L. latine 91.  >
À Johannes Antonides Vander Linden,
le 21 septembre 1657

[Ms BIU Santé no 2007, fo 64 ro | LAT | IMG]

Au très distingué M. Johannes Antonides Vander Linden, docteur et professeur de médecine à Leyde.

Très distingué Monsieur, [a][1]

J’ai reçu votre grand et insigne présent ; grand et remarquable, dis-je, et véritablement immense, bien au delà de mon attente ; c’est une preuve très certaine tant de votre générosité que de votre bonté et de votre amour pour moi : ce sont quatre exemplaires de votre Celse[2] de la plus admirable édition ; et par une faveur que je n’ai jamais méritée de vous, vous avez jugé mon nom digne d’y figurer. [1] Pour ce cadeau, je vous adresse les plus amples remerciements dont je suis capable. Dieu veuille que je puisse vous le rendre, tant de ma part que de celle de mes fils, [3][4] dont vous avez voulu embellir et enrichir la bibliothèque par le fruit de vos savantes veilles. Je souhaite pouvoir vous rendre la pareille de tant de faveurs et de présents, et même vous en payer d’une main généreuse et avec intérêt, comme je dois. Vous me renverrez les deux exemplaires des Celse de Charpentier et de {Riolan} Nancel ; mais à votre commodité, car je n’en ai pas urgent besoin. [2][5][6][7] Je prendrai maintenant rapidement soin de l’Arétée, et j’irai voir ce nouveau garde de la Bibliothèque royale, M. Colbert, personnage que je ne connais absolument pas ; mais je ferai tout mon possible pour obtenir de lui ou lui arracher des mains tout ce qu’il aura sous sa garde qui puisse vous intéresser. [3][8][9][10] J’enverrai bientôt par l’intermédiaire d’Elsevier, [11] quand il terminera ses balles, ce que j’ai ici à vous faire parvenir, mais en tout premier Petronio de Victu Romanorum, les Institutiones de Rivière, la Medicina antihermetica de Fontaine, et autres livres ; j’attends d’un libraire lyonnais le Varanda avant la fin de ce mois. [4][12][13][14][15] J’ai ici l’Hippocrate de Calvus, Cop, Neoliceno et A. Brentio, publié à Bâle, in‑fo, 1526 ; je vous l’offre pour que vous n’en soyez pas privé si, par hasard, vous en avez besoin. Je n’ai pas l’autre et ne l’ai pas vu ; je m’en enquerrai cependant auprès de nos bouquinistes. [5][16][17][18][19][20] Je lirai plus tard votre Celse, dont vous m’avez en quelque façon si généreusement fait partager la paternité, et j’en extrairai des citations. Vale, très distingué Monsieur, et aimez-moi. Vôtre pour l’éternité,

Guy Patin.

De Paris, ce vendredi 21e de septembre 1657

.

a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Johannes Antonides Vander Linden, ms BIU Santé no 2007, fo 64 ro.

1.

Charles Spon, a parlé de l’édition des Celsi de Medicina libri octo [Huit livres de Médecine de Celse] par Johannes Antonides Vander Linden (Leyde, 1657) dans trois de ses lettres à Guy Patin, datées des :

2.

V. note [2], lettre latine 44, pour les deux Celse annotés par Jacques Charpentier et Nicolas de Nancel que Guy Patin avait prêtés à Johannes Antonides Vander Linden ; mais il était encore dans le dépit de n’avoir jamais pu obtenir celui de Jean ii Riolan (annoté par Jules-César Scaliger, v. note [1], lettre latine 50), dont il avait écrit puis barré le nom (mis entre accolades).

3.

Nicolas Colbert (v. note [4], lettre 1009) succédait au défunt Jacques Dupuy dans la charge de garde de la Bibliothèque royale.

V. note [10], lettre 449, pour l’édition d’Arétée de Cappadoce que méditait Johannes Antonides Vander Linden. Il n’était donc pas alors inconcevable d’obtenir de la Bibliothèque royale le prêt d’une pièce unique qu’elle conservait, en vue de l’expédier en Hollande à un savant qu’elle intéressait.

4.

V. notes :

5.

Hippocratis Coi, medicorum omnium longe principis, opera : quibus maxima ex parte annorum circiter duo millia Latina caruit lingua : Græci vero et Arabes, et prisci nostri Medici, plurimis tamen utilibus prætermissis, scripta sua illustrarunt : nunc tandem per M. Fabium Calvum Rhavennatem, Gulielmum Copum Basiliensem, Nicolaum Leonicenum, et Andream Brentium, viros doctissimos Latinitate donata, ac iamprimum in lucem ædita : quo revera humano generi nihil fieri potuit salubrius.

[Œuvres d’Hippocrate de Cos, de loin le premier de tous les médecins ; dont la langue latine a été privée de la plus grande partie pendant environ deux mille ans ; mais les Grecs et les Arabes, et nos très anciens médecins ont illuminé ses ouvrages par d’utiles écrits qu’on a cependant oubliés ; enfin maintenant données en latin et publiées pour la première fois par les très savants Marcus Fabius Calvus natif de Ravenne, Gulielmus Copus natif de Bâle, Niccolaus Leonicenus et Andrea Brentius ; {a} on ne peut rien faire de plus utile à la santé du genre humain]. {b}


  1. Sur l’ordre du pape Clément vii (Jules de Médicis, v. note [50], lettre 292), Marcus Fabius Calvus, médecin natif de Ravenne, mort à Rome en 1527, avait traduit Hippocrate en latin sur un manuscrit grec du Vatican. Ses collaborateurs pour l’édition de Bâle étaient :

    • Guillaume Cop (v. note [6], lettre 125) qui a aussi publié Hippocratis Coi Præsagiorum libri tres [Les trois livres des Pronostics d’Hippocrate de Cos] (Lyon, 1550, in‑12) ;

    • Niccolo Leoniceno (v. note [28], lettre latine 75), auteur des Hippocratis Aphorismorum libri vii, Græce et Latine [Sept livres des Aphorismes d’Hippocrate, en grec et latin] (Paris, 1526, in‑8o pour la première édition) ;

    • Andrea Brentio, médecin italien natif de Padoue, mort en 1483.

  2. Bâle, Andreas Cratander, 1526, in‑fo ; première édition à Rome, Franciscus Minitius Calvus, 1525, in‑fo, qui était sans doute « l’autre » que recherchait Johannes Antonides Vander Linden.

Les bouquinistes étaient, comme aujourd’hui, les revendeurs de vieux livres : v. note [59] du Faux Patiniana II‑6.

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 64 ro.

Clar. viro D.D. Io. Ant. Vander Linden, Doct et Prof. Med. Leidam.

Magnum et ilustre munus tuum accepi, Vir Cl. magnum inquam et eximium,
ac præter expectationem meam verè maximum : tum liberalitatis, tum bonitatis, et amoris et
in me tui certissimum argumentum : nempe 4. Exemplaria tui Celsi, elegantissimæ editi-
onis, cui nomen meum, singulari illa quadam tua quam numquam promerui gratia, præfigere digna-
tus es : pro quo donario gratias Tibi ago quàm possum maximas ; utinam et possem referre,
tam proprio meo quàm filiorum meorum nomine, quorum Bibliothecam doctis tuis elu-
cubrationibus ditari et locupletari voluisti. Utinam possim aliquando Tibi
pro tot officijs atque muneribus retaliare, imò et cum foenore, prout
debeo, liberali manu rependere. Exemplaria illa duo, Carpentarij et
Riolani Nancelij
, commodo tuo remittes, neq. enim ijs valde indigeo : de Aretæo in
posterum, et brevi curabo : adibóq. novum illum Custodem Bibliothecæ
regiæ, D. Colbert, virum mihi planè ignotum, à quo quantum in me erit,
vel impetrabo vel extorquebo, quidquid in rem tuam in sua manu penes se habuerit.
Proximè mittam per Elsevirium, quando fasciculos suos conficiet, quæ hîc
habeo Tibi destinata, imprimis v. Petronium de victu Romanorum : Instit.
Riverij : Medicinam Anti-Hermeticam Fontani
 : et alia : ante finem mensis
ex Bibliopola Lugdunensi Varandæum expecto. Hippocratem Calvi, Copi, Leo-
niceni et A. Brentij, hîc habeo, Basileæ editum, in fol. 1526. quem Tibi
offero, ne eo careas, si fortè indiges : alium nec vidi, nec habeo : de tuo tamen
inquiram à nostris mangonibus. Celsum tuum, quem tam magnificè meum quodammodo fecisti,
legam in posterum et excerpam. Vale, Vir Cl. et me ama, tuum æternùm
futurum

Guidonem Patinum ., d

Parisijs, die Ven.
21. Sept. 1657.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johannes Antonides Vander Linden, le 21 septembre 1657

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1124

(Consulté le 27/04/2024)

Licence Creative Commons "Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International.