bien qu’ayant reçu de toi un grave outrage, j’aurai pitié de toi et ne te cacherai pas plus longtemps le remède : si tu veux te bien porter, lâche Giton ; je te garantis que tu recouvreras tes forces si tu dors sans lui pendant trois nuits. Quant à moi, je ne crains pas de rencontrer d’amant auquel je déplaise ; mon miroir et ma réputation de beauté ne sauraient me tromper. Adieu, guéris si tu peux].


  1. Avec allusion homonymique à Circé la magicienne, v. note [7] du Traité de la Conservation de santé, chapitre viii.

  2. sine nervis, avec le double sens de « sans forces » et de « sans pénis ».

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 4 août 1669, note 4.

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(Consulté le 28/04/2024)

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