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Contrairement aux autres domaines de la chirurgie digestive, l’utilisation de la cœlioscopie pour la réalisation des résections hépatiques a eu un développement limité. Les raisons en sont la difficulté présumée et les risques hémorragiques et d’embolie gazeuse. Cependant avec l’expérience acquise et l’évolution technologique de l’instrumentation cœlioscopique, il semble exister une place pour la résection hépatique cœlioscopique dans certains cas sélectionnés. Nous rapportons ici nos premiers 20 cas.
Hépatectomies majeures en présence d'un ictère sans drainage biliaire préalable
La présence d'un ictère est considérée comme un facteur de risque important avant une hépatectomie et justifie pour de nombreux auteurs un drainage biliaire préopératoire. Cependant, cette méthode comporte des inconvénients (infection, déplacement, greffe tumorale). Treize malades ayant un ictère obstructif, en rapport avec une pathologie tumorale hépato-biliaire, ont eu une hépatectomie majeure sans drainage biliaire préalable (groupe 1). Chacun de ces malades a été apparié, à partir d'une base de données informatisée à 1 ou 2 malades ayant eu une hépatectomie équivalente mais n'ayant pas d'ictère préopératoire (groupe 2, 18 malades). La comparaison des deux groupes a montré dans le groupe 1, une augmentation de la durée opératoire, du besoin transfusionnel et de la morbidité. Il y a eu un décès dans le groupe 1 et aucun dans le groupe 2. Avec un risque opératoire acceptable le drainage biliaire préopératoire peut être omis chez la plupart des malades devant avoir une hépatectomie en présence d'un ictère obstructif.
Résultats à long terme de la transplantation hépatique avec conservation de la veine cave inférieure.
Les résultats à court terme de la transplantation hépatique avec conservation de la veine cave inférieure sont équivalents à ceux de la technique conventionnelle comme cela a été rapporté par nous-mêmes et d’autres auteurs. Cependant les résultats à long terme de ce type de réimplantation hépatique (en particulier sur la circulation de retour veineux hépatique) n’ont pas été jusqu’à présent étudiés. 90 patients ayant eu une transplantation hépatique avec conservation de la veine cave et ayant plus d’un an de recul ont été étudiés. L’exploration a comporté un angioscanner hélico•dal, un écho-doppler et, lorsque l’hémostase le permettait, une biopsie hépatique. Ces résultats ont été comparés à ceux de 30 patients ayant eu une transplantation hépatique avec la technique conventionnelle. Les résultats suivants seront présentés : flux dans la veine cave inférieure et les veines sus-hépatiques, incidence de la thrombose de l’extrémité inférieure de la veine cave du greffon et retentissement éventuel de ce mode de retour veineux sur l’histologie hépatique.
Exclusion vasculaire du foie avec préservation du flux cave au cours des résections hépatiques.
L'exclusion vasculaire du foie (EVF) est la méthode la plus complète de clampage vasculaire en vue d'une résection hépatique. Dans sa description, elle nécessite un clampage de la veine cave rétro hépatique, ce qui entraîne une baisse du débit cardiaque et de la pression artérielle. Une autre méthode consistant à clamper le pédicule hépatique et les veines sus hépatiques constitue une EVF avec préservation du flux cave. Cette méthode présente 3 intérêts : 1) éviter le clampage de la veine cave et ses conséquences hémodynamiques ; 2) possibilité de clampage intermittent; 3) possibilité d'exclusion vasculaire limitée à une partie du foie (EVF partielle). De Juin 1996 à Juin 1998, 40 patients ont eu une résection hépatique sous EVF avec préservation du flux cave. Il s'agissait d'une EVF totale (clampage du pédicule hépatique et de toutes les veines sus hépatiques principales) dans 20 cas, et d'une EVF partielle (clampage de la ou des veines sus hépatiques du territoire intéressé par la résection). Le clampage vasculaire était continu dans 22 cas et intermittent dans 18 cas. Cette méthode était associée à une parfaite stabilité hémodynamique chez tous les patients. La médiane de transfusion sanguine était 0 (0 à 4 unités) et 70% des patients n'ont reçu aucune transfusion sanguine au cours de l'hospitalisation. Il n'y a eu aucun décès postopératoire et la morbidité a été de 16% avec une durée médiane d'hospitalisation de 10 jours. L'EVF avec préservation du flux cave est une alternative sûre et efficace à l'EVF avec clampage cave, utilisable pour les tumeurs n'envahissant pas la veine cave.
Prise en charge actuelle des tumeurs bénignes du foie chez la femme jeune
De 1995 à 1999, 127 femmes porteuses d’une tumeur bénigne du foie ont été prises en charge. Un diagnostic d’hyperplasie nodulaire focale (HNF) a été porté dans 96 cas (76 %) par l’imagerie seule. Dans les 31 cas restants (24 %), un examen histologique a été nécessaire car l’imagerie ne permettait pas de porter le diagnostic d’HNF. La méthode employée comportait une biopsie chirurgicale à l’aiguille obtenue au cours d’une cœlioscopie et assortie d’un examen histologique extemporané. La performance de cette méthode dans le diagnostic de l’HNF montrait une sensibilité de 78 % et une valeur prédictive positive de 100 %. Au total, sur l’ensemble de la série, le diagnostic d’HNF a été porté dans 93 % des cas et celui d’adénome hépatique dans 7 % des cas. Tous les adénomes (8 cas) ont été réséqués. Seules 13 % des 113 HNF ont été réséquées. Cette attitude a permis d’obtenir un diagnostic dans 100 % des cas, par l’imagerie seule dans 80 % des cas, par une biopsie dans 10 % et par l’exérèse dans 10 %. Ainsi, ces femmes jeunes peuvent avoir un diagnostic de certitude évitant ainsi des exérèses hépatiques inutiles ou des surveillances prolongées également inutiles et entravant la qualité de vie de ces patientes.
Prélèvement du lobe gauche par laparoscopie chez le donneur vivant : étude cas-témoin chez 22 donneurs.
L'objectif de l'étude était d'évaluer la laparoscopie pour le prélèvement du lobe gauche pour transplantation hépatique. Méthode : Étude cas-témoin comprenant 22 donneurs consécutifs dont 10 réalisés par laparoscopie. Résultats : Les donneurs étaient comparables (âge, sexe, poids, volumétrie). Une laparoscopie a été convertie pour plaie de la branche porte gauche. La durée opératoire était allongée par laparoscopie (355 vs 256 min, p < 0.05) mais les pertes sanguines étaient diminuées (11,1 ± 33 ml vs 216 ± 180 ml, p < 0.05). Le poids du lobe obtenu par laparoscopie était plus faible (238 ± 42g vs 289 ± 50g, p < 0.05) mais plus proche de la volumétrie (257 ± 99 cc). Le nombre de canaux biliaires était identique. Un cholépéritoine a nécessité une réintervention après laparoscopie. La morbidité et la durée d'hospitalisation étaient similaires. Conclusion : le don de lobe gauche par laparoscopie est faisable, diminue les pertes sanguines. Le greffon est équivalent à celui obtenu par laparotomie.
De 1996 à 2005, 129 résections hépatiques coelioscopiques ont été réalisées (24 % des 538 hépatectomies faites pendant la même période). Celles-ci ont comporté 41 lobectomies gauches, 26 uni ou bi segmentectomies, 22 hépatectomies majeures, et 40 résections non anatomiques. Les lésions étaient bénignes dans 53 cas (41%) et malignes dans 74 (59%). Le taux de conversion a été de 12% et celui des transfusions de 5,4%. La mortalité a été nulle et la morbidité de 20%. Au terme de cette expérience, il apparaît que nous pouvons recommander les indications suivantes : (1) les lobectomies gauches (y compris dans le cadre d’un don intra familial), (2) les lésions périphériques relevant d’une résection limitée et (3) la résection des carcinomes hépatocellulaires périphériques sur cirrhose. La coelioscopie ne peut être recommandée aujourd’hui pour les tumeurs volumineuses. Les résections majeures nécessitent une poursuite d’évaluation.
De 1997 à 2007, parmi 698 résections hépatiques réalisées à l’hôpital Henri Mondor, 159 (23%) ont été faites par une voie d’abord coelioscopique. Méthodes : Les critères de sélection étaient liés au siège et à la taille des lésions. Il s’agissait essentiellement de lésions localisées dans les segments antérolatéraux du foie (segments 2 à 6) et d’une taille inférieure à 50 mm. Dans la seconde partie de l’expérience des hépatectomies majeures ont été faites pour des lésions plus profondément situées. Il s’agissait de 84 femmes et 75 hommes. Les indications étaient une lésion bénigne dans 65 cas (40%) et maligne dans 94 cas (60%). Pour les lésions bénignes les indications les plus fréquentes étaient les tumeurs bénignes hépatocytaires symptomatiques ou de diagnostic douteux (adénomes et les hyperplasies nodulaires focales (40 cas). Parmi les lésions malignes il y avait 60 carcinomes hépatocellulaires sur cirrhose et 20 métastases de cancers colorectaux. La taille des tumeurs était 44 mm (extrêmes 4 – 170 mm). La technique comportait 5 trocarts, un pneumopéritoine, une section parenchymateuse utilisant une combinaison de scalpel harmonique, de dissecteur ultrasonique et d’agrafeuses automatiques. Un clampage pédiculaire intermittent était utilisé si nécessaire. La pièce était extériorisée dans un sac protecteur. Une assistance manuelle a été utilisée dans 14 cas (9%), les autres cas ayant fait l’objet d’une coelioscopie pure. Résultats : Les interventions ont consisté en une hépatectomie majeure (≥ 3 segments) dans 27 cas (17%) et une résection mineure dans 132 cas (83 %). Il s’agissait de 17 hépatectomies droites, 11 hépatectomies gauches, 52 lobectomies gauches, 37 uni ou bisegmentectomies et 43 résections atypiques. Le taux global de conversion en laparotomie a été de 10% (16 cas). Les causes de conversions étaient un problème hémorragique dans 10 cas et un défaut d’exposition ou de progression dans 6 cas. La durée opératoire moyenne a été de 204 minutes. Neuf patients (6%) ont reçu des transfusions sanguines. Il n’y a eu aucun décès postopératoire et la morbidité a été de 18%. La marge moyenne pour les tumeurs malignes était de 14 mm et il n’y a pas eu de récidive sur les orifices de trocart. Conclusions : Cette série démontre la faisabilité des résections chez des patients sélectionnés. Ces interventions nécessitent une expertise en chirurgie hépatique et en coelioscopie avancée ainsi qu’une instrumentation sophistiquée. Les avantages sont ceux de la chirurgie mini invasive ainsi que la facilitation d’éventuelles ré interventions telles qu’une nouvelle hépatectomie ou une transplantation hépatique.
La Transplantation du petit foie à partir du donneur vivant (LDLT)
Nous proposons que le risque d’insuffisance hépatique chez le donneur est plus important quand le foie droit est utilisé pour le greffon. Nous avons adopté comme préférence systématique le prélèvement du foie gauche pour la transplantation du receveur adulte. Le problème déviant la taille du greffon chez le receveur. Nous présentons l’expérience avec 150 transplantations LDLT depuis 2002 comprenant 92 foies droits (RL), 25 foies gauches (LL), et 33 greffons latéraux gauches (LL). Nous avons analysé les aspects biologiques et techniques chez le donneur et le receveur, et les résultats. RL mesurait 830 grammes en moyenne, LL, 507 grammes. Le ratio du greffon/taille du receveur était 1.12% pour les RL et 0.81% pour LL. La fonction hépatique précoce était meilleure pour les donneurs du LL. La fréquence de Bili Totale > 5mg/dl et INR > 2 était 13 et 17% chez RL et 0% chez les donneurs LL. La durée d’hospitalisation fut plus courte chez les LL, tandis que la durée pour les receveurs fut plus longue pour les LL: 13 pour RL vs 18.5 pour LL. Les fuites biliaires furent plus fréquentes chez les receveurs de RL. Il n’y avait pas de différence de survie des patients, 96% pour LL à un an et 91% pour RL à un an. Nous proposons que le greffon gauche sera préféré lorsque les problèmes du petit foie seront adressés avec des interventions fonctionnelles et biologiques.
Intervenant : Daniel JAECK
Résection hépatique par voie laparoscopique : où en sommes- nous? Ou allons-nous?
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La résection hépatique par voie laparoscopique (RHL) a connu des débuts lents et hésitants avec une utilisation limitée à quelques centres pionniers. Les raisons de ce développement plus timide que dans le reste de la chirurgie abdominale, ont été 1) une incertitude sur la sécurité de la procédure (risque hémorragique), 2) une incertitude sur la qualité carcinologique des résections, 3) des indications imprécises et 4) une formation limitée des chirurgiens hépatiques à la laparoscopie avancée. Cependant, ces limites ont été progressivement dépassées et on assiste depuis quelques années à un développement de la RHL, comme en témoignent une littérature croissante et une place croissante dans les congrès spécialisés. L’expérience croissante des équipes pionnières et les progrès technologiques ont permis de convaincre la communauté de la place réelle de la laparoscopie en chirurgie hépatique, en sachant cependant qu’aucune étude randomisée n’est à ce jour disponible.
La place de la RHL peut être classée par type d’intervention et par pathologie. Par type d’intervention, il est aujourd’hui acquis que la laparoscopie doit occuper une place centrale pour la lobectomie gauche et la résection de tumeurs périphériques de moins de 5 cm des segments 4 à 6. L’abord coelioscopique des segments plus difficiles d’accès (segments 1, 7 et 8) reste plus controversé et discuté au cas par cas. Les hépatectomies majeures par voie laparoscopique sont de plus en plus standardisées mais nécessitent une plus grande expérience et une sélection précise des indications, se limitant aux tumeurs peu volumineuses plutôt situées à distance du hile et de la veine cave. Plus récemment, des hépatectomies complexes (bisegmentectomie 5-8 ou 6-7) sont rapportées par un nombre croissant d’auteurs. Par pathologie, le carcinome hépatocellulaire est la tumeur pour laquelle la laparoscopie a été le plus rapportée. Les raisons en sont 1) le dépistage chez les sujets à risque, permettant le diagnostic à un stade précoce et 2) des arguments convaincants de la diminution de la morbidité chez le cirrhotique, par rapport à la laparotomie. Pour les métastases hépatiques, les données disponibles sont plus limitées. En effet, il s’agit fréquemment de lésions multiples nécessitant des interventions complexes. Cependant, dans des cas sélectionnés, les résultats semblent comparables à ceux de la chirurgie ouverte. Concernant la pathologie bénigne, l’abord coelioscopique doit être privilégié chez ces patients jeunes pour lesquels la réhabilitation et les aspects cosmétiques sont importants, alors qu’une marge carcinologique n’est pas nécessaire. Cependant, il est essentiel de ne pas recourir à une inflation de la résection des lésions bénignes, dont les indications ne doivent en aucun cas être modifiées par la disponibilité de l’abord mini-invasif.
De nouvelles méthodes sont aujourd’hui disponibles, telles que le trocart unique, le robot et la caméra tridimensionnelle. La chirurgie par trocart unique n’a pour l’instant pas montré d’avantage spécifique. Bien que disponible depuis plusieurs années, le robot n’a pas encore trouvé sa place ou démontré ses avantages. Ceci peut être lié à une disponibilité limitée de cette technologie et un nombre croissant de publications, essentiellement descriptives, voit le jour. Il convient donc de rester vigilant aux apports de cette technologie. La caméra tridimensionnelle (le robot comporte la visions 3D pour le chirurgien uniquement, la caméra 3D la rend disponible pour toute la salle), est une technologie naissante dont il conviendra également d’en suivre les progrès et les apports.
Au total, malgré un développement relativement lent, la chirurgie hépatique par voie laparoscopique arrive à un certain degré de maturité tant sur la technique que les indications. Ses avantages, très loin de se limiter à des considérations cosmétiques, comportent entre autres la réhabilitation précoce, un accès plus rapide à la chimiothérapie, la facilitation des réinterventions. Les progrès viendront de la maitrise croissante de la technique, des progrès technologiques et d’une nouvelle génération de chirurgiens qui la portera sans doute à un niveau plus élevé.
Petit greffon et petite incision dans la transplantation hépatique à donneur vivant chez l’adulte : Transfert du risque du donneur vers le receveur
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Contrairement aux receveurs pédiatriques chez lesquels un greffon composé du lobe gauche du foie est suffisant, les adultes ont besoin de greffons de plus grande taille (classiquement 1% de leur poids corporel). Après des tentatives d’utilisation du foie gauche entier (segments 2, 3 et 4±1) dans les années 90, le prélèvement du foie droit, représentant 60 à 70% de la masse hépatique, s’est rapidement développé. Cette expérience s’est développée de façon majoritaire an Asie où l’utilisation de donneurs en état de mort encéphalique a été longtemps interdite, et reste aujourd’hui très limitée. Ces techniques ont également été utilisées à une plus faible échelle dans les pays occidentaux, en raison de la pénurie croissante d’organes provenant de donneurs décédés. La sécurité du donneur est bien sur la priorité. Malgré la capacité unique du foie à régénérer, la morbidité du prélèvement hépatique sur donneur vivant se situe autour de 20% et surtout une mortalité de 0.1 à 0.5% a été rapportée. Les rares décès sont survenus essentiellement après le prélèvement du foie droit. Ces éléments ont conduit à un déclin de la greffe à donneur vivant adulte aux Etats-Unis et en Europe. L’aggravation de la pénurie d’organes pourrait cependant entrainer un regain d’intérêt dans ces pays. Par ailleurs, l’hépatectomie sur donneur vivant nécessite une longue incision sous costale droite, plus ou moins étendue à gauche, qui participe à la morbidité de l’intervention. Au cours des 20 dernières années, la chirurgie mini-invasive a été développée dans tous les domaines de la chirurgie abdominale et le prélèvement rénal sur donneur vivant par voie laparoscopique est devenu le standard. Certains chirurgiens ont exploré cette voie pour le prélèvement hépatique sur donneur vivant. Nous avons réalisé le premier prélèvement hépatique laparoscopique pour transplantation pédiatrique à Paris en 2001. L’intervention consiste à prélever le lobe gauche (segments 2 et 3) chez de jeunes parents en bonne santé par voie laparoscopique pure et avec extraction du greffon par voie sus pubienne. Nous avons rapporté les 2 premiers cas en 2002 (1) puis une série de 16 cas en 2006 (2) et l’expérience française regroupe actuellement 70 cas (3). A ce jour, la procédure reste limitée à quelques centres Villejuif, Paris, Seoul (4), New York (données non publiées). Aucun décès n’a heureusement été rapporté, la morbidité des donneurs a été minime et les greffons ainsi prélevés ont donné des résultats équivalents à ceux obtenus par voie ouverte. Dans le cas de la greffe adulte, la situation est très différente du fait de la plus grande masse parenchymateuse rendant plus difficile le prélèvement par voie laparoscopique. En 2006, l’équipe de Nothwestern University à Chicago, a rapporté l’utilisation d’une méthode hybride de prélèvement de foie droit pour l’adulte (4). Celle-ci consistait en une mobilisation hépatique coelioscopique suivie d’une courte incision médiane pour l’hépatectomie proprement dite. Cette technique a également été utilisée, entre autres, à Morioka au Japon (5), à Columbia University de New York (6) et plus récemment dans notre centre. Cette technique est applicable au prélèvement du foie gauche ou du foie droit. Il n’est pas possible de connaitre le nombre exact d’interventions réalisées, par manque de données publiées, mais on peut estimer ce chiffre à environ 200. Il y a eu un décès possible aux Etats-Unis en 2010. D’autres auteurs ont également poursuivi la méthode totalement laparoscopique pour l’adulte (5, 8). Parallèlement, dans un effort de réduction du risque chez le donneur, la règle du rapport poids du greffon/poids du receveur a été remise en question et des succès ont été obtenus pour des rapports aussi bas que 0.6% chez des receveurs sélectionnés ayant un MELD < 25 et peu ou pas d’hypertension portale : intentional small for size (« petit greffon intentionnel »). Une modulation du flux portal par ligature de l’artère splénique, splénectomie ou shunt portal cave partiel, est utilisée afin de prévenir les lésions liées à l’hyper débit portal. Il a été ainsi possible de contrôler le syndrome du « petit greffon » et d’excellents résultats ont été obtenus permettant la greffe de foies gauches chez un nombre croissant d’adultes. Ces prélèvements de foie gauche entier sont particulièrement adaptés à la voie d’abord hybride ou laparoscopique pure (5). De février 2013 à septembre 2014, 11 prélèvements hépatiques sur donneur vivant destinés à un receveur adulte ont été réalisés à l’Hôpital Paul Brousse par une méthode hybride : mobilisation du foie et dissection pédiculaire par voie coelioscopique suivie de l’hépatectomie proprement dite par une incision médiane sus omblicale de 14 à 16 cm. 9 d’entre eux ont consisté dans le prélèvement du foie gauche accompagné de la veine hépatique médiane. La morbidité chez les donneurs a été de 10%, comportant uniquement des complications de grade I ou II. Aucun donneur n’a été transfusé et aucun cas d’insuffisance hépatique observé. La durée d’hospitalisation médiane a été de 6 jours (3-8). Tous les donneurs ont eu un scanner avant leur sortie et aucune réhospitalisation n’est intervenue. Chez les receveurs, le rapport moyen poids du greffon/poids du patient était de 0.74% (0.48-0.9%) et la survie été de 100%. Deux retransplantations ont eu lieu, pour un small for size syndrome et une thrombose de l’artère hépatique (1 cas cacun). En conclusion, l’utilisation des techniques mini-invasives pour le prélèvement de greffons hépatiques sur donneur vivant reste limitée à quelques centres hautement spécialisés. L’approche totalement laparoscopique pourrait devenir le standard pour la greffe pédiatrique de lobes gauches. Pour l’adulte, l’abord hybride ainsi que l’utilisation de greffons gauches sont des voies prometteuses. L’avenir de la transplantation hépatique à donneur vivant pourrait être dans la réduction de la taille du greffon et la réduction de la taille de l’incision pour réduire la morbidité du donneur : « Petit Greffon – Petite Incision ». Ceci nécessite une haute technicité chirurgicale et une grande expérience du centre dans la prise en charge médico-chirurgicale des receveurs.
Commentateur : Jacques BELGHITI (Paris)
Hépatectomie en 2 temps versus ALPPS: comment choisir ? Two Stage Hepatectomy Versus ALPPS (Associating Liver Partition and Portal vein Ligation for Staged hepatectomy) : How to Choose ?
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Contexte: La technique récemment décrite du ALPPS (Associating Liver Partition and Portal vein Ligation for Staged hepatectomy) permet de s’affranchir du risque d’échec d’une stratégie en deux temps estimé entre 20 à 30% mais au prix d’un risque opératoire augmenté. Objectifs: Comparer la survie des patients avec métastases hépatiques colorectales (MHCR) multiples et bilobaires opérés soit par une hépatectomie en deux temps (HDT), soit par un ALPPS. Patients et Méthodes: Entre janvier 2010 et Juillet 2014, tous les patients (N = 59) avec MHCR initialement non résécable qui ont eu soit une HDT (N = 41) soit un ALPPS (N=18) au sein d’un même centre ont été inclus. Un ALPPS était préférentiellement indiqué en cas de petit volume de foie restant (ALPPS 23% vs HDT 28%; P=0,02). Un appariement avec score de propension selon un ratio 1: 2 a été réalisé en utilisant : l’âge, le sexe, l’indice de masse corporelle, le nombre et la taille maximale des tumeurs, le caractère synchrone, le taux d’ACE préopératoire, l’atteinte ganglionnaire de la tumeur primitive, l’atteinte extra hépatique et le type de même que la réponse à la chimiothérapie. L’analyse a été menée en intention de traiter, en incluant les échecs d’ HDT. Résultats : Sur la population de l’étude, le taux d’échec du groupe ALPSS était de 0% vs 37% dans le groupe HDT (P=0,002). Les taux de complications sévères étaient de 12% vs 38% (P=0,09), la mortalité à 90 jours de 0% vs 4,7% (P=0,24) et la survie globale à deux ans de 40% vs 77% (P=0,001) respectivement pour le groupe ALPPS et le groupe HDT après un suivi médian de 20 mois. L’appariement a permis d’obtenir une cohorte équilibrée de 45 patients (ALPPS : 15 – HDT 30). Le taux d’échec de HDT était de 30%. La morbi-mortalité ne différait pas de manière significative mais la survie globale à 2 ans restait significativement inférieure dans le groupe ALPPS comparé au groupe HDT (39% vs 74% ; P=0,002), en raison d’un taux de récidive plus élevé (0% vs 51% à un an; P=0,04). Conclusion: En intention de traiter, la faisabilité plus élevée du ALPPS ne se traduit pas par un résultat oncologique supérieur comparativement à une approche en deux temps, et ce malgré une mortalité periopératoire nulle dans le groupe ALPPS. Commentateur: François-René PRUVOT
Two Stage Hepatectomy Versus ALPPS (Associating Liver Partition and Portal vein Ligation for Staged hepatectomy) : How to Choose ?