Séance du mercredi 8 octobre 2003

15h00-17h00 - Les Cordeliers

 

 

Traitement chirurgical de l'hypospadias : enfin une technique idéale ?

GRAPIN C présenté par P VAYRE

Résumé
La technique de SNODGRASS, décrite en 1994, associée à un lambeau vascularisé de dartos préputial constitue une avancée très nette dans le traitement de l'hypospadias. Elle repose sur le principe de l'incision longitudinale de la plaque uréthrale, du méat ectopique à l'apex du gland, puis de sa tubularisation. La suture est recouverte d'un lambeau de dartos préputial, puis le gland est refermé sur lui-même, et l'excédent de prépuce est retiré. Cette technique est applicable à la plupart des formes anatomiques de l'hypospadias, du plus antérieur au plus postérieur. L'auteur rapporte une série personnelle de 100 cas d'hypospadias, réalisés depuis juin 2000. Le taux de fistule est de 0 % pour les hypospadias de première main. Les avantages de cette technique sont d'une part l'excellent aspect esthétique constaté dans la majorité des cas, et d'autre part la rareté des complications, qui contraste avec les résultats auparavant constatés. La sténose du méat, observée principalement au début de notre expérience, est de traitement simple et ne compromet pas le résultat définitif. Le traitement a lieu en 1 temps, à l'âge de 1 an. Cette technique est applicable à toutes les formes d'hypospadias, en l'absence d'important coude de verge et peut être utilisée en cas d'échec d'une première intervention

 

Le traitement des tumeurs stromales digestives par l'Imatinib : une avancée significative liée à la connaissance des caractéristiques moléculaires de la tumeur.
Treatment of gastrointestinal stromal tumors with Imatinib : a major breakthrough in the understanding of the tumor-specific molecular characteristics

MESTIER P de, GUETZ G des (Paris) présenté par Ph BOUTELIER
Texte intégral : E-Mémoires de l'ANC, 2003, vol. 2 (4), 48-52

Résumé
C’est pour une fois la compréhension d’un processus moléculaire
de cancérogenèse et l’application d’un traitement spécifique de
cette anomalie qui ont transformé radicalement le traitement de
cette maladie.
Les tumeurs stromales digestives, ou GIST, sont radio et chimio
résistantes (moins de 10% de réponses objectives). Leur origine
viendrait des cellules de Cajal intervenant dans la régulation de la
motilité cellulaire. Ces cellules expriment à leur surface le gène c-
Kit, qui est une protéine à activité tyrosine kinase, mise en évidence
par une technique immuno histo chimique, et appelée CD 117. Les
tumeurs stromales sont issues de la multiplication de ces cellules.
Grâce à la découverte d’un inhibiteur sélectif des tyrosine kinases,
l’Imatinib (ou Glivec®) déjà utilisé dans les leucémies myéloïdes
chroniques (pour lesquelles on observe une surexpression de la
tyrosine kinase), on a alors pu obtenir dans les GIST des régressions
de plus de 50% des tumeurs traitées dans les premières séries
présentées en 2001.
Depuis, 2000 patients à travers le monde ont été inclus dans des
essais thérapeutiques, avec un taux de réponse objective de 60 à
70%, 12 à 18 mois après leur inclusion, et un bénéfice clinique chez
80 à 90% des patients qui n’avaient jusqu’ici qu’une chance de
survie inférieure à 30% à un an (survie médiane 18 mois).
Néanmoins l’Imatinib est dépourvu d’activité pour les sarcomes
CD117 négatifs (10% des sarcomes).
Il s’agit donc d’une grande avancée thérapeutique dans les tumeurs
solides digestives considérées comme inopérables.

Abstract
The therapeutic approach of this type of disease has been
transformed radically due to improved understanding of the
molecular basics of carcinogenesis and the application of a specific
treatment.
More than 90% of gastrointestinal tumors (GIST) are resistant to
radio- and chemotherapy.
These tumors arise from mesenchymal stem cells, the
interstitial cells of Cajal, which are involved in the regulation of cell
motility and exhibit surface expression of the c-kit gene, or CD117.
As shown in immunohistochemical assays, c-kit gene is a protein
with tyrosine kinase activity.
Imatinib, a selective inhibitor of tyrosine kinase, has already been
used in CML (chronic myeloid leucemia), where enhanced activity
of the enzyme has been observed. Treatment of GIST with Imatinib
has achieved up to 50% remission in the first trial series in 2001.
Since then, over 2000 patients have undergone clinical trials all
over the world, with 12 to 18 months into the trials, an objective
response rate of 60 to 70%, and an improvement of outcome has
been shown in 80 -90% of these patients, who, up to now, had a
30% survival rate at one year and a median survival time of 18
months. Imatinib has not been effective in CD117 negative
sarcomas. These results reflect therefore a major progress in the
treatment of solid gastrointestinal tumors, considered inoperable
until now.

 

Les hépatectomies coelioscopiques par contrôle transparenchymateux des pédicules : la technique de Ton That Tung revisitée : à propos de 25 cas.

CADY J, GODFROY J, GODFROY F, SIBAUD O (Paris)

Résumé
Considérée comme prouesse technique ou défi, l'hépatectomie coelioscopique n'est justifiée que si elle apporte un bénéfice à l'opéré sans accroissement notable du risque. Nous nous proposons de rapporter les résultats de l'adaptation de la technique de Ton That Tung au contrôle transparenchymateux des pédicules hépatiques en coelioscopie. L'installation de l'opéré et le positionnement des trocarts sont identiques à ceux de la technique coelioscopique de cholécystectomie proposée par Dubois. La seule différence est l'utilisation de 2 trocarts de 12 mm, ombilical et paramédian gauche, pour conduire alternativement l'optique ou une endoagrafeuse. Le repérage des lésions hépatiques dépistées par l'iconographie préopératoire est réalisé à la vue quand les lésions affleurent la capsule ou par la palpation instrumentale. C'est dire les difficultés dans un certain nombre de localisations quand on ne dispose pas de l'échographie per-coelioscopique .En ce qui concerne l'exclusion vasculaire du foie ; le contrôle par lacs ou clamp du pédicule hépatique est simple mais souvent inutile. Le contrôle cavo-sus-hépatique est acrobatique en coelioscopie et dangereux ; les manoeuvres de dissection pouvant produire l'accident qu'elles sont censées prévenir. Si le siège de la lésion implique une exclusion vasculaire du foie, mieux vaut renoncer à la coelioscopie. Le contrôle parenchymateux des pédicules est réalisé à gauche, préalablement à la section des attaches ligamentaires du foie. Vingt cinq hépatectomies ont été réalisées dont 2 hépatectomies droites, 5 lobectomies gauches, 18 segmentectomies (segments 2 et 3). Les pathologies traitées étaient des tumeurs malignes dans 8 cas, (cancers primitifs 5 cas, métastases de cancers colorectaux 3 cas). Les pathologies bénignes (17 cas) étaient : un angiome (9 cas), un adénome (2 cas), HFN (4 cas), tuberculome (1 cas), un kyste récidivé (1 cas). Nous n'avons observé aucune mortalité ni morbidité. La durée d'hospitalisation moyenne a été de 5 jours. Une hépatectomie droite a nécessité une transfusion. Les lésions bénignes sont certainement de meilleure indication que les lésions malignes pour ce type d'intervention, d'autant plus que les métastases très fréquentes posent le problème de leur repérage. Les lésions uniques et les lésions de volume modéré, particulièrement celles situées dans le foie gauche, incitent à utiliser l'abord coelioscopique. Le contrôle transparenchymateux des pédicules autorise alors une intervention simple, fiable et reproductible.

 

Le traitement de l'aplasie vaginale par colpoplastie sigmoïdienne. L'expérience dakaroise.
The treatment of vaginal aplasia by sigmoid colon colpoplasty : our experience in Dakar

TOURE CT, DIENG M, DIALLO G, KA O, KONATE I, TRAORE O, SYLLA A , CLEMENT S, DIA A, MOREAU JC (Dakar) présenté par J POILLEUX
Texte intégral : E-Mémoires de l'ANC, 2003, vol. 2 (4), 53-56

Résumé
La colpoplastie sigmoïdienne ou technique de Schmid consiste en la
création d’un néo-vagin par transposition d’un segment de côlon
sigmoïde pédiculisé, exclu de la continuité digestive. Le but de notre
travail était de rapporter les résultats fonctionnels préliminaires
de 8 patientes opérées selon cette technique. Il s’agissait d’une
étude prospective allant du 12 novembre 1998 au 18 juin 2002,
portant sur 8 cas d’aplasie vaginale entrant dans le cadre d’un syndrome
de Mayer-Rokitansky-Kuster-Hauser (7 cas) et dans le cadre
d’un syndrome de Morris (1 cas), opérés dans notre service. L’âge
de nos patientes variait entre 18 et 28 ans. L’impossibilité des rapports
sexuels et l’aménorrhée primaire étaient les motifs de consultation
dans tous les cas. La profondeur de la cupule vaginale était de
1 cm dans 4 cas et de 2 cm dans 4 cas. Un cas d’hémorragie peropératoire
importante après forage de la cupule vaginale a été noté. Les
suites opératoires étaient simples chez 6 patientes avec une durée
d’hospitalisation moyenne de 10 jours. Un cas de nécrose du greffon
sigmoïdien est survenu à J5 postopératoire. Un cas d’éviscération
a été noté à J6 postopératoire nécessitant une réintervention.
Les résultats fonctionnels sont bons pour 7 de nos patientes
(possibilité d’avoir des rapports sexuels satisfaisants). Dans 1 cas
nous avons noté une sténose au niveau de la zone d’anastomose
colovaginale. La technique de Schmid reste une solution de choix
dans le traitement de l’aplasie vaginale, du fait de sa relative simplicité,
de son efficacité, de la rareté des complications.

Abstract
The sigmoid colon colpoplasty or Schmid procedure consists in
creating a neovagina by transposition of a segment of pediculized
sigmoid colon, excluded from the digestive continuity. The aim of
this prospective study was to report the preliminary functional results
in 8 patients operated on with this procedure. From November
12, 1998 to June 18, 2002, 8 patients (age 18 to 28 years) having
vaginal aplasia, Mayer-Rokitansky-Kuster-Hauser syndrome (7
cases), Morris’s syndrome (1 case), were operated on in our depart -
ment. The inability to have sexual intercourse and a primary
amenorrhea brought patients to consult a doctor in all cases. Deepness
of the vaginal cup was about 1 cm in 4 cases and 2 cm in 4
cases. One case of important surgery bleeding after drilling of the
vaginal cup was noted. Postoperative course was simple in 6 patients
with a 10-day average hospital stay. One case of necrosis of
the “sigmoid colon graft” occurred 5 days after surgery. One case of
evisceration was observed 6 days after surgery requiring reoperation.
Functional results were rated as good if the patient succeeded
in having satisfactory sexual intercourse. A psychological follow-up
was ensured for all patients Functional results were good for 7 patients.
We observed in one case a stricture of the colovaginal anastomosis
zone. The Schmid procedure remains a choice solution in
the treatment of vaginal aplasia, due to its relative simplicity, its
efficiency, and the rarity of complications.