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Séance du mercredi 20 octobre 2004
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TRANSPLANTATIONS A PARTIR DE DONNEURS VIVANTS 15h00-17h00 - Les Cordeliers Modérateur : Henri BISMUTH
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Résumé En France en 2002, l’activité de transplantation rénale à partir de donneur vivant représente 4,8 % des transplantations rénales : cette proportion est stable depuis 1975 malgré la pénurie d’organes prélevés chez des patients en mort encéphalique et l’augmentation régulière de l’âge de ces donneurs. Seules 50 % des 36 équipes de transplantation rénale pratiquent ce type d’activité et cinq groupes totalisent à eux seuls 55 % des 108 transplantations rénales réalisées à partir de donneurs vivants en 2002. Pourtant l’avantage pour les receveurs est actuellement bien reconnu, la durée de demi-vie des greffons étant de 12 ans pour les organes prélevés chez des patients en mort encéphalique, de 20 ans lorsque le donneur apparenté est HLA semi-identique et de 36 ans lorsqu’il est HLA identique. Dans notre pays, la limitation du recours au donneur vivant est essentiellement liée à un cadre législatif restreignant le prélèvement au couple donneur-receveur parents au premier degré et à la crainte de voir se développer chez le donneur des pathologies médicales ou chirurgicales obérant son avenir. Pourtant l’ensemble de la littérature médicale des quinze dernières années démontre de manière indiscutable, en dehors du risque péri opératoire chiffré à 0, 03 %, l’absence d’effet délétère à moyen et long terme du don d’un rein. Les discussions concernant la greffe rénale à partir de donneur vivant sont actuellement centrées sur le plan chirurgical, au débat comparant les avantages et inconvénients respectifs des prélèvements par voie incisionnelle ou coelioscopique et, sur le plan éthique, par les propositions d’élargissement du pool des donneurs actuellement soumises aux législateurs. Enfin, la revue de la littérature concernant l’avenir des donneurs met en évidence l’insuffisance du suivi : en effet, seuls 50 % des donneurs consultent régulièrement pour le suivi de leur rein unique.
Abstract In 2002, in France 4.8% of kidney transplants were harvested from living donors. Despite the penury of organs from brain death donors and the steady growth of the average age of donors, this percentage has remained stable since 1975. Only 50% of the 36 French kidney transplantation teams perform that kind of surgery, considering that 5 teams performed 55% of the 108 kidney transplantations from living donors performed in 2002. However, the benefit of such a surgery is now generally acknowledged for the recipient. Indeed, the estimation of graft half-lifetime is 12 years in case of organs from brain death donors, 20 years in case of organs from a semi-identical HLA relative, and 36 years in case of organs from an HLA identical sibling. In our country, transplantation performed from living donors has been limited mostly because of a very constraining legal procedure limiting transplantations to direct relatives, and because of the fear that donors may later develop medical or surgical pathologies with a risk of threatening their future health. However, all research papers and studies over the past fifteen years have demonstrated that apart from perioperative mortality (0,03%), there is neither mid-term nor long-term negative effect to donate a kidney. As far as kidney transplantation from living donors is concerned, the debates currently focus on the surgical issue of comparing the benefits and drawbacks of both incisional and coelioscopical surgery. The ethical debate focuses on the propositions made to the legal system to extend the pool of potential donors. The review of the research studies examining the future of donors emphasizes the global insufficiency of their follow-up, only 50% of them having a regular check up on their single kidney.
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Transplantations hépatiques à donneurs vivants : état des lieux en France et en Europe.
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WOLF P, ADAM R (Strasbourg, Villejuif) Résumé/Abstract
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Résumé La transplantation hépatique à donneur vivant est une réponse chirurgicale à la pénurie en greffons hépatiques. Cette pénurie ne cesse de progresser puisque les 833 greffes réalisées en France en 2003 n'ont couvert les besoins que de 54.9% des 1518 candidats à la greffe hépatique. Alors que la durée médiane d'attente de la greffe hépatique a augmenté significativement de 2.8 mois pour la cohorte des patients inscrits en 1993-1995, à 4.2 mois pour la cohorte 2002-2003, la transplantation hépatique à donneur vivant s'efforce de réduire la mortalité en liste d'attente (100 patients décédés en 2003) et de limiter la morbidité de la greffe chez les patients dont la situation clinique dégrade souvent considérablement lors de l'attente du greffon. Pourtant son développement reste quantitativement limité. Quarante deux greffes à donneur vivant ont été réalisées en France en 2003 (5% de l'ensemble des greffes de foie), et leur nombre tend même à diminuer régulièrement depuis l'an 2000 où il culminait à 52 greffes. La technique est concentrée entre les mains de 6 équipes dont 4 véritablement actives, Paul Brousse, Beaujon, Kremlin-Bicêtre et Lyon Edouard Herriot. A titre de comparaison, on observe une dispersion plus grande de la technique en Europe, 47% des centres européens y ayant recours en juin 2003, pour réaliser seulement 2.7% de l'ensemble des transplantations. La tendance à l'utilisation du foie droit se confirme, cette technique concernant 30 des 31 greffes réalisées en 2003 au bénéfice d'un receveur adulte. Le carcinome hépato-cellulaire représente l'indication majoritaire chez l'adulte (26 %), traduisant l'urgence de la greffe face à la menace de la progression tumorale. Suivent la cirrhose virale C (19%) et la cirrhose alcoolique (17%). Les relations de parenté entre donneurs et receveurs sont équilibrées, dans 26% des cas il s'agit des parents des receveurs, des frères ou sœurs dans 21% des cas, des enfants majeurs dans 29% des cas. Le prélèvement chez le conjoint suit une progression régulière, atteignant 24% de l'ensemble des donneurs en 2003, alors que les lois bioéthiques en vigueur limitent encore le recours au conjoint aux situations d'urgence. Les résultats de la transplantation hépatique à donneur vivant ont été étudiés dans la série européenne. Chez les enfants, la survie est meilleure avec les greffons de donneurs vivants (79% à 5 ans) qu'avec les greffons entiers de donneurs décédés (69%), et qu'avec les greffons issus de partages (62%). Chez les adultes, la survie est supérieure avec les foies de donneurs décédés (63% à 5 ans), alors qu'elle n'est que de 58% avec les greffons issus de donneurs vivants. La mortalité chez le donneur (4/1287 : 0.31% dans la série européenne) et les complications post-opératoires après prélèvement du greffon (15% dans la même série) figurent au premier plan des points sensibles limitant le développement de cette technique.
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Résumé Les plus récentes informations en provenance de l’Etablissement Français des Greffes (EFG) font apparaître que le problème du consentement au prélèvement d’un organe sur une personne en état de mort encéphalique en vue de sa greffe sur un malade, en bref, le don d’organe, se heurte désespérément dans notre pays à des blocages psychologiques, philosophiques, mais également matériels. Comment expliquer que perdure cette frilosité de nos concitoyens à l’égard de ce geste qui peut sauver une vie ? Le taux d’opposition au prélèvement chez les personnes en état de mort encéphalique demeure autour de 1 sur 3 (32%). En 2003, seulement à peine une personne sur deux en état de mort encéphalique récente a été prélevée. Les listes d’attente demeurent impressionnantes (6597), et le nombre de décès annuels (243) observé chez ces malades en attente de greffe, bien que stable, est inacceptable. Les comportements de plus en plus individualistes observés au sein de notre société, officialisés par la notion « d’autonomie de la personne » expliquent l’indifférence de beaucoup à ce qui devrait être perçu comme un problème prioritaire de santé publique. Mais encore la transplantation d’organe ne ferait-elle pas partie des soins dont l’efficacité est reconnue ? En fait, la question n’a jamais été posée en ces termes, pas plus qu’ont jamais été entreprises les évaluations rigoureuses en termes économique et de qualité de vie que le CCNE (Comité Consultatif National d’Ethique) réclame depuis 1988 dans son rapport intitulé « Aspects éthiques des choix collectifs en matière de santé ». Pourquoi la recherche d’une solution à la pénurie de dons d’organes demeure t-elle de la seule initiative des médecins et des associations de malades, puissamment relayés, il est vrai par l’EFG, mais pas pour autant plus écoutés des responsables politiques et de ceux qui répartissent les moyens ? Si l’on exclut toute idée de commercialisation des greffons, pour nous éthiquement inacceptable, diverses orientations techniques nouvelles tentent de compenser la pénurie de don d’organes prélevés sur des personnes en état de mort encéphalique : prélèvement sur donneur vivant, prélèvement sur « coeur non battant ». Elles soulèvent elles-mêmes de difficiles interrogations éthiques. En fait il n’y a pas de solution valable et durable sans un choix formel de notre société, un choix collectif déterminé, et la volonté correspondante des politiques de la faire accepter, voire de l’imposer. Une réforme de la Sécurité sociale incluant la notion du « panier de soins et services » eut été une bonne occasion d’y placer les transplantations d’organes, d’autant qu’il ne s’agissait pas d’un problème de coût mais seulement du choix préférentiel d’une thérapeutique validée basée sur la solidarité. Hélas, cette réforme espérée et trop longtemps attendue ne semble plus à l’ordre du jour.
Abstract Most recent information from the EFG (Etablissement Français des Greffes, French Transplant Organization) reveals that the issue related to the consent to an organ procurement from a person in a state of encephalic death in order to transplant it on a patient is desperately confronted to psychological, philosophical but also material barriers. How can we explain this persistent reluctance of our fellow citizens to an act which can save lives? Transplants from people in a state of encephalic death are still being opposed at a rate of one out of three (32%). In 2003, removal of an organ was done on barely one out of two people in a state of recent encephalic death. Waiting lists are impressive (6597), and the number of annual deaths (243) of patients waiting for transplants, even though stable, is unacceptable. Our society’s increasingly individualist behaviours, which are supported by the notion of “individual autonomy”, explain this widespread indifference to an issue that should be considered as a major public health priority. Is organ transplantation not yet acknowledged as efficient? In fact, this question has never been truly addressed, and since 1988, in a report named “Aspects éthiques des choix collectifs en matière de santé” (Ethical aspects of collective choices in health matters), the CCNE (National Consultative Bioethics Committee) has been requesting thorough evaluations, from an economic angle as well as in terms of quality of life, which have never been launched. Why are doctors and patients’ associations, although well supported by the EFG, the only ones to take initiative in finding a solution to the shortage of organ donations, and why are they not heard by politicians and by those who distribute means? If one excludes all possibility of commercialization of transplants, ethically unacceptable to us, several new technical orientations try to compensate the shortage of organ donations from people in a state of encephalic death: living donation, non-heart-beating donation. These possibilities themselves raise difficult ethical issues. In fact, without a formal choice of our society, a determined collective choice, and the politicians’ wish to have it accepted or even imposed, there are no valuable and durable solutions. A healthcare reform would have been a good opportunity to include organ transplantations, especially since the issue was not about the cost but rather about a preferential choice for a validated treatment based on solidarity. Unfortunately, this reform, which we have long been hoping for and expecting, does not seem to be the topic of the day anymore.
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Résumé Pour être en phase avec les citoyens, le droit devrait pouvoir réguler l’ordre social avec un temps d’avance, du moins en même temps que l’évolution des pratiques. Or, le droit est souvent en retard. Il régularise plutôt qu’il ne devance les moeurs. Les progrès des sciences et des techniques, sur le vivant particulièrement, sont si rapides, mais en même temps si difficilement maîtrisables, qu’il devient malaisé aux représentants de la Nation, de les intégrer pleinement à la loi. Ainsi sommes-nous contraints à des lois expérimentales ? Le cas des greffes à partir de donneurs vivants dans le cadre des lois dites de bioéthiques en est un vibrant exemple. Cette technique habituellement peu développée en France à la différence de certains pays nordiques est placée depuis quelques années sur la sellette. Elle trouve chez nombre de chirurgiens ses défenseurs en raison des meilleurs résultats obtenus sur les greffés en termes de taux de survie (programmation de l’opération, greffon sans ischémie, meilleure compatibilité, même si elle n’est qu’ « affective »,…). Elle apparaît ainsi comme l’alternative aux transplantations cadavériques qui ne permettraient pas de sauver suffisamment de vies au regard du nombre croissant de décès des patients en liste d’attente faute de greffons disponibles. Cependant la route est longue pour inverser la tendance, ne serait-ce que pour la compléter, d’autant que c’est du côté du donneur et non du receveur que se dressent tous les problèmes juridiques. Le droit, conscient des difficultés que fait naître cette procédure chirurgicale, s’interroge. Deux séries de questions se posent aux juristes : d’un côté, celle générale, théorique qui concerne avant tout la technique du prélèvement qu’elle soit pratiquée sur une personne en état de mort encéphalique ou sur une personne vivante. Il s’agit « des droits sur le corps humain » qui constituera notre première partie où nous traiterons les questions suivantes : Qui est propriétaire du corps humain, qui peut en disposer et quelles sont les limites qui autoriseraient à y porter atteinte ? De l’autre côté, celle spéciale, pratique qui porte uniquement sur le prélèvement à partir de donneurs vivants. Il s’agit « des devoirs à l’égard des donneurs » qui constituera notre seconde partie où nous traiterons les questions suivantes : quelle composition du cercle des donneurs potentiels, quelle protection autour du consentement du donneur et de la santé de ce dernier après le prélèvement.
Abstract In order to be accepted by citizens, law should plan social order in advance, at least at the time when customs are changing. Nevertheless law is often behind the times. It is able to regulate habits rather than to anticipate them. Scientific and technical progress, especially when it is biological, is so fast, but so difficult to control, that it becomes uneasy for the legislator to fully integrate it into the law. So we are restricted to experimental laws! This is the case as far as living donor transplantations are concerned by bioethical laws. This technique, which is rarely developed in southern Europe, in contrast with some northern countries, is now being discussed. Many surgeons promote this technique for the excellent results in terms of the survival rate (the schedule of surgeries, transplants without ischemia, better compatibility - even if it is only “emotional”- and so on). Living transplantations appear as the alternative to cadaveric ones. These are not sufficient to save enough patients registered on the waiting lists from death due to the lack of available transplants. However the road will be long to reverse the common practise, even to complete it, especially because legal problems come from the donor’s side. Aware of the difficulties inherent to this new surgical process, legal authorities wonder what to do. Lawyers have to answer two types of questions: on the one hand, the general question concerns essentially whether to take the organs from dead bodies or from living ones theoretically. This is about “the rights on the human body”. Who is the owner of the human body whether alive or dead? Who is able to dispose of it and what are the limits of such authorisations? On the other hand, the specific and practical question concerns only the removal from living bodies. It is about “the duties which concern the donors”. Who belongs to the potential donors’ community? What kind of protection is there for the donor after organ removal?
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Résumé Oui, il faut légiférer pour protéger le donneur vivant. Avec la loi Caillavet, (1976), la France fut le premier pays à le faire. Depuis, d'autres textes sont venus s'ajouter dont les plus significatifs sont les " lois bioéthiques " de 1994 et la loi " bioéthique" révisée du 6 août 2004. Celle-ci fixe un cadre que les médecins doivent respecter et compléter. Le premier devoir des médecins est de s'assurer que la décision du donneur a été prise en toute autonomie. L'évaluation médicale et psychologique du donneur, son information sur les risques qu'il encourt, les avantages pour le receveur et les résultats de la transplantation sont indispensables. Le donneur devra connaître les conditions de son suivi médical, dont les centres de transplantation fourniront les données au registre des donneurs vivants prévu par la loi. Oui, il faut légiférer pour éviter le commerce d'organes que certains économistes européens soutenus par des médecins souhaiteraient "légaliser" pour éviter les "dérives". Oui, il faut légiférer mais aussi faire en sorte que la loi soit réellement appliquée pour développer les prélèvements d'organes chez les sujets en état de mort cérébrale qui, seuls, représentent, l'avenir de la transplantation.
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