Résumé
Les mesures de qualité de vie ont envahi le monde de la recherche
clinique et en particulier celui des essais thérapeutiques. Ces mesures,
comme les mesures de douleur, de fatigue, d’anxiété, ont la
particularité de s’intéresser à des caractéristiques « subjectives ».
Une question importante se pose alors : mesurer une caractéristique
subjective peut-il revendiquer le même statut scientifique que mesurer
une caractéristique objective ? Si la réponse à cette question
semble au prime abord négative, il est en réalité bien difficile, sinon
impossible, de trouver des éléments épistémologiques permettant de
différencier la valeur ou la qualité d’une mesure subjective avec
celle d’une mesure objective.
Un point d’interrogation existe cependant. La qualité d’une mesure
est déterminée par la réponse à deux questions : Que vaut la mesure
? Quel sens donner à la mesure ? Dans le champ des mesures
objectives la réponse à la seconde question est grandement facilitée
par l’existence de modèles physiopathologiques solides. Ces modèles
n’existent pas le plus souvent dans le champ des mesures subjectives,
il faut donc être particulièrement prudent, en pratique,
avant d’accepter que tel instrument mesure bien ce qui est annoncé
dans son intitulé… Ce point est particulièrement vrai en ce qui
concerne les mesures dites de qualité de vie.
Abstract
Quality of life measurements have invaded the world of clinical
research and in particular of therapeutic trials. These measurements,
as the measurements of pain, fatigue, anxiety, have the peculiarity
to be interested in "subjective" characteristics. An important question
arises then: to measure a subjective characteristic can it claim
the same scientific status as to measure an objective characteristic ?
If the answer to this question seems a priori negative, it is really
very difficult, if not impossible, to find epistemological elements
allowing to differentiate the value or the quality of a subjective
measurement with that of an objective measurement.
A point exists however. The quality of a measurement is determined
by the answer to two questions: What is the quality, reliability
of the measurement ? What is actually measured ? In the field of
objective measurements the answer to the second question is largely
facilitated by the existence of solid physiopathological models.
These models do not exist in the field of subjective measurements,
it is thus necessary to be particularly careful, in practice, before
accepting that such instrument measures well what is announced in
its title… This point is particularly true regarding quality of life
measurements.