Séance du mercredi 6 mai 2009

15h00-17h00 - Les Cordeliers

 

 

Léopold OLLIER (1830-1900), père de la chirurgie orthopédique et réparatrice et de la chirurgie expérimentale

CATON J (Lyon)
Texte intégral : E-Mémoires de l'ANC, 2009, vol. 8 (3), 038-045

Résumé
Nicolas ANDRY (1658-1742) ne fût que le concepteur d'une orthopédie médicale et à l'origine de l'arbre torse, symbole de notre spécialité en France et dans le monde. Le véritable précurseur de notre spécialité étant le lyonnais Léopold OLLIER.
Léopold OLLIER naît au VANS en Ardèche le 2 décembre 1830 dans une famille originaire de la Lozère. Fils et petit fils de médecin, il se passionna d'abord pour la botanique à Montpellier où il fît ses études de médecine, puis fût nommé major au concours de l'Internat des Hôpitaux de Lyon en 1851.
Léopold OLLIER revînt à Montpellier pour passer sa thèse en 1856 dont le sujet est intitulé « recherche anatomopathologique : sa structure intime des tumeurs cancéreuses aux diverses périodes de leur développement » et il fût surtout influencé pendant son internat à Lyon par Amédé BONNET, chirurgien major de l'Hôtel Dieu dont la spécialisation en chirurgie osseuse était très avancée puisque celle-ci représentait 95% de son activité chirurgicale.
Léopold OLLIER succéda à Amédé BONNET en 1858, il se désigna lui-même comme chirurgien ostéo-articulaire ou pratiquant la chirurgie réparatrice. Il devint chirurgien major de l'Hôtel Dieu après le concours de 1860. Le terme d'orthopédie était considéré à cette époque là comme péjoratif et réservé aux praticiens non chirurgiens : bandagistes, fabricants de corset ou s'occupant de rééducation comme ce fût le cas dans l'institut du célèbre Docteur PRAVAZ inventeur à Lyon au 19ème siècle de la seringue hypordermique, interne des hôpitaux de Lyon de la même promotion qu'OLLIER.
Si OLLIER, le premier revendiqua le bien fondé d'une spécialisation en chirurgie osseuse, ce qu'il fît solennellement dans un discours du congrès français de chirurgie en 1867, il est également considéré comme le père de la chirurgie expérimentale.
« OLLIER ET LE ROLE DU PERIOSTE »
Si bien avant OLLIER, DUHAMEL (1739-1743) et FLOURENS (1847) avaient réalisé des recherches chirurgicales sur les propriétés ostéogéniques du périoste, c'est Léopold OLLIER suivant l'enseignement de Claude BERNARD qui eut recours à l'expérimentation pour démontrer le rôle du périoste et de la couche sous périostée. Il réalisa ses premiers travaux, tout d'abord dans le ferme de ses parents aux VANS en Ardèche, disséquant des lambeaux de périoste sur des animaux (lapins, coqs, etc... transplantant par exemple un lambeau de périoste du tibia d'un lapin sur la peau de son front ou au niveau de la crête du coq).
Il poursuivit ses expériences dans le laboratoire de l'école vétérinaire de Lyon dirigé par CHAUVEAU. C'est essentiellement dans ce laboratoire qu'a débuté réellement l'expérimentation qu'il poursuivra jusqu'à la fin de sa carrière avec une « continuité thématique et un scrupule expérimental en tous points remarquable » comme le fait remarquer le Doyen René MORNEX dans son histoire de la chirurgie expérimentale.
Outre le rôle du périoste et de sa couche ostéo-périostée, OLLIER s'intéressa également aux greffes osseuses et cutanées qu'il s'agisse d'homogreffe, d'allogreffe ou d'hétérogreffe démontrant que le succès était surtout obtenu à partir des greffes inter humaines qu'il s'agisse d'autogreffe ou d'allogreffe. OLLIER fît également des travaux sur la moelle osseuse et sur le sang, montrant par exemple la possibilité de revascularisation centro-médullaire au bout de trois semaines après section transversale d'un os de poulet.
Outre son apport considérable sur la régénération des os, Léopold OLLIER fût aussi un pionnier des résections osseuses permises par ailleurs par sa théorie sur la régénération et les résections sous périostées.
A partir de 1875, appliquant les méthodes anti-septiques développées par LISTER et s'appuyant également sur les idées de PASTEUR, OLLIER s'appliqua à bien définir les applications des résections osseuses et articulaires.
Sur la fin de sa vie, OLLIER s'intéressera également à la chirurgie du pied.
En 1899, un an avant sa mort, il décrivit la dyschondroplasie ou maladie d'OLLIER.

 

Le Réseau Prévention Main Ile de France : 5 ans d’expérience d’un réseau de soins en traumatologie.

DUBERT T (Paris) présenté par JC. GUIMBERTEAU
Texte intégral : E-Mémoires de l'ANC, 2010, vol. 9 (1), 012-015

Résumé
Les traumatismes de la main sont un enjeu majeur de santé publique du fait de leur fréquence (1,4 millions chaque année) et de leur retentissement socioprofessionnel (25% des accidents de travail avec arrêt de travail).
Depuis sa création en 2003, le Réseau Prévention Main Ile de France (RPMIDF) est financé par l’URCAM et l’ARH. L’objectif de ce réseau -appuyé sur les travaux entrepris par la Fédération Européenne des Services d’Urgences Mains (FESUM)- vise principalement à améliorer trois volets de la prise en charge:
- l’orientation des patients en urgence par la formation des urgentistes et la validation de protocoles d’orientation avec les pompiers et le SAMU
- la qualité des soins secondaires par la formation et la validation de protocoles pour les kinésithérapeutes et les infirmières
- l’accompagnement psycho-socioprofessionnel grâce à des consultations médico-psychologiques gratuites.
Le réseau nous a permis de mieux contrôler certains facteurs clés de la réinsertion: la dimension psychologique, la douleur “chronicisée”, les problèmes administratifs et le retard à la reprise d’activité.
Depuis 2003, 1200 patients ont été inclus et 1600 informés. Le réseau compte 720 professionnels adhérents et a signé 47 conventions de partenariat. Deux projets complémentaires sont en cours: le chiffrage du bénéfice financier du réseau pour la collectivité, et une étude des facteurs de risque liés aux maladies professionnelles en partenariat avec l’institut de veille sanitaire (IVS).
Cette expérience a servi d’exemple dans plusieurs régions françaises. Dans le but de mutualisation des outils et des moyens, une fédération des Réseaux Prévention Main a été créée.

 

Evaluation de l’environnement mécanique du tissu osseux : une approche objective de l’ostéoporose de décharge

HINSENKAMP M (Bruxelles) présenté par D. POITOUT

Résumé
L’ostéoporose de décharge est un problème important qui concerne de nombreux patients, victimes de paralysie, d’alitement, immobilisés pour une période plus ou moins longue ou plus généralement dont l'activité physique est réduite par l'âge. Dans ce type d'ostéoporose, les traitements médicamenteux ou les régimes alimentaires n'offrent pas de solution satisfaisante. Si la relation entre sollicitation mécanique et masse osseuse est connue de longue date, les mécanismes précis reliant contraintes et métabolisme osseux restent à investiguer. L’étude de ces mécanismes fait l’objet de nombreux travaux utilisant des modèles simulant la décharge (ex.: rat suspendu, etc...) et des modèles de sollicitations mécaniques contrôlées (ex.: modèle de contrainte externe exercée sur le tibia).
Depuis les travaux de Wolff en 1892, il est bien établi que la sollicitation mécanique de l'os régule l'équilibre entre la formation et la résorption osseuse. Malgré ce qui est considéré aujourd'hui comme une évidence, les caractéristiques de ce régime de sollicitation (amplitude, fréquence, gradient, etc,…) ne sont pas connues.
La NASA, malgré ses tentatives empiriques d'imposer des programmes d'exercices aux astronautes, n'a pu prévenir la déminéralisation faute de pouvoir reproduire les cycles de contraintes efficaces. En microgravité, la valeur pondérale du corps et des membres s’annulant, les contraintes mécaniques au niveau du squelette sont minimes. Le simple maintien d’une position statique n’exige plus qu’une faible contraction des muscles antagonistes entraînant secondairement leur atrophie. La fonction de support mécanique disparaît quasi complètement. Si l’on compare ce nouvel environnement fonctionnel à celui de la pesanteur normale de 1G ont doit s’attendre à une chute très importante de l’amplitude des contraintes mécaniques locales. Cette différence est particulièrement sensible au niveau des membres inférieurs et est confirmée par une déminéralisation significativement plus importante des os porteurs à la suite de séjours prolongés en microgravité. Avant notre étude, aucune mesure directe des contraintes osseuses n’avait été réalisée en vol pas plus qu'en pesanteur normale. Ces mesures sont d’autant plus indispensable que les caractéristiques dynamiques des cycles de contraintes mécaniques au sein de la structure osseuse paraissent fondamentales.
Le principe de notre approche est simple, il consiste à mesurer les déformations osseuses pour différents types d'activités dans le but de compenser, par des programmes bien déterminés, les carences de sollicitation propres à chaque situation entraînant la déminéralisation. Nous avons réalisé la mise au point d'un prototype de capteur de déformation osseuse qui nous permet de comparer la sollicitation de l'os pour différents types d'activité. Les mesures déjà réalisées lors de vols paraboliques permettent des observations intéressantes sur les différents niveaux de sollicitation. L'intégration de ces mesures à des modèles mathématiques de la diaphyse osseuse devrait permettre de déterminer quantitativement et qualitativement le régime de contrainte locale auquel est normalement soumis l'os diaphysaire.
Les contraintes connues, elles pourront être simulées par des programmes d'exercices, par l'application d'impulsions ou de vibrations dont l'effet mécanique sur l'os pourra être lui-même validé par la méthode de mesure de déformation.

 

Le produit d’alésage du fémur utilisé comme autogreffe osseuse : Rapport préliminaire sur une série de 10 cas

MASQUELET AC, BEGUE T, HANNOUCHE D (Paris Nord)

Résumé
Introduction : Les sites de prélèvement traditionnels de greffe osseuse sont les crêtes iliaques qui fournissent un capital osseux limité. L’utilisation systématique du produit d’alésage fémoral permet d’augmenter notablement la quantité d’os disponible.
Matériels et méthodes :
- Le dispositif qui porte le nom de RIA ( reaming, irrigation, aspiration) associe un alésoir à tête variable, une irrigation continue et une aspiration.
- Depuis 1 an, dix patients ont été opérés pour des pertes de substance partielle ou segmentaires. Dans tous les cas, la greffe osseuse par produit d’alésage exclusif a été précédée de la formation d’une membrane induite par insertion d’une entretoise en ciment.
- Le segment osseux concerné était le tibia dans 9 cas et l’humérus dans 1 cas. La perte de substance était en moyenne de 6 cm.
Résultats : Dans six cas, la consolidation a été obtenue dans un délai moyen de 6 mois. 4 cas sont en cours d’évaluation. Dans un cas, un apport osseux complémentaire a été nécessaire.- Aucune complication n’a été constatée.
Discussion : Dans notre série, associant membrane induite et produit d’alésage, la durée de consolidation semble écourtée par rapport à la greffe spongieuse iliaque. La porosité semble être un facteur déterminant.
Conclusion : L’alésage des cavités médullaires des os longs portants s’avère un site donneur d’autogreffe osseuse dont les qualités biologiques sont à explorer.

 

La cyphoplastie par balconnets dans le traitement des fractures en compression ostéoporotique

TROPIANO P, BLONDEL B, POITOUT D (Marseille)
Texte intégral : E-Mémoires de l'ANC, 2010, vol. 9 (1), 016-020

Résumé
Les fractures vertébrales en compression sont une des causes fréquentes de douleurs chroniques et d’évolution progressive en cyphose d’autant plus qu’elles surviennent sur un rachis ostéoporotique.
Bien que la vertébroplastie ait un très bon effet antalgique, elle est peu efficace sur le rétablissement de la hauteur corporéale.
La cyphoplastie par ballonnet est une technique récente, qui à partir de l’introduction de ballonnets gonflables dans le corps vertébral aboutit au relèvement des plateaux vertébraux avant leur stabilisation à l’aide d’un ciment.
Son but est de réduire la déformation et les risques inhérents à l’injection d’un ciment sous forte pression.
Des études ont montré l’efficacité de la cyphoplastie sur sa capacité à restaurer la hauteur vertébrale. En revanche les résultats sur la douleur sont comparables à ceux de la vertébroplastie.
Ainsi, la cyphoplastie par ballonnet semble donner de meilleurs résultats sur les fractures avec une forte cyphose. Les indications ont été étendues aux fractures du sujet jeune et comme temps complémentaire d’une ostéosynthèse postérieure.
Une évaluation rigoureuse de cette technique s’impose afin de justifier son coût par rapport à la vertébroplastie. Une étude STIC nationale est en cours.

 

Rapport de la commission de cinq membres titulaires et titulaires honoraires chargée de l’examen des titres des candidats aux places vacantes de membres titulaires