Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Bornoniana 4 manuscrit, note 63.
Note [63]

Le Borboniana a inversé l’ordre des évêchés dont Arnaud d’Ossat fut titulaire : d’abord Rennes (1596-1600), puis Bayeux (1600-1604). « Prince de l’Église » était un des titres honorifiques conférés aux cardinaux.

Gabriel de L’Aubespine (Gabriel Albaspinus ou Albaspinæus, 1579-1630) était le fils aîné de Guillaume de L’Aubespine (1547-1629), baron de Châteauneuf, conseiller d’État, ambassadeur et chancelier des Ordres du roi (1606-1611). Gradué de théologie en Sorbonne, Gabriel avait été nommé évêque d’Orléans en 1604. Prélat lettré, qui a laissé quelques ouvrages d’érudition religieuse, il était frère de Charles, le garde des sceaux, {a} et de François, marquis de Hauterive. {b}

Le village du Mesnil-Aubry, sur la route de Paris à Chantilly, à 4 kilomètres au nord d’Écouen, {c} abrite la belle église de la Nativité-de-la-Vierge, qui avait été rebâtie au xvie s.

La Vie du cardinal d’Ossat {d} (tome second, pages 630‑632) a commenté les déclarations de Scipion Dupleix sur d’Ossat : {e}

« Le manque d’exactitude dans les faits rapportés par Dupleix et la contrariété même qui s’y trouve doivent révoquer en doute. En effet, il dit, d’une part, en parlant de la naissance de ce cardinal, qu’on le croyait bâtard du seigneur de Ramefort, et d’un autre côté, il lui a donné un neveu : ce qui implique contradiction. D’ailleurs, il rapporte, comme on vient de le voir, qu’il ordonna à son neveu, dès qu’il fut nommé à l’évêché de Bayeux, etc. Cependant, on a vu qu’il ne fut nommé à cet évêché que plus d’un an après qu’il fut fait cardinal ; par conséquent, ce fait est évidemment faux, à moins qu’il ne se soit trompé sur l’évêché, et qu’il n’ait confondu celui de Bayeux avec celui de Rennes, que le roi lui donna en effet avant qu’il fût élevé cardinal ; mais en supposant même que ce ne fût, de la part de Dupleix, qu’une erreur de nom, il n’est pas probable qu’un homme aussi modeste que le cardinal d’Ossat, qui semble même rappeler, avec une sorte de complaisance, la bassesse de son extraction toutes les fois qu’il avait sujet de remercier le roi de ses bienfaits, rougît de sa famille. On peut encore ajouter à cette preuve morale l’envoi qu’il fit de son portrait à ses élèves de Gascogne lorsqu’il fut décoré de la pourpre, pour leur donner un témoignage d’amitié et de reconnaissance. Ce fait seul suffirait à montrer qu’il n’était pas honteux de sa naissance, ni de l’état de précepteur qu’il avait été obligé d’embrasser pour subsister. En effet, les vertus et les talents de ce grand homme étaient trop supérieurs aux dignités mêmes où ils l’avaient fait monter pour qu’il fût susceptible de cette vanité puérile, dont les gens médiocres couvrent leur insuffisance, et souvent même les vices de leur cœur.

Il n’est pas plus vraisemblable que le cardinal d’Ossat, plein de charité et de bienfaisance, tel que ses lettres nous le dépeignent, eût abandonné son neveu, s’il eût existé, et qu’il l’eût connu, ayant surtout autant de facilité pour le placer, puisqu’il était dans l’état ecclésiastique ; qu’il ne l’eût pas attiré auprès de lui, et qu’il eût fini par le déshériter. Il est donc évident que Dupleix s’est trompé sur tout ce qu’il avance relativement au prétendu neveu du cardinal d’Ossat, et qu’on ne doit pas y ajouter foi.

On en peut dire à peu près autant de l’erreur où Mézeray est probablement tombé par rapport à ce cardinal : il rapporte, en faisant l’éloge des cardinaux Duperron et d’Ossat, qu’il a connu un fils naturel de ce dernier, qui est mort curé du Mesnil-Aubry, à quatre lieues de Paris. Voyez l’Abrégé chronologique de Mézeray, tome 3, in‑4o, Paris, Billaine, 1667, pages 1485 et 1486. {f} Quoique la conformité du témoignage de Dupleix et de Mézeray, relativement à ce curé, soit une forte présomption que c’est le même homme qu’ils ont voulu désigner tous deux, l’on ne peut pas cependant la regarder comme une démonstration, et il restera toujours un nuage sur ce fait. D’ailleurs, la connaissance que l’on a du caractère de Mézeray, de son peu de fidélité sur les faits qu’il rapporte, surtout lorsqu’il peut y donner une mauvaise interprétation ou y mêler quelque trait de satire, doit les rendre très suspects. S’il fallait donc adopter un sentiment sur cet objet, je serais tenté<e> de croire que le curé du Mesnil-Aubry était en effet parent du cardinal d’Ossat, mais à un degré très éloigné, que ce cardinal ne l’a point connu, et que le curé du Mesnil-Aubry n’a même découvert sa liaison de parenté avec le cardinal d’Ossat que longtemps après la mort de ce dernier. »


  1. V. note [13], lettre 10.

  2. V. note [3], lettre 453.

  3. V. note [3], lettre 606.

  4. Paris, Herissant le fils, 1771, 2 volumes in‑8o de 418 et 654 pages, par Marie-Geneviève-Charlotte d’Arlus Thiroux d’Arconville (1720-1805).

  5. V. supra note [60].

  6. V. notes [11], lettre 776, pour François-Eudes de Mézeray et son Abrégé, et [20], lettre 146, pour le cardinal Jacques Davy Duperron.

    Le curé du Mesnil-Aubry, que Dupleix disait neveu d’Arnaud d’Ossat, devenait son fils naturel sous la plume de Mézeray (Abrégé, Paris, 1667, pages 1485‑1486) :

    « Mais ce ne fut ni le sang ni la haute faveur qui revêtirent d’Ossat et Jacques Davy Duperron de la pourpre sacrée, elle fut la récompense de leurs services, de leur grande capacité et de leur rare érudition. d’Ossat n’était que le fils d’un paysan du diocèse d’Auch ; et Duperron, d’un ministre huguenot de Basse-Normandie, mais gentilhomme. Nous avons connu un fils naturel du premier, qui est mort curé du Mesnil-Aubry, à quatre lieues de Paris. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Bornoniana 4 manuscrit, note 63.

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(Consulté le 26/04/2024)

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