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Le traitement des tumeurs osseuses malignes primitives, ne peut s’envisager que dans des structures spécialisées pluridisciplinaires regroupant des anatomopathologistes, des chirurgiens orthopédistes, des oncologues, des radiologues et des radiothérapeutes, tous habitués au diagnostic et au traitement des ces tumeurs. En cas de suspicion de tumeur maligne, le patient doit être pris en charge dans ce type de structure dès la biopsie. Cette dernière doit être réalisée avant de démarrer le traitement, elle fait partie du traitement et doit être effectué par un chirurgien senior. En effet, une biopsie faite de façon inadéquate peut compromettre le pronostic fonctionnel, voire le pronostic vital, du patient. Cette biopsie peut être réalisée par voie percutanée sous contrôle radiologique avec une aiguille de true-cut ou un trocart afin de prélever des "carottes" de tissu pathologique. Cette technique nécessite un pathologiste habitué à la pathologie osseuse. La biopsie chirurgicale « à ciel ouvert » est préférable pour les tumeurs osseuses primitives, surtout quand une tumeur cartilagineuse est suspectée. Elle est réalisée par une courte voie d’abord située sur le trajet de la voie d’abord qui sera utilisée pour la résection chirurgicale de la tumeur afin que la cicatrice de biopsie soit excisée en monobloc avec la tumeur. Le traitement chirurgical des tumeurs osseuses malignes primitives repose une résection large, c'est-à-dire une exérèse du segment osseux atteint par la tumeur et des éventuelles parties molles adjacentes envahies, en monobloc sans entrer dans la tumeur en conservant une marge de tissu sain en périphérie. Dans la majorité des cas, une reconstruction est nécessaire pour préserver la fonction de la zone réséquée. La reconstruction fait appel aux techniques utilisées habituellement en chirurgie orthopédique : les ostéosynthèses, les greffes osseuses (autogreffe et allogreffe), les prothèses plus ou moins massives, l’association de prothèses et d’allogreffes (reconstructions composites). Les indications d’amputation sont dues à l’impossibilité de réaliser une résection chirurgicale conservatrice. Il a été démontré qu’une résection conservatrice, quand elle est possible, ne diminue pas la survie des patients atteints d’un sarcome osseux. Actuellement il est possible d’effectuer une résection conservatrice dans plus de 80% des cas. Les indications d’amputations sont : les énormes tumeurs envahissant les vaisseaux et les nerfs dont la résection aboutirait à un membre non fonctionnel, les infections sur tumeur (souvent secondaires à la biopsie), une biopsie effectuée de façon inadaptée (contamination des vaisseaux, contamination des muscles périarticulaires, etc.), récidive locale, etc. L’amputation obéit aux même impératifs oncologiques que les résections conservatrices.
Intérêt du cotyle double mobilité dans les reconstructions prothétiques de la hanche. Commentateur : Jean-Pierre COURPIED (Paris)
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Cette présentation sera réalisée à partir des présentations de la table ronde de la SOFCOT de novembre 2016. Ph Anract, E. Vandenbussche, Ch Hulet, G Macheras, R Philippot, Ph Adam, O Guyen, J Caton, M Hamadouche.
Le concept de prothèse de hanche à double mobilité a été décrit pour la première fois par Christiansen en 1969 avec cependant des matériaux inadaptés (Delrin)(1). Le développement et la diffusion du cotyle double mobilité fiable et moderne revient à l’équipe stéphanoise Bousquet, Rieu et Rambert dans les années 70. Bousquet voulait associer deux grands principes des arthroplasties prothétiques : le principe de « low friction arthroplasty » de Charnley, pour diminuer l’usure et celui de Mac–Kee Farrar, avec une grosse tête, pour la stabilité (2). Ce développement a été conduit avec la société SERF qui a déposé un brevet en 1978. Ce dernier est tombé dans le domaine public en 1988, ce qui a permis une plus large diffusion de ce concept. En 2009, ce type de prothèse a été introduit aux Etats-Unis. Cette prothèse de hanche comprend une petite articulation rétentive et une grosse articulation non rétentive. Cette double mobilité procure une amplitude articulaire supérieure à celle des prothèses de hanche avec grosse tête ; cette particularité a pour effet de diminuer le risque de luxation sans augmenter les contraintes sur les implants. La cupule originale était en inox avec un revêtement d’alumine et il n’y avait pas de press-fit. Les cupules modernes sont: soit non cimentées, avec un press-fit avec effet de surface, et, pour certains, des plots pour la tenue primaire et un traitement de surface associé ou non à de l’hydroxyapatite (qui favorise la repousse osseuse pour le fixation secondaire), soit cimentées avec un effet de surface semblable à des cotyles polyéthylène cimentés. Ce dernier type d’implants permet de les utiliser avec un renfort acétabulaire dans les reconstructions du cotyle (3). Il existe pour ces implants une incertitude sur l’usure à moyen et long terme. La mesure de l’usure des prothèses totales de hanche est maintenant bien codifiée. Elle se fait grâce à l’analyse de l’enfoncement de la tête fémorale. Cette mesure 2D permet de mesurer l’usure qui, après la deuxième année, est linéaire. Ce type de mesure ne peut pas être utilisé sur les cotyles double mobilité car la cupule métallique n’est pas radio-transparente. La mesure par la méthode RSA semble intéressante mais beaucoup plus difficile à mettre en œuvre. Vandenbusche et al. ont proposé une mesure sur des reconstructions scanner Digitalisation des points et mappage 3D-CT avec coïncidence des centres (4). L’obstacle est dû à la nécessité de réaliser des TDM répétées. Les mesures à partir d’explants sont rassurantes, inférieures à 0,05 mm par an avec des polyéthylènes standards (5). L’utilisation de polyéthylènes hautement réticulés, additionnés d’un antioxydant type Vitamine E, constitue certainement une option intéressante, elle est validée in vitro et demande une confirmation in vivo avec un grand recul. Un des problèmes décrits dans ces implants est la luxation intra-prothétique. Elle était plus fréquente sur les implants de première génération (6,7%), et inférieure à 2% sur les implants plus récents (6). Les hypothèses pour expliquer la luxation de la petite articulation sont : une usure du PE au niveau de la petite articulation qui perd sa « rétentivité » ou un blocage du PE dans la grande articulation favorisant la luxation de la petite articulation (7). Les indications à l’utilisation des cotyles à double mobilité sont très larges pour certains auteurs, plus restreintes pour d’autres. Dans les reprises de prothèses totales de hanche (PTH), le risque de luxation varie de 6 à 30% . Dans les reprises pour échec mécanique, l’utilisation d’un cotyle double mobilité diminue le risque de luxation de 2 à 10 fois (8). Dans les reprises pour luxations de PTH, l’utilisation des cupules à double mobilité est supérieure à l’utilisation des cotyles rétentifs et croissants anti-luxation (9, 10). Dans les reprises pour infection de prothèses, les séries rapportées montrent un taux de luxation inférieur aux autres cupules. Les prothèses utilisées dans les indications de fractures du col du fémur exposent à un risque de luxation important (il est de l’ordre de 7% pour les PTH, 4% pour les prothèses intermédiaires, et inférieur à 2% pour les cupules double mobilité (11)). Les PTH chez les patients neurologiques ont un taux luxation qui varie de 10 à 20 %, les rares séries de PTH avec cotyle double mobilité, ont un taux de luxation inférieur à 5%(12). Les sujets de plus de 70 ans ont un risque accru de luxation lors de l’implantation d’une PTH (jusqu’à 9%(13)). L’obésité morbide constitue aussi un facteur de risque de luxation lors de la réalisation d’une PTH (plus de 10% selon Hernigou avec une cupule standard) et la chirurgie bariatrique ne diminue pas ce risque. L’utilisation d’une cupule double mobilité ou contrainte diminue les taux de luxation à 3% (14, 15). Certains auteurs proposent d’utiliser ces implants dans toutes indications de PTH, même chez des patients âgés de mois de 50 ans, d’autres restent inquiets sur la survie à long terme de ces implants. La survie de ces implants est identique à celle des cupules Charnley Kerboull à 10 ans (de l’ordre de 98 %) mais inférieur à 20 ans(16, 17).
Références :
1. Christiansen T. A new hip prosthesis with trunnion-bearing. Acta Chir Scand. 1969;135(1):43-6. 2. Farizon F, de Lavison R, Azoulai JJ, Bousquet G. Results with a cementless alumina-coated cup with dual mobility. A twelve-year follow-up study. Int Orthop. 1998;22(4):219-24. 3. Haen TX, Lonjon G, Vandenbussche E. Can cemented dual-mobility cups be used without a reinforcement device in cases of mild acetabular bone stock alteration in total hip arthroplasty? Orthop Traumatol Surg Res. 2015;101(8):923-7. doi: 10.1016/j.otsr.2015.09.027. Epub Nov 2. 4. Vandenbussche E, Saffarini M, Hansen U, Taillieu F, Mutschler C, Augereau B, et al. Measurement of femoral head penetration in polyethylene using a 3-dimensional CT-scan technique. Acta Orthop. 2010;81(5):563-9. doi: 10.3109/17453674.2010.519163. 5. Adam P, Farizon F, Fessy MH. Dual mobility retentive acetabular liners and wear: surface analysis of 40 retrieved polyethylene implants. Orthop Traumatol Surg Res. 2014;100(1):85-91. doi: 10.1016/j.otsr.2013.12.011. Epub 4 Jan 18. 6. Philippot R, Boyer B, Farizon F. Intraprosthetic dislocation: a specific complication of the dual-mobility system. Clin Orthop Relat Res. 2013;471(3):965-70. doi: 10.1007/s11999-012-2639-2. Epub 2012 Oct 10. 7. Fabry C, Langlois J, Hamadouche M, Bader R. Intra-prosthetic dislocation of dual-mobility cups after total hip arthroplasty: potential causes from a clinical and biomechanical perspective. Int Orthop. 2016;40(5):901-6. doi: 10.1007/s00264-015-3000-7. Epub 2015 Oct 1. 8. Dangin A, Boulat S, Farizon F, Philippot R. Prevention of Dislocation Risk During Hip Revision Surgery with the Dual Mobility Concept; Study of a New Generation of Dual Mobility Cups. Surg Technol Int. 2016;XXIX:314-9. 9. Guyen O, Pibarot V, Vaz G, Chevillotte C, Bejui-Hugues J. Use of a dual mobility socket to manage total hip arthroplasty instability. Clin Orthop Relat Res. 2009;467(2):465-72. doi: 10.1007/s11999-008-0476-0. Epub 2008 Sep 9. 10. Hamadouche M, Biau DJ, Huten D, Musset T, Gaucher F. The use of a cemented dual mobility socket to treat recurrent dislocation. Clin Orthop Relat Res. 2010;468(12):3248-54. doi: 10.1007/s11999-010-1404-7. 11. Adam P, Philippe R, Ehlinger M, Roche O, Bonnomet F, Mole D, et al. Dual mobility cups hip arthroplasty as a treatment for displaced fracture of the femoral neck in the elderly. A prospective, systematic, multicenter study with specific focus on postoperative dislocation. Orthop Traumatol Surg Res. 2012;98(3):296-300. doi: 10.1016/j.otsr.2012.01.005. Epub Mar 29. 12. Sanders RJ, Swierstra BA, Goosen JH. The use of a dual-mobility concept in total hip arthroplasty patients with spastic disorders: no dislocations in a series of ten cases at midterm follow-up. Arch Orthop Trauma Surg. 2013;133(7):1011-6. doi: 10.07/s00402-013-1759-9. Epub 2013 Apr 30. 13. Nich C, Vandenbussche E, Augereau B, Sadaka J. Do Dual-Mobility Cups Reduce the Risk of Dislocation in Total Hip Arthroplasty for Fractured Neck of Femur in Patients Aged Older Than 75 Years? J Arthroplasty. 2016;31(6):1256-60. doi: 10.016/j.arth.2015.11.041. Epub Dec 2. 14. Hernigou P, Auregan JC, Potage D, Roubineau F, Flouzat Lachaniette CH, Dubory A. Dual-mobility implants prevent hip dislocation following hip revision in obese patients. Int Orthop. 2016:20. 15. Hernigou P, Trousselier M, Roubineau F, Bouthors C, Flouzat Lachaniette CH. Dual-mobility or Constrained Liners Are More Effective Than Preoperative Bariatric Surgery in Prevention of THA Dislocation. Clin Orthop Relat Res. 2016;474(10):2202-10. doi: 10.1007/s11999-016-4859-3. 16. Leclercq S, Benoit JY, de Rosa JP, Tallier E, Leteurtre C, Girardin PH. Evora(R) chromium-cobalt dual mobility socket: results at a minimum 10 years' follow-up. Orthop Traumatol Surg Res. 2013;99(8):923-8. doi: 10.1016/j.otsr.2013.07.017. Epub Oct 29. 17. Puch JM, Derhi G, Descamps L, Verdier R, Caton JH. Dual-mobility cup in total hip arthroplasty in patients less than fifty five years and over ten years of follow-up : A prospective and comparative series. Int Orthop. 2016:8.