Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Bornoniana 4 manuscrit, note 6.
Note [6]

Les pages 96‑97 du recueil intitulé De l’Origine et établissement du Parlement, et autres juridictions royales étant dans l’enclos du Palais royal de Paris. Par Pierre de Miraumont, {a} écuyer, conseiller du roi, lieutenant général en la Prévôté de l’Hôtel et grande Prévôté de France, {b} correspondent à l’année 1544 des Noms et surnoms des seigneurs, maîtres, souverains et présidents du Parlement, depuis l’établissement d’icelui à Paris jusqu’à < aujourd’>hui :

« Maître Augustin de Thou < fut reçu > président, {c} et décéda en mars, au dit an. Et porte la réponse de la Cour à la semonce d’assister à son convoi, que “ la bonté, intégrité et grande vertu du défunt, Quibus in hoc senatu, tantisper dum vixit, præclare, et omnium voto excelluit, {d} ont bien mérité que non seulement lui soit prêté l’honneur funèbre, qui a accoutumé être fait aux présidents de la Cour, mais que par ci-après un tel personnage, Donec erit iuris cultor, rectique senatus intempestivum lugeat exitum. ” » {e}


  1. Pierre de Miraumont (ou Miraulmont), mémorialiste et chroniqueur des cours souveraines et des autres juridictions subalternes de Paris, mourut en 1611.

  2. Paris, Pierre Chevalier, 1612, in‑8o de 675 pages.

  3. Augustin de Thou (vers 1480-1554) avait été reçu conseiller en 1522, président de la troisième des Enquêtes en 1535, puis président au mortier en 1543 (Popoff, no 372). Père du premier président Christophe de Thou (v. note [6], lettre 922), il était grand-père de l’historien Jacques-Auguste i (v. note [4], lettre 13).

  4. « Par lesquelles, durant tout le temps qu’il a vécu en ce Parlement, et de l’avis de tous, il a remarquablement excellé ».

  5. « Aussi longtemps qu’il sera dépositaire du droit et de la loi, le Parlement déplorera sa mort intempestive. »

Les mouches dont on faisait commerce étaient les mouches à miel, autre nom des abeilles. Furetière a ainsi résumé ce qu’on en savait alors, avec la charmante naïveté d’antan, mais aussi quelques déroutantes approximations, peu ordinaires sous la plume de cet excellent lexicographe :

« Insecte volant, grosse mouche qui a un aiguillon fort piquant, et qui fait le miel et la cire. Swammerdam {a} en fait la description, aussi bien que des bourdons appelés fuci, qui sont les mâles. À l’égard des abeilles qui font le miel, qu’il appelle, apes operariæ, {b} il dit qu’on ne peut découvrir si elles sont mâles ou femelles ; mais dans le roi et les bourdons, les parties qui servent à la génération sont très perceptibles. Jean de Hoorn, {c} fameux anatomiste, a fait voir les œufs des abeilles dans la femelle, que l’on nomme ordinairement le roi. Elles ont un tissu dont elles sont enveloppées, qui est ourdi de même que celui des vers à soie. Swammerdam montre aussi des rayons de miel, où l’on voit les appartements du roi, de la reine et des autres abeilles ; et l’aiguillon de celui qu’on nomme roi a trois doubles, {d} et il fait voir ses testicules avec sa verge. On y découvre sensiblement les poumons, composés de deux petites vessies. Leur gouvernement ne consiste que dans un amour mutuel, sans qu’elles aient la moindre supériorité les unes sur les autres. Les abeilles servent d’aliment aux hirondelles, qui ont l’adresse de les prendre en volant. C’est pourquoi lorsqu’il va pleuvoir, et qu’il y a peu de ces petits animaux dans l’air, elles descendent vers la terre pour y chercher leur aliment : d’où est venue l’erreur de croire qu’elles prédisent la pluie. […] Il y a une espèce d’abeilles sauvages qu’on trouve dans les jardins et dans les bois. Swammerdam en fait voir de six sortes. Il y en a qui ont des cornes fort longues ; d’autres, dont le corps est velu. Mouffet {e} les appelle abeilles solitaires, dont le nid est fait de gravis de sable et d’argile. Il fait voir aussi sept sortes de guêpes. Il y en a aussi de bâtardes, qu’on appelle pseudosphecæ. Hoeffnagel {f} en a dépeint de 24 sortes, entre lesquelles il y a une mouche à trois queues, en latin vespa. Il y en a une que Goedart appelle gloutonne et dévorante, que quelques-uns nomment muscalupus, {g} parce qu’elle dévore sa proie avec les dents.

Le roi des abeilles est femelle, et jette environ six mille œufs par an. Il est deux fois plus gros que les autres abeilles. Il a les ailes courtes, ses jambes droites, et marche plus bravement que les autres. Il a une marque au front qui lui sert de diadème et de couronne. Quand les abeilles piquent, elles laissent l’aiguillon dans la plaie et se rompent les intestins, ce qui cause leur mort. {d} […] Quelques-uns croient qu’on peut faire des abeilles par art : lorsqu’on tue un bœuf en été, et qu’on l’enferme dans une chambre basse bien close pour le laisser pourrir dans son cuir, ils prétendent qu’au bout de 45 jours il en sort une infinité d’abeilles. »


  1. Jan Swammerdam, v. note [40] de l’Autobiographie de Charles Patin.

  2. Abeilles ouvrières.

  3. Jan van Horne, correspondant de Guy Patin.

  4. L’aiguillon du roi (c’est-à-dire la reine) des abeilles a la particularité de n’être pas barbelé, ce qui permet à l’insecte de le ressortir après avoir piqué sa victime (et de le réutiliser ensuite sur un autre adversaire) ; contrairement à celui des autres abeilles (ouvrières) qui abandonnent leur dard (et en meurent) après avoir piqué.

    Je n’ai pas compris le sens des « trois doubles ». Cette remarque est pourtant la copie exacte de ce qu’on lit à la page 97 de l’Histoire générale des insectes… {i} de Swammerdam. {ii} En remontant à la source bilingue juxtalinéaire, latine et flamande, de cet ouvrage, Biblia Naturæ, sive Historia insectorum… [Bible de la Nature, ou Histoire des insectes…], {iii} il s’agit d’une traduction fautive de ce passage (2e paragraphe, page 275) :

    Aculeum quoque Regis dicti, Sacculumque illius veniferum, quin et aculeum Apum operarium, quem trifidum esse animadverto, loculi nostri continent.

    [Mes boîtes contiennent aussi un aiguillon du dit roi, et son sac à venin, ainsi que l’aiguillon des abeilles ouvrières, que je remarque être trifide].

    1. Utrecht, Jean Ribbius, 1685, in‑4o illustré de 215 pages.

    2. Jean (Jan) Swammerdam (Amsterdam 1637-ibid. 1680).

    3. Réédition de Leyde, 1737, in‑fo illustré de 362 pages.

    C’est donc bien le dard de l’abeille ouvrière qui est barbelé (porteur de trois pointes, trifidum en latin, drie dubbelt en néerlandais), et non celui de la reine (qui est lisse, avec une seule pointe).

  5. V. infra note [7].

  6. Joris Hoefnagel (1542-1601), peintre et naturaliste flamand.

  7. Jan Goedart (1617-1668), peintre et naturaliste néerlandais. Muscalupus signifie mouche-louve.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Bornoniana 4 manuscrit, note 6.

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(Consulté le 26/04/2024)

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