Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : x, note 10.
Note [10]

Distinct de l’ambre gris, animal (v. note [24], lettre 386), l’ambre blanc ou jaune, végétal, autrement appelé succin, {a} est (Chomel) :

« une gomme ou résine d’arbre qu’on nomme autrement ambre ; {b} on le nomme ainsi à cause qu’on a cru que c’était un suc d’arbre comme le pin, dont il a l’odeur quand il est brûlé. {c}

La simple préparation du succin, en le broyant sur le porphyre, n’est pas à rejeter, tant parce qu’on peut donner fort à propos le succin en poudre dans les maladies du cerveau, de l’estomac, des intestins et de la matrice, et même dans les pertes de sang, et partout où il est nécessaire de resserrer.

On fait une distillation du succin qui a de très grandes propriétés : l’huile qu’on en tire s’emploie principalement dans les apoplexies, épilepsies, convulsions, paralysies, et toutes les maladies froides du cerveau ; de même que dans celles de la matrice ; on l’estime même beaucoup contre les vers et contre le mauvais air, tant prise par la bouche, depuis une ou deux gouttes jusqu’à cinq ou six, incorporées avec du sucre en poudre et dissoutes dans quelque liqueur propre, qu’en onction aux narines, aux tempes et aux endroits des sutures du crâne. »


  1. Sucinum (ou succinum) en latin, dérivé de sucus (ou succus), « sève ». Il échoue principalement sur les rives de la mer Baltique, qui en contient un important gisement.

  2. L’article de Chomel (1741) s’accompagne d’une gravure montrant l’extraction du succin.

    V. notes [6], lettre 60, pour le carabé, et [12], lettre 468, notule {a}, pour le pissasphalte, autres noms de l’ambre jaune, qui est, à proprement parler, de la poix naturellement mêlée à du bitume (asphalte).

  3. On sait aujourd’hui que cet ambre est une résine fossilisée. Il est toujours utilisé en joaillerie.

Sur l’étymologie du mot ambre, Furetière dit que :

« les médecins le nomment electrum, chrysolectrum, {a} et karabé. {b} Ce mot d’ambre vient de l’italien ambra, derivé de l’arabe ambar. […] On l’a aussi appelé harpaga, du grec harpazein, {c} rapere, eo quod folia et vestium fimbrias et paleas rapiat, sicut magnes ferrum. » {d}


  1. Electrum est dérivé du grec êlektron, ambre, qui nous a donné le mot « électrique » et ses dérivés. Chrysolectrum est l’ambre doré (jaune).

  2. V. note [6], lettre 60, pour cette sorte de bitume (soit une autre forme de fossile végétal).

  3. Αρπαζειν, « arracher, attraper avec avidité », a donné son nom à Harpagon, l’avare de Molière (v. note [20], lettre 442).

  4. « “ Attirer avec force ”, parce qu’il attire à lui avec force les feuilles et le bord des vêtements, comme l’aimant le fait du fer. » Montrée à l’école, l’expérience de l’électricité statique, avec un bâtonnet d’ambre (ou plutôt de plastique aujourd’hui) qui arrache les petits morceaux de papier, après qu’on l’a frotté avec un tissu, a émerveilé tous les enfants.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : x, note 10.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8163&cln=10

(Consulté le 28/04/2024)

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