Séance du mercredi 19 décembre 2018

Séance commune avec la SOFCOT
14h30-17h00, Les Cordeliers
Modérateur : Philippe ROSSET (Tours)

 

 

Introduction de la séance

VILLET R, MARRE P, PASCAL G, FICHELLE JM

 

Pierre Dionis (1643-1718), chirurgien et anatomiste parisien, démonstrateur au Jardin du Roi. Hommage à l'occasion du tricentenaire de sa mort.

LE MINOR JM

Résumé
Pierre Dionis, né à Paris en 1643, était le fils de Pierre Dionis (1612-1687), menuisier ordinaire des bâtiments du Roi, et un cousin germain de François Mauriceau (1637-1709), illustre maître chirurgien parisien et l'un des fondateurs de l'obstétrique moderne.
Devenu maître chirurgien juré, Pierre Dionis fut, à partir de 1673, démonstrateur d'anatomie au Jardin du Roi ou « Jardin royal des plantes médicinales » (dit communément Jardin des Plantes, ancêtre du Muséum national d’histoire naturelle) créé à Paris en 1635, où des cours de botanique, d'anatomie, et de chimie étaient dispensés de manière indépendante de la Faculté et relevant directement du Roi.
En 1680, Pierre Dionis devint « chirurgien ordinaire » de Marie-Thérèse d’Autriche (1638-1683), épouse de Louis XIV et reine de France. Il fut ensuite « premier chirurgien de Madame la Dauphine », c'est-à-dire de Marie Anne de Bavière (1660-1690), ayant épousé en 1680 le dauphin Louis de France (1661-1711), fils aîné de Louis XIV. Puis en 1707, il fut nommé « premier chirurgien de Madame la duchesse de Bourgogne », c'est-à-dire de Marie Adelaïde de Savoie (1685-1712), devenue dauphine en épousant en 1697 Louis de France (1682-1712). Enfin, en 1713, il devint « accoucheur de la duchesse de Berry », c'est-à-dire de Marie Louise Élisabeth d’Orléans (1695-1719), fille de Philippe d’Orléans, futur Régent, ayant épousé, en 1710, Charles de France, duc de Berry (1686-1714).
Le premier des ouvrages de Pierre Dionis qui assurèrent sa notoriété est "L’anatomie de l’homme, suivant la circulation du sang & les dernières découvertes démontrée au Jardin royal", illustré de planches gravées sur cuivre, paru à Paris en 1690 (in-8°, 550 p.), le titre faisant référence à la querelle sur la circulation du sang, qui était alors toujours d'actualité ; le succès de cet ouvrage fut considérable avec de multiples éditions plusieurs traductions. Son deuxième ouvrage fameux est le "Cours d’opérations de chirurgie, démontrées au Jardin royal", également illustré de planches gravées sur cuivre, paru à Paris en 1707 (in-8°, 746 p.), et qui connut un succès encore plus important si l'on en juge au nombre de rééditions posthumes, assurées par Georges de La Faye (1699-1781), professeur et démonstrateur royal en chirurgie, devenu directeur de l’Académie royale de Chirurgie.
Pierre Dionis décéda en 1718, trois ans après la mort de Louis XIV et la fin du "Grand Siècle" ; son cursus et son œuvre en font une des figures majeures qui contribuèrent à la reconnaissance progressive de la chirurgie et à la création de l'Académie royale de Chirurgie en 1731.

 

Introduction thématique

VILLET R, ROSSET P, MARRE P

 

Édouard KIRMISSON (1848-1927) : Fondateur de la Revue d'Orthopédie et de la Société Française d'Orthopédie

CATON J

Résumé
Édouard Kirmisson est né à Nantes le 18 juillet 1848 peu après les émeutes suivant la chute de la monarchie de juillet. Après des études secondaires au lycée de Nantes, il s'inscrit en 1863 à l'école de médecine de cette même ville. Externe après la 1ere année il est nommé Interne puis prosecteur d'anatomie en 1869. Lors de la guerre de 1870 il est enrôlé comme Aide Major au 1er bataillon de Loire-Atlantique, mais après la guerre il décide d'aller à Paris poursuivre ses études.
UNE CARRIÈRE AU SERVICE DE LA CHIRURGIE
Prévenir, corriger et maintenir, sont les 3 mots d'ordre de cette époque qui marque la naissance de la chirurgie orthopedique tant sur le plan conceptuel qu'organisationnel ; certains pays dont les US étant plus avancés que la France . Nommé externe en 1873 puis interne des Hôpitaux de Paris en 1874,il occupera ensuite toutes les fonctions importantes jusqu'à la chefferie de service de l'hôpital des » Enfants Assistés « ,puis la 1ere chaire de clinique chirurgicale infantile et orthopedique aux « Engants Malades «  en 1901.il est président de la Société de Chirurgie de Paris en 1903 et du congrès de Chirurgie en 1913.
ÉDOUARD KIRMISSON UN PASSIONNÉ D'ENSEIGNEMENT ET UN AUTEUR PROLIXE
Sa journée commence donc par une intervention, se continue par sa grande visite avec un enseignement au lit du malade et sa matinée se termine en salle de cours pour sa leçon quotidienne . Avec près de 200 travaux scientifiques ses ouvrages fondamentaux sont le » traité des maladies chirurgicales d'origine congénitale chez l'enfant » (1898) , « les difformites acquises de l'appareil locomoteur pendant l'enfance et l'adolescence » en 1902,ainsi qu'un » precis de Chirurgie infantile » en 1906. Il réforme les salles d'opérations et l'organisation des services de soins, isole différentes pathologies et met au point certains instruments.
ÉDOUARD KIRMISSON PROMOTEUR DE NOTRE SPECIALITE
En 1891 il plaide pour la spécialisation en Chirurgie Orthopédique. Il fonde la Revue d'Orthopedie en 1890 et crée à Paris le 8 octobre 1918 lors du congrès de Chirurgie : la Société Française d'Orthopedie.

 

Fracture de l’acetabulum sur os fragile

JOUFFROY P

Résumé
Je souhaite vous présenter notre travail sur cette fracture de l’acetabulum car sa définition exacte est récente et qu’elle bénéficie des progrès de la technologie de façon évidente.
Il s’agit d’une fracture dont le mécanisme lésionnel est simple : une chute de sa hauteur chez un sujet de plus de soixante ans en général, provoque une protrusion et une ascension de la tête fémorale qui percute la cavité acétabulaire et provoque une fracture de la paroi antérieure, une fracture de la lame quadrilatère et, ce qui nous préoccupe le plus, une impaction médiale du toit du cotyle
Les données épidémiologiques vont à l’encontre de l’impression générale : il y a de plus en plus de fractures du cotyle dans notre pays, en raison de l’accroissement de leur nombre chez les sujets de plus de 60 ans. 3200 fractures en 2016 dont 2200 au-delà de 60 ans.
Son traitement chirurgical qui est souvent nécessaire bénéficie de trois avancées fondamentales :
-Une voie d’abord particulièrement adaptée
La voie de Stoppa que nous avons chipée à nos collègues gynécologues et modifiée pour en faire un accès endopelvien où le chirurgien est face à l’endopelvis ce qui lui permet de réduire le fragment impacté du toit et de réduire et maintenir la fracture de l’arrière fond.
-Une plaque supra pectinéale avec un renfort pour l’arrière fond
Que nous devons à nos collègues canadiens et qui nous permet une bien meilleure solidité de nos montages
-L’acquisition tridimensionnelle per opératoire et la navigation couplée
qui nous donnent la certitude de la qualité de notre réduction et de l’emplacement adapté de notre ostéosynthèse.
L’ensemble de cette démarche s’est faite assez vite :
-la définition de la fracture en 2014 : thèse de Thomas Aubert
-les débuts de la voie d’abord en 2014 ; Club Bassin Cotyle rencontre de Pierre Guy et Guillaume Riouallon
-L’acquisition 3D +navigation en 2016 article Amer Sébaaly
-L’utilisation de la plaque en 2017
-Le travail d’épidémiologie 2018 Elias Melhem et Gabbas
-La thèse de Lucas Chanteux en 2018 pour faire le bilan précoce
Tout ceci correspond à une petite révolution dans la conception de ces fractures du cotyle et de leur traitement qui n’aurait pas pu se faire sans le CBC qui est un lieu d’échanges indispensables et sans ma collaboration avec Guillaume Riouallon pour faire de mon service une école de cette chirurgie et un lieu d’étude et de recherche.

 

Implications techniques et médico-légales des faillites d'ostéosynthèses

BEL JC, FERON JM, LOUBIGNAC F, COUDANE H

Résumé
Deux études multicentriques observationnelles continues sans modification des pratiques incluant plus de 1000 patients, ont été réalisées pour deux des fractures les plus fréquentes : les fractures trochantériennes de hanche, et les fractures de cheville. Les différents paramètres ont été analysés par étude statistique uni variée et multi variée. Une troisième étude a recensé sur 3 ans l’ensemble des faillites mécaniques d’ostéosynthèse des os longs, sachant toutefois la limite de cette étude dont l’exhaustivité est incertaine du fait de l’absence d’un codage diagnostic spécifique.
Les objectifs des études étaient d’évaluer les complications mécaniques de la fixation des fractures et d’analyser leurs causes. 8% de faillites ont été observées pour les fractures de hanche : au-delà du risque lié au type de la fracture, la qualité de sa réduction et du placement de la vis cervicale étaient significativement prédictifs du risque d’échec. Pour les fractures de cheville, 8% de faillites également ont été observées : le type de la fracture, la présence d’un diastasis tibio-fibulaire, l’âge, et le niveau d’autonomie étaient significatifs. Ces résultats ont été confrontés aux données actuelles de la littérature. Des recommandations de bonne pratique lorsqu’il existait un niveau de preuve suffisant ont été proposées.
Conjointement, l’étude de la typologie des plaintes en traumatologie squelettique confirmait l’importance de l’information des risques inhérents au traitement chirurgical. Une revue de la littérature internationale et nationale des plaintes a été réalisée. Pour la France, le statut juridique, la gestion des plaintes et les condamnations ont été précisées.

 

Comment optimiser la prise de fonction de l’interne au-delà des seules compétences chirurgicales ? Entre faire savoir et savoir être

DAGNEAUX L

Résumé
Le CJO (Collège des Jeunes Orthopédistes) est une association qui fédère les orthopédistes en formation (internes, assistants et chefs de clinique) de France. Son rôle est de défendre les intérêts des internes et jeunes chirurgiens orthopédiques sur des thématiques communes comme la formation et la pédagogie, l’innovation et les pratiques professionnelles au quotidien.
Dans un contexte de réforme du troisième cycle et donc de l’enseignement des internes, la formation théorique sera réalisée notamment au moyen d’une plateforme en ligne. Nous savons que le contenu théorique de l’interne en chirurgie orthopédique s’articule autour de 11 modules (sciences fondamentales, hanche, genou, traumatologie…). Mais la présentation de la formation des jeunes chirurgiens au Canada nous a fait prendre conscience de l’importance pédagogique du savoir-être et faire savoir, finalement très peu abordée dans nos disciplines.
Cette présentation est organisée en 3 points :
1/ Savoir gérer son image professionnelle et son réseau social numérique :
Le jeune chirurgien est confronté à des vecteurs de communications modernes (réseau sociaux, publicité grand public) et son image professionnelle va donc être mise en avant. Quels sont les avantages de ces réseaux de communication, et surtout leurs limites par rapport à un cadre réglementaire et éthique ?
2/ Comment réaliser une présentation orale, avec brio et panache ?
Le jeune chirurgien doit plus que jamais faire connaître ses compétences et les transmettre, et le rôle de formateur aux plus jeunes est à disposition des chirurgiens hospitaliers comme libéraux. Ainsi, le développement de compétences orales et de techniques de présentation sont nécessaires pour pouvoir faire passer un certain nombre de message d’un point de vue pédagogique.
3/ Techniques modernes de management et gestion du travail en équipe :
Le jeune chirurgien va se voir confier des responsabilités au sein d’une équipe, pouvant aller jusqu’au statut de réel chef d’entreprise libéral. Les compétences managériales s’apprennent afin de développer son leadership.
L’objectif de cette conférence est de préparer l’interne et le jeune chirurgien au changement de paradigme qui menace : passer d’un paradigme clinique à un paradigme technique instrumental. Le CJO soutient que la compétence d’un chirurgien orthopédique et sa valeur professionnelle reste bien au-delà du seul geste chirurgical, et note que cette table ronde est transposable à toute spécialité chirurgicale.

 

La décision médicale

MASQUELET AC

Résumé
La décision médicale ne peut être réduite à cet instant crucial qui clôt la délibération et préfigure l’action, car l’ensemble de la démarche médicale se présente comme une véritable chaine décisionnelle dont tous les maillons sont importants. La finalité de la décision est d’énoncer le juste, c’est à dire la réponse la plus appropriée à une situation donnée. Il n’y a pas de décision juste sans l’empathie, qui permet au praticien de réfléchir sur son propre jugement en se plaçant du point de vue du patient. Se prémunir contre les mauvaises décisions implique désormais de recourir à la décision médicale partagée avec le patient et à la décision médicale élargie qui s’appuie sur la collégialité.
L’incertitude qui n’est qu’un des aspects sous lequel se déroule l’activité de soin justifie une approche de précaution.