L. latine 257.  >
À Christiaen Utenbogard,
le 24 août 1663

[Ms BIU Santé no 2007, fo 152 ro | LAT | IMG]

Au très distingué M. Christiaen Utenbogard, à Utrecht.

Très éminent Monsieur, [a][1]

Ceci est ma réponse aux deux vôtres. Je suis profondément heureux que vous ayez enfin reçu l’intégrité de la somme que j’avais remise à M. Le Rebours ; [2] une autre fois, j’agirai plus prudemment et serai plus sage ; c’est qu’il ne m’était pas venu à l’idée que cette affaire se dénouerait de la sorte. [1] L’Hollierus de Morbis internis crisse sous la presse et touche à sa fin ; [3] je vous l’enverrai au plus tôt avec le Fienus de Signis morborum[4][5] que l’on attend de Lyon d’un jour à l’autre. J’emprunterai une voie idoine et j’y joindrai le Fulvius Ursinus de Familiis Romanis de mon Carolus, etc. [2][6][7] Mes deux fils vous saluent fort obligeamment. [8] Je n’ai pas encore vu votre ami Abr. Voest, je le tiendrai pour extrêmement recommandé. [3][9] J’attendrai patiemment ces petits livres dont Marten Schoock [10] me fait cadeau et m’en occuperai une fois que je les aurai reçus ; mais quand les deux autres m’arriveront-ils, savoir son traité de Fermentatione et l’édition augmentée de son de Cervisia[4][11] avec l’autre lettre qu’il m’a écrite ? Depuis trois jours et à la plus grande joie des honnêtes gens, notre ami More a été rétabli dans sa précédente situation, par décret des magistrats et députés ; [12] après-demain, on prononcera dans le temple de Charenton un discours pour célébrer son rétablissement. [5][13]

[Ms BIU Santé no 2007, fo 152 vo | LAT | IMG] Notre roi se dirige vers la Lorraine, accompagné d’un imposant et splendide cortège, mais on ne sait dans quelle intention. [14] Fouquet [15] se languit en prison, mais ne perd pas espoir. Esse diu in reatu mitigat pœnam[6] Le fils aîné de M. de Lamoignon, [16][17] premier président du Parlement de Paris, se rendra l’an prochain en Hollande ; [7] il vous y verra, ainsi que Marten Schoock, que je salue très diligemment. Vale et aimez-moi.

De Paris, le 24e d’août 1663.

De tout cœur votre G.P.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Christiaen Utenbogard, ms BIU Santé no 2007, fo 152 ro et vo.

1.

V. note [2], lettre latine 245, pour une explication incomplète de cette transaction compliquée (dont nous ignorons toutes les péripéties et l’exact dénouement) entre Christiaen Utenbogard et Jean Le Rebours, maître des comptes (v. note [2], lettre latine 242) qui s’était rendu en Hollande et avait dû tarder à remettre entièrement l’argent que Guy Patin lui avait confié pour son ami Utenbogard.

2.

V. notes :

3.

Dans sa lettre du 30 octobre 1663 (v. sa note [2]), Guy Patin a reparlé de cet Abraham Voest (ou Woest) d’Utrecht, que Christiaen Utenbogard lui avait recommandé, mais en hésitant sur son identité (Wonstius, Woestius). Patin s’est plus tard rappelé avoir reçu la visite de Voest, mais en avouant à Utenbogard que cela lui était sorti de la tête (v. note [3], lettre du 21 décembre 1663).

4.

V. notes :

5.

En juillet 1661, Alexandre More avait été exclu du temple de Charenton, où il prêchait avec trop d’audace et de liberté pour les calvinistes parisiens (v. notes [7], lettre 783, et [1], lettre latine 300). Son discours de rétablissement n’a pas laissé de trace imprimée.

6.

« Être longtemps en accusation adoucit la punition » (v. note [8], lettre 737). Le procès de Nicolas Fouquet, arrêté à Nantes en septembre 1661 (v. note [11], lettre 712), ne commença qu’en novembre 1664.

V. note [9], lettre latine 255, pour l’expédition guerrière victorieuse et rapide de Louis xiv en Lorraine.

7.

V. note [5], lettre 816, pour le fils aîné de Guillaume de Lamoignon, Chrétien-François, qui était alors reçu avocat au Parlement. Guy Patin a reparlé de son voyage en Europe du Nord (Pays-Bas, Angleterre, Allemagne) dans sa lettre du 24 juillet 1665, quand le jeune Lamoignon allait être reçu conseiller au Parlement de Paris.

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 152 ro.

Clar. viro Christiano Utenbogardo, Ultrajectum.

Ecce duab. tuis respondeo, vir præstantissime : quod totam illam sum-
mam Cl. viro D. le Rebours commissam, tandem acceperis, serio gaudeo : al[iàs]
cautiùs agam, et sapiam in posterum : neq. enim mihi in animum induxeram istud neg[otiu]m
tale fieri posse tali modo processurum. Hollerius de morbis internis [geme]t sub prælo, et tendit ad finem :
[ill]um statim ad Te mittam cum Fieno, de signis morborum, quem in dies Lugduno
expecto : habe[bo] viam idoneam : quib. adjungam librum Caroli mei, Fulvium Ursinum
de familijs Romanis,
etc. Uterque Filius officiosissimè Te salutat. Amicum
illum tuum Abr. Voest nondum vidi : erit ille mihi commendatissimus. Munuscula
illa literaria Mart. Schoockij patienter expectabo : et de ijs acceptis videbo.
Sed quando venient alij duo, nempe de Fermentatione : et de Cerevisia, auctioris
editionis
, cum alia ad me Epistola. Morus ille tuus et amicus meus, Deput[atoru]m
et se[na]torum virorum dec[re]to in pristinum locum est restitutus, à triduo, summo bonorum
gaudio : perendie pro suo restitutione [ora]ionem est habiturus in templo Carentonico.

t.

Ms BIU Santé no 2007, fo 152 vo.

Rex noster, magno splendidóque comitatu instructus, tendit in Lotharingiam : sed
quæ fini nescitur. Fuquetus languet adhuc in carcere, sed sperat. Esse diu in reatu
mitigat pœnam. Anno proximo filius major natu D. de Lamoignon, Paris. Senatus
principis, iturus est in Hollandiam : Te videbit, et Mart. Schoockium, quem
officiosissimè saluto. Vale, et me ama. Parisijs, 24. Augusti, 1663, Tuus ex animo G.P.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Christiaen Utenbogard, le 24 août 1663

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(Consulté le 02/05/2024)

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