Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 7 manuscrit, note 44.
Note [44]

« Suétone sur Vespasien, chapitre vii et les Histoires de Tacite, à la fin du livre iv : […]. »

Ces deux citations touchent aux « miracles » accomplis par Vespasien à Alexandrie (v. supra note [44]), mais décrits cette fois par deux historiens romains tenus pour sérieux.

  1. Suétone, Vies des douze Césars, Vie de Vespasien, chapitre vii :

    Hic cum de firmitate imperii capturus auspicium ædem Serapidis summotis omnibus solus intrasset, ac propitiato multum deo tandem se convertisset, verbenas coronasque et panificia, ut illic assolet, Basilides libertus obtulisse ei visus est ; quem neque admissum a quoquam et iam pridem propter nervorum valitudinem vix ingredi longeque abesse constabat. Ac statim advenere litteræ, fusas apud Cremonam Vitelli copias, ipsum in urbe interemptum nuntiantes. Auctoritas et quasi maiestas quædam, ut scilicet inopinato et adhuc novo principi, deerat : hæc quoque accessit. E plebe quidam luminibus orbatus, item alius debili crure sedentem pro tribunali pariter adierunt, orantes opem valitudini demonstratam a Serapide per quietem : restituturum oculos, si inspuisset ; confirmaturum crus, si dignaretur calce contingere. Cum vix fides esset ullo modo successuram, ideoque ne experiri quidem auderet, extremo hortantibus amicis palam pro contione utrumque temptavit, nec eventus defuit. Per idem tempus Tegeæ in Arcadia instinctu vaticinantium effossa sunt sacrato loco vasa operis antiqui, atque in iis assimilis Vespasiano imago.

    [Là, il congédie tout le monde et pénètre seul dans le temple de Sérapis pour le consulter sur la solidité de son pouvoir. Après s’être pleinement acquis la faveur du dieu, il se retourne et lui apparaît l’affranchi Basilidès qui lui offre de la verveine, des couronnes et des gâteaux, suivant la coutume établie dans ce lieu ; mais nul n’a vu entrer cet homme ; depuis longtemps, ses membres perclus lui interdisent presque de marcher et il est bien connu qu’il demeure fort loin de là. {a} Peu après arrive une lettre annonçant que ses troupes ayant été défaites à Crémone, Vitellius a été tué à Rome. {b} À Vespasien, souverain, nouveau et plutôt imprévu, manquent encore l’autorité et la majesté ordinaires à son rang. Il va bientôt les acquérir : deux hommes de la plèbe, l’un aveugle et l’autre boiteux, se présentent devant son prétoire ; ils le prient de leur rendre la santé car, pendant leur sommeil, Sérapis {c} a assuré au premier que ses yeux reverront si l’empereur leur crache dessus, et au second, qu’il retrouverait ses jambes s’il daigne le toucher du pied. Comme il n’y voit aucune chance de succès, Vespasien n’ose pas même s’y essayer ; mais ses amis l’y exhortent, et finalement il tente la double expérience devant le peuple assemblé, et l’issue est conforme à son attente. Vers le même temps, à Tégée, en Arcadie, sur l’indication des devins, on déterre des vases antiques, qui étaient enfouis dans un lieu sacré, et on y voit un portrait en tout point semblable à Vespasien].


    1. Ce premier phénomène merveilleux fait intervenir un personnage qui n’est pas Apollonius.

    2. En l’an 69, la proclamation de Vespasien à Alexandrie provoqua une courte guerre civile en Italie ; elle aboutit à la défaite et à la mort de son rival, l’éphémère empereur Vitellius.

    3. V. supra note [43], seconde notule {e}.

  2. Tacite, Histoires, livre iv, chapitre lxxxi (traduction limitée au passage cité dans le Borboniana) :
  3. « Un quidam issu de la plèbe alexandrine, connu pour avoir les yeux ruinés, se jette à ses genoux et implore en gémissant la guérison de sa cécité : averti pas le dieu Sérapis, que ce peuple, soumis aux superstitions, adore devant tous les autres, il supplie le prince de daigner lui cracher sur les joues et autour des yeux. Un autre, malade de la main, sur la foi du même dieu, prie César de la lui fouler du pied. Vespasien les repousse d’abord avec moquerie. Comme ils insistent, le prince réfléchit, partagé entre la crainte de ternir sa réputation, l’insistance de ces deux hommes et les encouragements de ses courtisans. Enfin, il ordonne aux médecins de lui donner leur avis sur la possibilité de vaincre cette cécité et cette paralysie par opération humaine. Les médecins opinent avec nuance : chez le premier, la perception de la lumière n’est pas entièrement abolie, et elle reviendra si on ôte ce qui la voile ; chez le second, les articulations engourdies retrouveront leur vigueur première si on leur procure de salutaires massages ; et peut-être que les dieux ont eu à cœur de choisir le souverain pour l’instrument de leur surnaturelle intervention ; et enfin que la gloire d’une guérison reviendra à César, quand le ridicule d’un échec retombera sur ces misérables. Alors donc, dans l’idée que tout cela peut servir sa bonne fortune, qu’il n’y a plus rien d’incroyable, Vespasien, le visage joyeux, devant la multitude des spectateurs qui s’est levée, exécute ce qui lui est ordonné. Aussitôt, la main retrouve le mouvement et l’aveugle revoit la lumière. Voilà les deux prodiges que les témoins présents racontent encore aujourd’hui, quand mentir n’a plus d’intérêt pour personne ; etc. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 7 manuscrit, note 44.

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(Consulté le 26/04/2024)

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