L. 47.  >
À Claude II Belin,
le 14 mai 1639

Monsieur, [a][1]

C’est pour vous apprendre une partie des nouvelles de ce pays que je vous trace la présente, combien qu’il n’y en ait pas de fort bonnes, si ce n’est que la fièvre a quitté fort heureusement le roi, [2] Dieu merci. On dit qu’il s’en va prendre les eaux de Forges dans peu de jours. [3] On parle ici de quelques voyages de Lyon ou de Picardie, mais cela est fort incertain. C’est chose vraie que les Espagnols ont levé le siège de devant Turin, [4] du jour de Pâques ; mais delà ils s’allèrent camper devant Villeneuve d’Ast, [1][5] qui s’est rendue à eux. Le bruit court qu’ils vont assiéger Casal, [6] duquel, s’ils viennent à bout, adieu toutes nos conquêtes d’Italie. M. de Longueville [7] y est allé en poste pour y commander les troupes qu’on y envoie de tous ces côtés-là, de Provence, de Guyenne et de Bresse. On y a envoyé aussi M. de Chavigny [8] et M. le comte de Guiche. [9] Le bruit a couru de la mort du pape, [10] mais il se porte bien. Il est seulement mort à Rome le connétable Colonne [11] et trois cardinaux, savoir Ginnasio [12] (doyen de tous, âgé de 92 ans, qui était fils du médecin de Clément viii), [13][14] Verospi [15] et Gessi. [2][16] Les chevaliers de Malte [17] se rangent de votre parti car, si vous ne voulez point des jésuites (comme vous faites fort bien de chasser cette vermine espagnole et loyolitique), [18] aussi ont-ils chassé les leurs à ce carnaval dernier, [19] les ayant tous mis dans un vaisseau et envoyés à la garde de Dieu. [3][20] On verra ce qui en arrivera et si leur Maître Ignace [21] fera quelque miracle pour leur rétablissement. La nouvelle en est très vraie, j’en ai lu lettre écrite de la main d’un chevalier qui a aidé à l’expulsion de ces bons pères : tenez le fait pour très assuré. On dit qu’il est arrivé ici des passeports pour traiter de la paix, tels que le roi les demandait du roi d’Espagne [22][23] et du roi de Hongrie. [4][24] Je pense que vous avez un Perdulcis ; [25] je vous envoie un nouveau traité qu’on a depuis imprimé de lui, qui est de morbis animi[5] M. Citois [26] fait ici imprimer un recueil de ses Petites œuvres de médecine[6] M. de La Meilleraye, [27][28] grand maître de l’Artillerie, [7][29] est allé en Flandres [30] avec une armée de 25 000 hommes. [8] M. le maréchal de Châtillon [31] partira incontinent avec une autre pour le même pays. Les Écossais ne sont pas encore d’accord avec le roi d’Angleterre. [9][32][33] M. de Feuquières [34] partira incontinent pour le Luxembourg. [10][35] Je vous baise très humblement les mains, à madame votre femme et à Messieurs vos frères, avec désir d’être toute ma vie, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Patin.

De Paris, ce 14e de mai 1639.

Je pense vous avoir par ci-devant remercié de votre pâté de poisson. [36] Je vous en remercie derechef, mais je vous prie aussi de vous souvenir que m’aviez promis de ne m’en plus envoyer. Je vous en prie derechef et vous en conjure. Adieu, Monsieur et cher ami. M. Mentel [37] a été fort malade d’une fièvre continue [38] pour laquelle nous l’avons fait saigner [39] 32 fois. Il est parfaitement guéri, dont je loue Dieu.


a.

Ms BnF no 9358, fo 53 ; Triaire no xlvii (pages 155‑157) ; Reveillé-Parise, no xxxviii (tome i, pages 62‑63) ; Prévot & Jestaz no 8 (Pléiade, pages 419‑420).

1.

Villanova d’Asti, petite ville proche de Turin. En 1639, on fêta Pâques le 24 avril.

2.

Filippo Colonna, mort le 11 avril 1639, duc de Palliano et de Tagliacotti, grand connétable du royaume de Naples, avait pour intendant, chargé du gouvernement de plusieurs de ses propriétés, Pietro Mazzarini. Il l’avait marié à une de ses filleules, Ortènsia Bufalini. Né en 1602, leur fils Giulio sut s’appuyer sur la puissante famille Colonna pour entamer la fulgurante ascension qui le mena à devenir le cardinal Mazarin (v. note [6], lettre 53).

Domenico Ginnasi (Castel Bologne 1550-Ostie 12 mars 1639, dont Guy Patin exagérait donc l’âge), fils du médecin Francesco Ginnasi, avait été nommé cardinal en 1604 par Clément viii.

Fabrizio Verospi (Rome 1571-ibid. 27 janvier 1639) et Berlinghiero Gessi (Bologne 1563-Rome 6 avril 1639), l’avaient tous deux été par Urbain viii, respectivement en 1627 et 1626.

Clément viii (Ippolito Aldobrandini, Fano 1536-Rome 1605) fut pape de 1592 à sa mort. L’événement le plus important de son pontificat fut le commencement des querelles subtiles sur la grâce qui éclatèrent à propos du livre de Molina et donnèrent naissance au jansénisme (v. note [50], lettre 101) (G.D.U. xixe s.).

3.

Fondé au xie s. pour protéger les pèlerins de Terre sainte contre les Turcs, l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem était encore florissant au xviie s. Ses moines soldats, les chevaliers de Malte, étaient recrutés parmi la noblesse de toute l’Europe, mais surtout celles de France et d’Espagne. Charles Quint les avait installés à Malte (v. note [4], lettre 659) en 1530. Depuis cette base fortifiée, ils protégeaient les navires chrétiens contre la course barbaresque.

En France, les cadets des familles nobles formaient le gros des chevaliers de l’Ordre, pour garnir notamment le corps des officiers de la marine royale et de l’administration coloniale. On était alors moins regardant sur les conditions d’antique noblesse : les prétendants n’hésitaient pas à en falsifier les certificats et les témoignages. Les chevaliers ne respectaient pas non plus toujours strictement leurs trois vœux de chasteté, d’obéissance et de pauvreté (v. lettre à Spon, datée du 27 août 1658).

Un unique grand maître menait leur hiérarchie (commandeurs, baillis, grands-prieurs) ; c’était alors Jean-Paul de Lascaris-Castellar (1560-1657), le 57e depuis le bienheureux Gérard, mort en 1120. Guy Patin évoquait ici l’épisode connu sous le nom de Carnaval de Malte : ayant accusé les jésuites d’avoir convaincu le grand maître Lascaris d’abréger les festivités du carnaval, les chevaliers avaient pillé leur collège et en avaient chassé plusieurs de l’île.

Le carnaval était, dans toute la catholicité, le « temps de réjouissance qui se compte depuis les Rois [épiphanie, le 6 janvier] jusqu’au carême [v. note [10] du Naudæana 3]. Les bals, les festins, les mariages, se font principalement dans le carnaval » (Furetière). Les jours gras sont ceux de la semaine précédant le début du carême (mercredi des Cendres) ; on peut encore y manger de la viande avant d’entamer les quarante jours maigres de pénitence (avec six dimanches de relâche) qui mènent jusqu’à Pâques. Le carnaval s’achevait le Mardi gras (ou carême-prenant) par de grandes festivités populaires (bals masqués, banquets, défilés, etc.), qui se reproduisaient à la mi-carême. Les protestants ignoraient ce cérémonial et le jeûne carné qui le suivait. Dans ses lettres, Guy Patin a régulièrement exprimé son aversion pour le tapage carnavalesque.

De son temps, l’Épiphanie (v. note [10], lettre 513) et le carnaval donnaient lieu à de grands abus charnels. Dans sa Cabale des dévots, Raoul Allier (pages 110 et suivantes) a relaté comment la Compagnie du Saint-Sacrement (v. note [7], lettre 640) s’est évertuée, avec une indéniable efficacité, à en prohiber les scandales.

4.

V. note [11], lettre 44, pour l’empereur Ferdinand iii, roi de Hongrie.

Le roi d’Espagne, depuis 1621, était Philippe iv (Valladolid 1605-Madrid 17 septembre 1665). De 1621 à 1640, il fut aussi roi du Portugal. Fils du roi Philippe iii et de Marguerite d’Autriche (fille de l’archiduc Charles d’Autriche) et frère cadet de la reine de France, Anne d’Autriche, il avait succédé à son père sous la tutelle du comte d’Olivares (v. note [1], lettre 127). Le règne de Philippe fut malheureux pour l’Espagne. D’abord, la trêve de Douze Ans (1609-1621, v. notes [6], lettre 453, et [10], lettre 529) conclue avec les Provinces-Unies ayant expiré, il avait dû reprendre la guerre, mais les Hollandais avaient remporté une victoire complète en 1628 ; l’Espagne avait définitivement perdu ces Provinces, dont elle fut forcée de reconnaître l’indépendance au traité de Münster (1648). Philippe avait eu à se défendre ensuite contre la ligue formée par Richelieu pour l’abaissement de la Maison d’Autriche et dut céder plusieurs autres provinces importantes : la Catalogne, l’Artois et par suite du traité des Pyrénées (1659), le Roussillon, 14 villes de la Flandre, du Hainaut et du Luxembourg, et ses droits sur l’Alsace. En même temps, le Portugal se soulevait (1640) et recouvrait pour toujours une indépendance qu’il affermit par de brillantes victoires.

La puissante monarchie fondée par le Charles Quint était tombée en moins d’un siècle et demi au rang de puissance secondaire et devait s’amoindrir encore sous Charles ii. Philippe iv avait un caractère faible et était trop livré à la mollesse ; néanmoins, il possédait des qualités estimables, était humain, affable, bienfaisant, généreux, s’entourait de lettrés et d’artistes, cultivait secrètement les lettres ; il composa, dit-on, quelques pièces de théâtre.

De sa première femme, Élisabeth de France, fille de Henri iv, il eut Baltasar-Carlos (mort le 2 octobre 1646) et Marie-Thérèse, qui épousa Louis XIV en 1660. Remarié en 1648 à Marie-Anne d’Autriche, sa nièce, Philippe donna naissance à Charles ii, qui lui succéda, à deux autres fils (dont Felipe Prosper, 1657-1661) et deux filles (dont Marguerite-Marie, 1651-1673) (G.D.U. xixe s.).

5.

Barthélemy Pardoux (Perdulcis en latin ; Bouillac, Vivarais 1545-Paris 1611), docteur régent de la Faculté de médecine de Paris en 1572, « était, dit René Moreau (v. ci-dessous), si timide qu’il ne put jamais atteindre à la réputation de ses confrères ; peut-être que le défaut de ces manières qui répandent un médecin dans le grand monde, autant et mieux que ses talents, [le] retint […] dans le cercle obscur des pratiques bourgeoises, des collèges et des couvents ». Le même Moreau rapporte que Bartholomeus Perdulcis, infatigable à l’étude et se plaignant de n’avoir jamais goûté la douceur du repos, avait fait graver en lettres d’or sur une cheminée de sa maison cette anagramme de son nom : Per multos labores duci [Être estimé pour ses multiples labeurs].

Sa gloire fut posthume, avec la publication de la :

Bartholomæi Perdulcis doctoris medici Parisiensis, Universa Medicina, ex Medicorum Principum sententiis consiliisque collecta, a Renato Charterio, Regis Christianissimi, ac Reginæ Magnæ Britanniæ Consil. Medico, Professore Regio, Facultatisque Medicæ Paris. Doctore, emendata, digesta, ac in lucem primum edita. Adiecta est Batholomæi Perdulcis vita, cum Indicibus necessariis.

[La Médecine universelle de Barthélemy Pardoux, docteur en médecine de Paris, rassemblée d’après les opinions et les avis des principaux médecins. Mise en ordre, corrigée et éditée pour la première fois par René Chartier, {a} conseiller médecin du roi très-chrétien et de la reine de Grande-Bretagne, professeur royal et docteur de la Faculté de médecine de Paris. La vie de Barthélemy Pardoux y est ajoutée, avec des index fort utiles]. {b}


  1. V. note [13], lettre 35.

  2. Paris, Mathurin Hénault, 1630, in‑4o, dédié à Charles i Bouvard, premier médecin de Louis xiii (v. note [15], lettre 17).

    L’approbation de la Faculté, datée de Paris, le 1er octobre 1629, est signée Pierre Pijart, Jean Piètre et René Moreau. L’achevé d’imprimer est du 4 décembre 1629.


On trouve au début de l’ouvrage la Vita Bartholomæi Perdulcis, ex libro Renati Moræi, Doctoris Medici Parisiensis, de illustribus Medicis Parisiensibus [Vie de Bathélemy Pardoux, tirée du livre de René Moreau, docteur en médecine de Paris, sur les médecins parisiens illustres (v. note [1], lettre 22)], et deux poèmes latins de Guido Patinus, B.D.M.P. [Guy Patin, natif de Beauvaisis, docteur en médecine de Paris].

In Universam Medicinam D. B. Perdulcis,
Doctoris Medici Parisiensis
.
Frendeat immitis morborum turba, hominesque
Invida mors sævis terriret usque malis :
Nunc iacet in tuto cunctorum vita, nec ausit
Hanc nisi post longas diripuisse moras :
Usque adeo scriptis Perdulcis profuit Orbi,
Dum tetrum docuit perdomuisse virus
.

[Sur la Médecine universelle de Me B. Pardoux,
docteur en médecine de Paris
.
La meute sauvage des maladies peut bien broyer les hommes, et la mort cupide les effrayer sans relâche de ses cruels méfaits. Maintenant la vie de tous repose en sûreté et la mort n’ose plus la bouleverser qu’après de longs retardements ; c’est que Pardoux a sauvé le monde par ses écrits où il a enseigné la manière de terrasser l’horrible venin].

In eandem iambicum trimetrum.
Protrepticon ad philiatros
.
Abstrusa quotquot Pæonis misteria
Novisse vultis, artis et summum decus,
Perdulcis hoc opus scitum pervoluite,
Musarum in antris quod reliquit posteris
Dictante Phæbo, sortibus mortalium
Lethi ferocis tela quo depelleret ;
Nam quod tuetur integram, ve destruit,
Molemve fabricat stupendam corporis,
Hic noster Author rectius cunctus docet ;
Quod ergo quondam sæva Febris attulit,
Gratæ instar hoc est nunc vicissitudinis
.

[Trimètre iambique sur la même.
Exhortation aux philiatres
. {a}
Vous voulez savoir tous les mystères cachés de Péon {b} et le plus grand ornement de l’art, alors désirez avec ardeur connaître cet ouvrage de Pardoux. C’est ce que Phébus a laissé pour la postérité dans les grottes des Muses, où il aurait ordonné de reléguer les armes de la mort acharnée sur le sort des hommes. De fait, notre auteur enseigne ici de meilleure façon ce qui protège, ou détruit, ou fabrique la masse merveilleuse du corps. Voici donc maintenant l’agréable compensation de ce que la cruelle Fièvre {c} a jadis causé].


  1. En poésie, un iambe (ïambe) est un pied de vers dont la première syllabe est brève et la seconde longue. Les vers iambiques (souvent satiriques) sont entièrement ou principalement composés de iambes.

    Les philiatres sont les étudiants en médecine.

  2. Un des dieux de la médecine.

  3. Febris est la personnification divine de la fièvre.

L’Universa Medicina, que Patin a souvent vantée (avec quelques réserves toutefois) et recommandée comme un ouvrage de saine lecture pour un médecin, et qu’il appelait simplement le Perdulcis, est composée de 14 livres (943 pages sans l’index) :

  1. Physiologia [Physiologie] ;

  2. Pathologia [Pathologie] ;

  3. Semiotice [Sémiologie] ;

  4. Hygieine [Hygiène] ;

  5. Therapeutica universalis [Thérapeutique universelle] ;

  6. Ægrotantium diæta [Diète des malades] ;

  7. Ars Chirurgica Gourmeleni [Art chirurgical de Gourmelen (v. note [42], lettre 104)] ;

  8. Halωsis febrium [Cercle des fièvres] ;

  9. De Peste [La peste] ;

  10. De Morbis Contagiosis [Les Maladies contagieuses] ;

  11. De Venenis [Les Poisons] ;

  12. Particularis Therapeutica [Thérapeutique particulière] ;

  13. Communium morborum Therapeutica [Thérapeutique des maladies communes].

L’autre ouvrage, dont Patin annonçait ici la parution, est le :

Bartholomæi Perdulcis, doctoris medici Parisiensis, De Morbis animi liber, inter quos agitur de mania dæmoniaca, energumenis, ecstasi.

[Livre sur les Maladies de l’âme, de Barthélemy Pardoux, docteur en médecine de Paris, où il est question de la folie démoniaque, des énergumènes, {a} de l’extase]. {b}


  1. Possédés.

  2. Paris, Iohannes Bessin, 1639, in‑4o, dédié à Jean Cousin, docteur en médecine de Paris, par Guillaume Sauvageon (v. note [2], lettre 36) ευχαριστικον [reconnaissant]. L’approbation de la Faculté, datée de Paris, le 1er mai 1639, est signée Simon Bazin, doyen, René Moreau et Guy Patin.

Rare pour l’époque, ce traité de ce qu’on n’appelait pas encore la psychiatrie, est long de 73 pages et divisé en 16 chapitres :

  1. De Symptomatum paraphoricorum sede, natura et differentiis [Siège, nature et différences des symptômes de déraison] ;

  2. De Paraphrosyne [Le Délire] ;

  3. De Phrenitide [La Frénésie] ;

  4. De Melancholia [La Mélancolie] ;

  5. De Mania, sive insania [La Manie, ou insanité] ;

  6. De Lycanthropia [La Lycanthropie (folie consistant à se croire changé en loup, v. notule {d}, note [1] de la consultation 12)] ;

  7. De Mania dæmoniaca [La Manie démoniaque] ;

  8. De vere Possessis, sive energumenis [Les Possédés authentiques ou énergumènes] ;

  9. De Melancholia hypochondriaca [La mélancolie hypocondriaque] ;

  10. De Melancholia hysterica [La Mélancolie hystérique] ;

  11. De Furore uterino [La Passion utérine] ;

  12. De Amore insano [L’Amour insensé] ;

  13. De Ecstasi melancholica [L’Extase mélancolique] ;

  14. De Rabie, seu Hydrophobia [La Rage ou hydrophobie (v. note [1], lettre 460)] ;

  15. De Fatuitate, et Amentia [L’Extravagance et la démence] ;

  16. De Memoriæ detrimento [L’Affaiblissement de la mémoire].

Ces deux ouvrages ont été plus tard réunis :

Bartholomæi Perdulcis…, Universa Medicina, editio secunda, studio et opera G. Sauvageon, doct. med. Collegio medic. Lugdun. aggregati, præter notas in margine, pluribus Therapeutices locis, ex autoris autographo, aucta, et ubique emendata. Cui etiam accessit De morbis animi liber.

[Médecine universelle de Barthélemy Pardoux…, seconde édition, par les soins et le labeur de Guillaume Sauvageon, {a} docteur en médecine agrégé au Collège des médecins de Lyon, corrigée en maints endroits, en sus des notes en marge, et augmenté de plusieurs passages thérapeutiques tirés du manuscrit de l’auteur. Le livre des Maladies de l’esprit y est aussi ajouté].


  1. V. note [2], lettre 36.

  2. Paris, Jean Bessin, 1641, in‑4o pour la première de plusieurs éditions ; dédié par Sauvageon à Charles i Bouvard, avec notamment ces deux vers :

    Galeni immensos miratur Græcia campos,
    Perdulcis minor est, at bene cultus ager
    .

    [La Grèce admire les immenses plaines de Galien ; le champ de Pardoux est plus petit, mais bien cultivé].

    L’approbation de la Faculté, datée de Paris, le 22 juillet 1639, est signée Jacques i Cousinot (ancien), René Moreau (censeur) et Guy Patin (docteur régent).


6.

Francisci Citesii, Regis et Eminentissimi Cardinalis Ducis de Richelieu Medici, atque Facultatis Pictaviensis Decani, Opuscula medica.

[Opuscules {a} médicaux de Franciscus Citesius, {b} médecin du roi et de Son Éminence le cardinal-duc de Richelieu, et doyen de la Faculté de Poitiers]. {c}


  1. « Petites œuvres » pour Guy Patin.

  2. Guy Patin a remercié François Citois avec emphase (et louange de Richelieu) pour l’envoi de ses Opuscula dans la lettre latine qu’il lui a adressée le 7 juin 1639.

  3. Paris, Sébastien Cramoisy, 1639, in‑4o, dédié à Richelieu (v. note [5], lettre latine 3).

Ce recueil réunit cinq opuscules :

  1. De Tempestivo Phlebotomiæ ac purgationis usu, Dissertatio adversus hæmatophoβουs [Dissertation sur l’emploi opportun de la phlébotomie et de la purgation, contre les hématophobes] (14 chapitres, pages 1‑52), seul inédit de cet ouvrage ;

  2. Abstinens Confolentanea cui obiter annexa est pro Iouberto Apologia [L’Abstinente de Confolens, {a} à la quelle vient d’être ajoutée une Apologie pour Joubert] {b} (pages 53‑107) ; précédemment publié à Poitiers et à Paris en 1602 ; {c}

  3. Abstinentia puellæ Confolentaneæ ab Israelis Harveti confutatione vindicata. Cui præmissa est eiusdem puellæ αναβιωσις [L’Abstinence de la jeune fille de Confolens défendue contre la réfutation d’Israel Harvet, précédée d’une résurrection de ladite jeune fille] {d} (pages 109‑164) ; précédemment publié à Poitiers et à Paris en 1602 ; {c}

  4. De novo et populari apud Pictones dolore colico bilioso Diatriba [Discussion sur une douleur colique bilieuse, nouvelle et fréquente chez les Poitevins] (pages 165‑234) ; précédemment publiée en latin à Poitiers, Antoine Mesnier, 1616, in‑12 ; {e}

  5. Avis sur la nature de la peste et sur les moyens de s’en préserver et guérir (pages 235‑302) ; précédemment publié en français à Paris, Sébastien Cramoisy, 1623, in‑8o.


    1. Confolens est une ville du Poitou (actuel département de la Charente). Citois expose le cas d’une adolescente dénommée Jeanne Balam atteinte de fièvre continue en 1599, à l’âge de 11 ans. Après une période mutisme, elle se serait totalement abstenue de nourriture solide pendant trois ans, tandis que son corps s’émaciait et se couvrait de poils.

    2. Laurent Joubert (v. note [8], lettre 137) avait conclu le chapitre ii, S’il est possile par la médecine allonger la vie des hommes, livre i de ses Erreurs populaires…, sur cette élucubration (édition de Rouen, 1601, pages 15‑16) :

      « Il y a deux principaux buts en la conservation de santé, qui sont en notre pouvoir : de restaurer la substance dissipée par breuvages et viandes convenables, et de rejeter les excréments qui en proviennent. Si on ne faut<e> en aucun de ceux-ci, le corps, cependant, jouira de santé, et sera conservé très longuement en la force de sa vigueur. Pareillement et par même raison, la vieillesse (du tout inévitable à ceux qui doivent mourir de mort naturelle) est prolongée par notre art, de façon que le transissement, et comme un retour en poudre par l’extrême vieillesse, adviendra fort tard. De quoi enfin on conclut que comme de tous âges (car on peut semblablement, et même plus facilement entendre les termes de l’enfance et adolescence) ainsi < que > de toute la vie, on peut allonger les termes par la médecine, plus avant que ne sont ordonnés de nature. Et ce sont les limites que Dieu, principal auteur de la médecine, a voulu être sujets à cet art : lesquels sont en notre puissance, tant que Dieu le permet, et ne retranche le fil du cours de notre vie, comme il lui plaît. Tout ainsi que, autres fois, par-dessus tout l’ordre de nature par lui ordonné, il sustente et avance la vie miraculeusement, sans aucune aide médecinale, voire sans boire et sans manger. »

    3. Traduit en français sous le titre d’Histoire merveilleuse de l’abstinence triennale d’une fille de Confolens en Poitou. En cette histoire est aussi traité si l’homme peut vivre plusieurs jours, mois et années, sans recevoir aucun aliment… (Paris, Heuqueville, 1602, in‑8o).

    4. Israël Harvet, médecin d’Orléans partisan de la chimie, avait pronostiqué la mort de la jeune fille, mais elle guérit (ressuscita) de son anorexie.

    5. V. notes [53] et [54], lettre 166, pour les commentaires de Claude i Saumaise et de Jean ii Riolan sur cette maladie et sur ce livre.

7.

La charge de grand maître de l’Artillerie « est d’une grande autorité ; le grand maître a la surintendance sur tous les officiers de l’Artillerie, il fait faire les poudres et fondre l’artillerie, ordonne de sa conduite dans les marches d’armées, et des batteries aux sièges des villes et places, a pouvoir sur tous les arsenaux de France, et sa juridiction < est > l’Arsenal de Paris » (le P. Anselme, cité par H. Pinoteau, Dictionnaire du Grand Siècle).

8.

Charles de La Porte, duc et maréchal de La Meilleraye (Paris 1602-ibid. 8 février 1664) était petit-fils d’un apothicaire de Parthehay (Poitou), surnommé La Porte, et son père, François de La Porte, d’abord avocat à Paris, était entré dans l’Ordre de Malte et était devenu grand prieur. Certains ont vigoureusement contesté cette filiation des La Porte. Les ennemis de Richelieu, dont la mère, tante de Charles de La Meilleraye, était une La Porte, ont pourtant pris un malin plaisir à faire descendre l’illustrissime Éminence d’un apothicaire.

Quoi qu’il en soit, la parenté du cardinal ministre devait ouvrir à son cousin toutes les voies des honneurs. En 1627, La Porte, qui avait suivi la carrière des armes, avait été mis à la tête d’un régiment et avait pris part au siège de La Rochelle (v. note [27], lettre 183). En 1630, il avait été nommé capitaine des gardes de la reine mère, en récompense de sa belle conduite au Pas de Suse (v. note [11], lettre 18) et à Carignan. Deux ans plus tard, il était devenu lieutenant général de Bretagne et du comté de Nantes. Créé grand maître de l’Artillerie puis maréchal de camp en 1635, il avait assisté à diverses actions sur la frontière allemande, servi en qualité de lieutenant général des armées du roi sous le prince de Condé en 1636, commandé en chef l’armée de Picardie en 1637. Il était alors à la tête de celle d’Artois pour prendre Lillers et Hesdin, et recevoir le bâton de maréchal des mains de Louis xiii à la suite de ce dernier exploit. Après divers succès remportés sur les Espagnols, il passa à l’armée de Champagne en 1640, prit part au siège d’Arras et força Aire à capituler. Ensuite, il fut nommé surintendant des finances (1649-1650), prit le commandement général de l’armée du Poitou et parvint à se rendre maître de Bordeaux. Il fut élevé à la dignité de duc et pair en 1663.

Le duc de La Meilleraye était aussi laid de figure que désagréable de caractère. Il s’était marié en 1630 avec Marie Coiffier-Ruzé d’Effiat, dont il eut un fils, Armand-Charles, qui épousa Hortense Mancini, et devint duc Mazarin et de La Meilleraye. Veuf en 1633 La Meilleraye s’était remarié en 1637 avec Marie Cossé de Brissac, qui était aussi belle que sage : poursuivie par les sollicitations de son cousin, le cardinal de Richelieu, elle lui échappa en s’exilant en Bretagne et ne revint à Paris que lorsqu’elle sut que le galant prélat s’était sérieusement épris d’une autre beauté (G.D.U. xixe s.).

9.

Première des deux guerres des Évêques (Bishops’ wars), v. note [11], lettre 45.

10.

Isaac-Manassès de Pas, marquis de Feuquières (Saumur 1580-Thionville 1640), général et diplomate français, avait reçu en 1637, conjointement avec le duc de Saxe-Weimar, le commandement d’une armée d’Allemands dans la guerre contre l’empereur. Louis xiii l’envoyait alors faire le siège de Thionville avec un corps d’armée qui ne dépassait pas 8 000 hommes. Attaqué par Piccolomini, général des Impériaux (v. note [12], lettre 418), il eut le bras cassé et tomba entre les mains de l’ennemi après avoir vaillamment soutenu deux attaques dans la même journée. Le roi négocia sa rançon. Au bout de neuf mois, il allait être rendu à la liberté, lorsqu’il mourut à Thionville. (G.D.U. xixe s.).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 14 mai 1639

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(Consulté le 26/04/2024)

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