Séance du mercredi 6 décembre 2000

14h30-17h00 - Université René Descartes, Salle du Conseil

 

 

14 h 30-15 h : Assemblée générale, renouvellement partiel du Conseil d’administration

 

Options thérapeutiques dans le traitement des métastases hépatiques des cancers colo-rectaux.

ENCKE A (Francfort-sur-le-Main)

Résumé
Vingt-cinq pour cent des patients atteints d’un cancer colo-rectal ont des métastases hépatiques synchrones et 50 % développent des lésions métachrones après ablation de la tumeur primitive. La résection hépatique est la seule thérapeutique à visée curative, comportant une morbidité et une mortalité limitées, mais avec un pourcentage élevé de récidives locales et/ou extra hépatiques. Dans notre expérience personnelle, une deuxième résection hépatique s’est révélée réalisable chez 28 % de ces patients. Pour améliorer ces résultats, nous avons alors réalisé une étude randomisée comportant une chimiothérapie régionale adjuvante par perfusion artérielle intra-hépatique. En nous basant sur notre expérience de la perfusion intra-artérielle hépatique dans les cas de métastases hépatiques non résécables - qui nous avait permis d’obtenir une réponse positive dans 60 % des cas, 3 des malades de cette série devenant même résécables- nous avons ensuite entrepris une nouvelle étude randomisée avec chimiothérapie adjuvante, avant la résection hépatique. En complément, nous combinons la résection hépatique à l’ablation à ventre ouvert par radiofréquence. Cette dernière technique peut également être appliquée par voie percutanée et se révèle nettement supérieure à la cryothérapie, à l’injection d’éthanol, à l’embolisation chimiothérapique et à la thermothérapie par laser.

 

Pharyngo-laryngo-œsophagectomie totale (PLOT) pour cancer de la région hypopharyngée, résultats carcinologiques et fonctionnels. (Avec présentation de film)

DUCERF C, POUPART M, PIGNAT JC, BAULIEUX J (Lyon)

Résumé
Entre 1982 et 1999, 99 patients, 5 femmes et 94 hommes, d’un âge moyen de 55 ans, ont eu une PLOT pour un cancer de la région hypopharyngée. Une coloplastie gauche a été confectionnée 86 fois dans le médiastin postérieur, une transposition gastrique a été réalisée quand le côlon gauche n’était pas utilisable. Vingt-six complications peropératoires ont été observées et 6 patients sont décédés dans les deux mois qui ont suivi l’opération. La durée moyenne d’hospitalisation a été de 26 jours. Quinze patients ont été opérés pour des récidives locorégionales d’un cancer déjà traité. Des complications postopératoires sont survenues dans 45 % des cas. La survie actuarielle était respectivement de 18 % et 13 % à 3 et 5 ans. Soixante et un pour cent des patients ont eu une récidive de leur maladie sous la forme d’une récidive locale dans 15 % des cas, de progression ganglionnaire dans 18 % des cas et de diffusion métastatique, le plus souvent au niveau pulmonaire, dans 28 % des cas. Les résultats fonctionnels ont été évalués chez les patients qui avaient un suivi postopératoire de plus de 2 mois ; 75% des patients pouvaient s’alimenter normalement par voie orale et 80 % des patients qui avaient eu une coloplastie retrouvaient une voix colique compréhensible, après une rééducation orthophonique adaptée. Les cancers évolués de la région hypopharyngée ont un pronostic effroyable. Un traitement chirurgical agressif permet d’espérer une survie prolongée pour un petit nombre de patients, d’assurer un contrôle local satisfaisant de la maladie et un résultat fonctionnel encourageant.

 

Faut-il dépister le cancer du sein chez les femmes appartenant à des familles de cancers de prostate?

MANGIN P, VALERI A, CORMIER L, FOURNIER G, BERTHON P, CUSSENOT O (Nancy-Brest-Paris)

Résumé
Pour essayer de répondre à cette question, une étude généalogique portant sur 691 familles ayant un ou plusieurs cas de cancer de prostate (CaP) a été réalisée dans trois centres urologiques français : Nancy, Brest et Paris-St Louis. Une femme appartenant à une famille où il existe deux CaP ou plus a un risque multiplié par 2,3 de développer un cancer du sein par rapport à une femme appartenant à une famille où il n’y a qu’un seul cas. Cette étude révèle par ailleurs que ce risque est multiplié par 5,5 si le diagnostic de CaP chez cet apparenté a été fait avant l’âge de 55 ans. Les mères d’hommes atteints de CaP avant 55 ans ont 30 fois plus de cancer du sein que celles dont le fils a développé un CaP après 75 ans. L’ensemble de ces données suggère fortement que, dans les familles où il existe des CaP à la fois nombreux et précoces, le risque pour les femmes d’avoir un cancer du sein est très élevé. Connaissons-nous les mécanismes génétiques expliquant le rapprochement de ces deux cancers ? Des mutations ont été mises en évidence au niveau de BRCA1 et de BRCA2 chez les hommes atteints de CaP appartenant à des familles de cancers du sein. En revanche, des liaisons aux gènes de prédisposition du CaP familial récemment localisés (HCP1, PCaP, HPCX, CAPB et HPC20), n’ont pas encore été mis en évidence chez les femmes atteintes de cancer du sein et appartenant à des familles de CaP. Y-a-t-il aujourd’hui des implications pratiques ? Aucun test génétique n’est encore envisageable pour les femmes appartenant à de telles familles mais un dépistage clinique du cancer du sein est légitime chez ces femmes, avec d’autant plus de soin que les CaP de cette famille sont nombreux et de développement précoce.

 

La duodénopancréatectomie céphalique après 75 ans est-elle raisonnable ?

ZINZINDOHOUÉ F, CHERRAK A, BERGER A, ROULLET MH, CHEVALIER JM, CUGNENC P (Paris)

Résumé
La duodénopancréatectomie céphalique (DPC) reste une intervention majeure en chirurgie digestive mais sa mortalité a fortement baissé en 20 ans. Cette amélioration doit faire réévaluer les critères de sélection des malades, en particulier en fonction de l’âge. Le but de ce travail était de rapporter les résultats de 13 DPC réalisées après 75 ans au sein d’une cohorte de 70 malades. Treize malades avaient plus de 75 ans et 5 patients plus de 80 ans, soit un âge moyen de 78,6 ans ( extrêmes : 75,6-85,5). Toutes les étiologies étaient néoplasiques. Tous ces patients étaient classés ASA I ou II. Chez les patients de plus de 75 ans, la mortalité a été nulle et la morbidité de 38,46%. La durée de l’hospitalisation était comparable à celle des patients plus jeunes. En conclusion ; en l’absence de comorbidité associée, la DPC n’entraîne pas de surmortalité chez les patients âgés. L’âge à lui seul n’est plus un facteur de contre-indication pour ce type d’exérèse.