L. 277.  >
À Charles Spon,
le 22 décembre 1651

Monsieur, [a][1]

Ce 7e de décembre. Je vous envoyai ma dernière le mardi 4e de décembre, maintenant je vous écris pour vous dire que depuis ce temps-là notre rivière a toujours grossi, mais de telle sorte que les habitants des ponts au Change [2] et Saint-Michel [3][4] ont belle peur et commencent à déménager. [1][5] On parle ici de deux grands mariages, dont l’un est celui du roi d’Angleterre [6] avec Mademoiselle, [7] fille aînée du duc d’Orléans. [2][8] L’autre est du duc d’York, [3][9][10][11] son frère, avec Mlle de Longueville, [12][13] laquelle est aussi fort riche. [4] On dit bien davantage et à quoi même il n’y a point davantage d’apparence, c’est que Cromwell, [14] qui est aujourd’hui reconnu le plus fort en Angleterre, s’en va marier sa fille avec le duc de Gloucester, [15][16] troisième fils du défunt roi Charles ier[17] et le rétablir en la place royale de feu son père ; nugis sed non ego credulus istis[5] De la sorte que vivent les princes, ils font bien du mal, néanmoins, ad accendam tyrannidis infamiam[6] ils se repaissent, ou au moins en font-ils semblant, des chétifs et misérables bruits qu’ils font courir eux-mêmes ; et hoc data opera, ut videantur boni, cum sint omnium mortalium, nequissimi atque deterrimi[7]

Le roi [18] et la reine [19] sont toujours à Poitiers, [8][20] le comte d’Harcourt [21] est à La Rochelle [22] avec les troupes du roi, et le prince de Condé [23] est à Surgères [24] avec des troupes prêtes à se battre ; [9] mais on croit que le prince retirera ses troupes delà, n’étant point assez fort pour empêcher la jonction des nouvelles troupes du roi qui viennent se joindre au comte d’Harcourt.

Le 9e de ce mois à neuf heures du soir, un carrosse fut attaqué par des voleurs. Au cri des attaqués, les bourgeois sortirent (c’était près de Saint-André-des-Arts). [10][25] On se défendit de part et d’autre, un des voleurs mis et couché sur le carreau, et un laquais de leur parti arrêté, les autres s’enfuirent. Ce blessé mourut le lendemain matin sans rien dire, sans se plaindre, sans dire qui il était. Il a été reconnu, c’est le fils d’un maître des requêtes nommé de Laubardemont [26] qui fut l’an 1633 le bourreau du pauvre curé de Loudun, Urbain Grandier, [27][28] qui le condamna à mort et fit brûler tout vif sous ombre qu’il avait envoyé le diable dans le corps de ces pauvres religieuses, que l’on faisait apprendre à danser afin de persuader aux sots qu’elles étaient démoniaques. [11] Ne voilà pas une punition divine dans la famille de ce malheureux juge d’enfer pour expier en quelque façon la mort cruelle et impitoyable de ce pauvre prêtre dont le sang crie encore vengeance ? Le laquais, qui est prisonnier, a reconnu le tué pour tel et a découvert les autres voleurs qui s’en sont fuis, l’un desquels est fils d’un conseiller[12]

Il court ici sur la place un billet que le cardinal Mazarin [29] a besoin de 200 000 é[cus,] qu’il offre bons gages et toute sorte d’assurances pour le fonds et pour les intérêts de ladite s[omme, et] de plus, qu’il s’offre pour remerciement de lui avoir fait prêter ladite somme, à celui qui [la lui fera] toucher, l’évêché de Poitiers, [13][30] pour faire connaître qu’il a encore grand crédit ch[ez la reine et] en son Conseil. Néanmoins, on croit ici que ce billet est supposé et qu’il ne vient [pas du Mazarin,] qu’il a été inventé par quelqu’un qui se veut moquer de lui. D’autres croient q[u’il est vrai, et que] le Mazarin est assez sot pour chercher de l’argent par telles voies. Nouvelles sont [ici arrivées que le] comte d’Harcourt a défait 500 chevaux au prince de Condé ; néanmoins, on [dit que le] nombre des tués n’est point grand. [14] M. Dupuy [31] l’aîné, [15] conseiller d’État et gard[e de la biblio]thèque du roi, est mort ici jeudi matin, 14e de décembre, âgé de 70 ans. C’était un excellen[t homme,] telles gens que lui ne devraient jamais mourir. On travaille ici à faire des épitaphes [en son] honneur. [16] On parle fort du retour du cardinal Mazarin, la male peste [17] eût-elle bien étouffé ce faquin qui est cause de tant de désordres. On dit ici, après les lettres qui viennent de Poitiers, que le roi s’en va à Niort, [32] puis à La Rochelle et delà à Angoulême. [33] On dit aussi que MM. de Châteauneuf [34] et le maréchal de Villeroy [35] s’en vont être disgraciés si le Mazarin revient à la cour, voire même qu’ils prendront leur congé avant qu’il n’y arrive ; mais son entrée dans le royaume est ici débattue fort problématiquement. [18] Pour réponse à la vôtre datée du 12e de décembre, que je reçus hier, je vous dirai que le jeune Chartier [36] ne sait où il en est. [19] Il n’a ni pain, ni souliers, il a sept procès notables : contre son propre père ; [37] contre la Faculté sa mère ; contre sa femme d’avec laquelle il est séparé, et son beau-frère ; contre la veuve de feu M. Cousinot [38][39] à laquelle il doit 4 000 livres ; [20] contre une garce à laquelle il doit 250 livres de rente par an pour la nourriture de deux enfants qu’il a avoués être siens avant qu’il fût marié et à laquelle il avait promis foi de mariage ; contre son propre frère, [40] pour un bénéfice qu’il lui a vendu et qui l’a revendu à un autre ; [21] et contre une femme qui a été son hôtesse, à laquelle il doit beaucoup d’argent. Cet homme ne doit qu’à Dieu et au monde, [22] il est gueux et n’a [plus un] sol, il n’a ni esprit, ni santé. Il cherche du secours chez M. Vautier [41] qui n’a jamais encore fait de bien à personne, pas même à ses propres : il n’est point jusqu’à son propre neveu, nommé Jacques Cotin, [42] qu’il n’ait laissé pendre pour fausse monnaie [43] à Châlons [44] l’an 1648, lequel avait déjà été condamné ici au même supplice pour le même crime, et qui fut sauvé du gibet par les pages de l’Écurie [45] et par une connivence de la Cour des monnaies [46] qui l’avait condamné. Ce M. Vautier est fort riche, mais il est le plus avaricieux homme du monde. Chartier est là mal adressé, cette connaissance de cour ne redressera point ses affaires ; mais quoi ! il fait comme un homme qui se noie, il se tient et attache à ce qu’il peut. Depuis la Saint-Martin, les chambres n’ont été employées que pour les affaires publiques ; après les fêtes, on parlera de lui au parquet et même à la Grand’Chambre s’il ne veut obéir et ne devient plus sage. [47] J’en ai entretenu M. le procureur général [48] et Messieurs les deux avocats généraux en particulier, savoir MM. Talon [49] et Le Bignon, [50] qui sont deux hommes incomparables. [23] Par provision d’arrêt, je vous avertis qu’il est plus que condamné, qu’il ne vient plus à nos Écoles [51] et qu’il n’oserait y venir, et qu’il est haï très cruellement et fort méprisé de tous ses compagnons : voilà ce qu’il a gagné. Il voudrait bien que ce fût à refaire, mais il faut qu’il en paie l’amende afin qu’elle serve d’exemple et qu’elle empêche les conséquences à l’avenir. Il ne donne pourtant point d’antimoine à personne, ni autre drogue, vu qu’il n’a nulle pratique.

Je vous remercie du paquet de lettres de M. Musnier [52] de Gênes [53] que m’avez adressé. J’ai reconnu sur le dos d’icelles que ledit paquet vous a coûté 20 sols de port, que j’ai mis sur ce que je vous dois avec autre chose, dont j’arrêterai le compte et paierai en même temps à M. Du Prat [54] qui s’y est offert ; mais je vous prie de me mander auparavant ce que je vous puis devoir de vieux et d’ailleurs ; et de plus, qu’est-ce que vous ont coûté les deux livres du P. Théophile Raynaud [55] que m’avez achetés depuis peu, avec le port d’iceux ? Et si vous avez encore le tout vers vous, vous pourriez les donner à M. Rigaud [56] qui a quelque autre chose à m’envoyer, à ce qu’il m’écrit.

Vous pourrez assurer M. Caze [57] que je suis son très humble serviteur et que M. Huguetan [58] l’avocat se porte très bien. [24] Quand il a été malade, je l’ai bien su et l’ai heureusement traité. Il nous fait la grâce de nous visiter assez souvent, il n’y a pas trois jours qu’il était céans. Il m’a promis de ne [po]int mourir qu’il me [fasse] héritier de [toute] sa science, je laisse […] M. Caze, […] héritiers […]. [25] M. Rigaud le libraire m’a fait l’honneur de m’écrire et de me mander comment il est arrivé fort heureusement à Lyon. Vous m’obligerez de le voir et le saluer de ma part ; et vous prie aussi de vous souvenir de regarder au traité de Calido innato et spiritibus, au chapitre auquel il [59] examine l’opinion de Fernel, [26][60] et d’en ôter tout ce qu’il y aura d’injures, en les effaçant tout simplement d’un trait de plume, afin que le livre étant imprimé et la copie m’étant rendue comme M. Rigaud m’a promis, je puisse voir et reconnaître ce retranchement. Excusez-moi de tant de peines que je vous donne ; j’espère que vous trouverez bon le dessein que nous avons pris de deçà d’en faire un in‑4o de cicéro. Si néanmoins, il vous semble que cela dût aller autrement, je suis prêt de passer à votre avis ; sinon, un in‑4o sera passable, de 60, 80 ou 100 feuilles, mais je ne crois point que la copie que j’ai délivrée puisse aller si loin. Et quoi qu’il en soit, au moins nos amis reconnaîtront que nous avons soin du profit du public et de la mémoire de l’auteur, qui a honoré son siècle de ses travaux, et du soin qu’il a apporté au choix des bonnes choses et à la recherche de la vérité. Notre rivière a baissé très heureusement, autrement tout s’en allait perdu. Nous en sommes délivrés pour ce coup ; on nous menace d’une autre recrue le mois prochain. Pour mon particulier, je ne crains presque rien, combien que je sois bien près de la rivière : l’an passé elle ne vint que dans notre cave d’en bas et néanmoins elle ne fut jamais si haute. [27][61] Notre quartier est fort rehaussé par-dessus le lit de la rivière, mais je plains fort en ce rencontre tant de pauvre monde qui pâtit innocemment. M. Rigaud me mande qu’il a un Petrarcha redivivus [62][63] à m’envoyer, [28] tâchez d’y mettre les deux livres du P. Th. Raynaud. Si vous avez lu et corrigé le livret de Gul. Puteanus [64] de medicamentis purgantibus[29][65] je pense que vous y avez bien marqué des fautes ; ce livret avait besoin de rencontrer un tel médecin que vous, je vous en remercie et vous prie de dire à M. Duhan [66] qu’il m’en envoie la première feuille quand il l’aura mis sur la presse. L’avis de M. Gras [67] est fort bon pour le traité de Sena de Mizaldus. [30][68] Je ferai tout ce que je pourrai pour le faire débiter de deçà, aussi bien que le livre de M. Sebizius, [69] je vous le promets [in sp]iritu et veritate[31][70] Vous me faites rougir de me dire que Mlle Spon [71] fait état de moi pour l’obligation qu’elle sait que vous m’avez. Informez-la mieux s’il vous plaît et lui dites de ma part que j’avoue que c’est moi qui vous en ai d’infinies ; et hoc ultro profiteor[32] j’ai même peur de partir sans en acquitter la dette. Je lui baise les mains de tout mon cœur, et à vous aussi, et vous supplie de croire tous deux que je serai toute ma vie, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Guy Patin.

De Paris, ce vendredi [22e de] décembre [1651].


a.

Ms BnF Baluze no 148, fo 12, « À Monsieur/ Monsieur Spon,/ Docteur en médecine,/ demeurant en rue Mercière,/ joignant l’enseigne de S. Pierre,/ À Lyon. », endommagée ; Jestaz no 58 (tome ii, pages 799‑805).

La date complète de la lettre n’est plus entièrement lisible, il s’agit d’un vendredi du mois de décembre, mais le quantième est effacé. Comme Guy Patin a écrit, vers la fin, avoir reçu la veille une lettre de Charles Spon datée du 12 décembre, et comme il fallait compter un minimum de quatre jours pour qu’un courrier parvînt de Lyon à Paris, le vendredi 15 décembre semble fort improbable, et il vaut mieux opter pour le vendredi 22 décembre ; cette date est identique à celle de la suivante que Patin a écrite à Spon, qui ne serait alors qu’un post‑scriptum de celle‑ci, placé dans la même enveloppe. Note de Spon au revers : « 1651./ Paris 22 décemb./ Lyon 26 dud./ Rispost./ Adi 9 Janu. 1652. »

1.

Ces deux ponts existent toujours : le Pont-au-Change joint la rive droite de la Seine à l’île de la Cité, et le pont Saint-Michel la rive gauche ; dans le prolongement l’un de l’autre ils sont réunis par l’actuel boulevard du Palais. À l’époque, ils étaient tous deux bordés de maisons que la montée du fleuve menaçait directement.

2.

La Grande Mademoiselle, Anne-Marie-Louise d’Orléans, duchesse de Montpensier (v. note [18], lettre 77), fille du premier lit de Gaston d’Orléans, a raconté par le menu (Mémoires, première partie, volume 1, chapitre ix, page 320) la cour que lui fit le futur roi d’Angleterre, Charles ii, dès son arrivée en France après sa déplorable défaite de Worcester (13 septembre, v. note [16], lettre 266) et son aventureuse évasion d’Angleterre (v. note [5], lettre 270) :

« Je le trouvai fort bien fait et de beaucoup meilleure mine qu’il n’était devant son départ, quoiqu’il eût les cheveux courts et beaucoup de barbe, deux choses qui changent les gens. Je trouvai qu’il parlait fort bien français »

En dépit des instances de sa tante, la reine mère d’Angleterre, Mademoiselle renonça à ce parti (ibid. page 329) :

« Goulas {a} m’allégua le misérable état où je serais si j’épousais le roi d’Angleterre ; et quoique j’eusse de grands biens, je n’en avais pas néanmoins assez pour subvenir {b} une guerre telle qu’il fallait qu’il la fît, et quand il aurait vendu tout mon bien et qu’il n’aurait point reconquis son royaume, je mourrais de faim ; qu’il pouvait mourir et que cela arrivant, je serais la plus misérable reine du monde ; que je serais à charge à Monsieur au lieu de le pouvoir servir ; que je devais voir l’amitié que l’on avait pour moi à la cour par cette proposition et en faire ce qu’il me plairait ; que les fréquentes visites du roi d’Angleterre, les respects et les déférences qu’il me rendait étaient des galanteries à un roi, et que cette déclaration ouverte qu’il en faisait pourrait faire un mauvais effet pour moi dans les pays étrangers et empêcher tous les autres princes de songer à moi ; qu’ainsi je ne pouvais trop tôt rompre ce commerce. »


  1. Léonard Goulas (v. note [5], lettre 152), secrétaire de Monsieur.

  2. Financer.

3.

Jacques ii Stuart (Londres 1633-Saint-Germain-en-Laye 1701), duc d’York, était le deuxième fils du roi Charles ier d’Angleterre et de Henriette de France. Lors de la révolution anglaise, après une réclusion de deux ans (1646-1648) au palais Saint-James à Londres, il avait réussi a s’évader en Hollande puis à entrer au service de la France où il allait se distinguer sous le commandement de Turenne.

À la restauration (1660), quand son frère aîné redevint roi en exercice sous le nom de Charles ii, il fut créé grand amiral du royaume, remporta quelques avantages sur les Hollandais, notamment à Harvick en 1665, mais inquiéta la nation anglaise par sa conversion secrète puis officielle au catholicisme (en 1671), par la dureté de son caractère, par ses tendances à l’absolutisme, erreur traditionnelle des Stuart, et par ses cruautés dans la répression des troubles religieux d’Écosse où il renouvela les horreurs de l’Inquisition ; mais ce fut en vain que les Communes espérèrent l’écarter par le bill d’exclusion qui déclarait inapte à régner tout prince de la religion catholique. Il succéda sans opposition à son frère en 1686 sous le nom de Jacques (James) ii. Le règne du dernier des Stuart fut bref : en 1688, il dut quitter le trône pour le laisser à son gendre Guillaume iii d’Orange, stathouder de Hollande (G.D.U. xixe s.).

4.

Journal de la Fronde (volume i, fo 516 ro et vo, Paris, 1er décembre 1651) :

« On parle à marier le duc d’York avec Mlle de Longueville, et il est certain que le traité en est si avant que la reine d’Angleterre a envoyé un exprès à la cour pour en avoir l’approbation et que milord Montaigu, qui depuis longtemps s’est maintenu en faveur auprès de la reine et du cardinal Mazarin, est aussi allé en cour de la part de la reine d’Angleterre pour négocier ce consentement, dont l’importance est assez grande pour y faire trouver beaucoup de difficulté à cause qu’il y va de l’intérêt de l’État. On dit que la reine a remis cette affaire à M. le duc d’Orléans, mais cela n’est plus certain, non plus que le bruit qui court que le duc d’York ait dessein de se rendre catholique, aussi bien que le milord Germain. » {a}


  1. Sir Henry Jermyn, premier écuyer de la reine d’Angleterre, v. note [9], lettre 292.

Le duc d’York avait rencontré, en septembre 1649, Marie d’Orléans (v. note [1], lettre 111), fille du premier mariage du duc de Longueville avec Louise de Bourbon-Soissons (morte en 1637). Marie avait accompagné son père à Münster aux conférences qui précédèrent le traité de Westphalie. Âgé d’à peine 16 ans, le duc d’York venait de s’enfuir d’Angleterre. En 1649, Marie était entrée dans le camp des frondeurs pour suivre le parti de son père, mais le prince anglais poursuivit sa cour, tandis que le projet de mariage se trouvait ajourné. Après l’arrestation des princes (janvier 1650), Mlle de Longueville s’était jointe à sa belle-mère, Mme de Longueville, pour agir en Normandie, mais leur mésentente fit que Marie se rallia à Mazarin. À la fin d’octobre 1651, le mariage paraissait acquis, mais Anne d’Autriche y coupa court.

Mme de Motteville (Mémoires, page 406) :

« La reine d’Angleterre m’avait commandé d’en parler à la reine ; je le fis, elle me répondit que ce prince étant fils de roi, était trop grand pour le pouvoir laisser marier en France ; et par cette raison politique, l’affaire ne put réussir. Ce prince en fut fâché : il estimait cette princesse ; sa vertu et sa personne lui plaisaient ; et ses richesses, étant héritière du feu comte de Soissons, lui auraient été aussi fort agréables car alors il n’en avait pas beaucoup. En tous temps ce mariage était convenable, à lui et à elle. »

Marie se retira à Coulommiers, terre des Longueville, où elle vécut en dehors de l’agitation politique. Après avoir décliné la demande en mariage du duc de Mantoue, elle finit, en 1657, par épouser Henri de Nemours, l’archevêque de Reims revenu à la vie séculière. Veuve deux ans plus tard, elle n’eut pas d’enfant et ses deux demi-frères étant morts, Charles Paris et l’abbé de Longueville, elle resta la seule descendante de la Maison de Longueville. Marie ne recueillit de l’héritage que la principauté de Neufchâtel dont la possession lui fut contestée par la Prusse. Elle a laissé des Mémoires sur la période qui va de 1648 à 1653, qui furent publiés pour la première fois à Cologne en 1709 (Madeleine Foisil, Dictionnaire du Grand Siècle, et Laure Jestaz). Le duc d’York se maria en 1660 avec Anne Hyde (v. note [2], lettre 647).

5.

« mais je ne crois pas à ces sornettes » (v. note [4], lettre 19).

Henry, duc de Gloucester (Oatlands Palace, Surrey 1639-Londres 18 septembre 1660), troisième fils de Charles ier et de Henriette Marie, était demeuré en Angleterre à la fin de la première guerre civile (1646) avec son frère Jacques duc d’York, contrairement à leur aîné Charles, futur Charles ii. Capturé, Henry avait été emprisonné dans les appartements royaux de la Tour de Londres sous la protection de l’armée républicaine. Il avait été question d’établir Henry sur le trône comme un régent docile et trop jeune pour avoir déjà été perverti par les vices politico-religieux de sa famille ; mais ce projet avait été abandonné quand le Parlement opta pour la déclaration de la république (Commonwealth, 1649). Il est vrai qu’à la fin de 1651, Cromwell caressa de nouveau le dessein de faire du jeune prince sa marionnette royale (Fraser, pages 496‑497), mais je n’ai pas trouvé d’autre témoignage sur son projet de le fiancer à l’une des deux filles qu’il avait encore à marier (Mary et Frances, nées en 1637 et 1638). Henry rejoignit sa mère à Paris en 1652, mais elle s’accommoda mal de la ferveur protestante de son fils, qui rejoignit les armées espagnoles et se mit au service de Condé. Revenu à Londres lors de la restauration de son frère aîné (mai 1660), Gloucester succomba peu après à une variole.

6.

« pour attiser l’infamie de la tyrannie ».

7.

« et ce à dessein, pour que les gens de bien passent pour les pires et les plus vauriens de tous les hommes. »

8.

La Rochefoucauld (Mémoires, pages 235‑236) :

« La cour […] était alors à Poitiers et M. de Châteauneuf occupait en apparence la première place dans les affaires, bien que le cardinal {a} en fût en effet toujours le maître. Néanmoins, la manière d’agir de ce ministre, ferme, décisive, familière et directement opposée à celle du cardinal, commençait à faire approuver son ministère, et gagnait même quelque créance dans l’esprit de la reine. Le cardinal en était trop bien averti pour donner temps à M. de Châteauneuf de s’établir davantage. »


  1. Mazarin, alors exilé aux alentours de Dinant, allait être rappelé par le roi le 13 décembre.

9.

Dubuisson-Aubenay (Journal des guerres civiles, tome ii, page 136, décembre 1651) :

« Autres < nouvelles > de la cour du 2 de ce mois portent que l’armée du prince, de neuf à dix mille hommes, ayant passé à Tonnay-Boutonne, était près du quai Charroux, grand marais du pays desséché, dit la Petite-Flandre ; et celle du comte d’Harcourt, de sept à huit mille hommes de tout autre valeur, de l’autre côté dudit quai, vers Surgères, où ledit comte avait laissé ses bagages pour marcher et combattre plus légèrement, le prince qui s’était retiré au delà de la Boutonne ayant fait rompre après soi le pont de Tonnay. »

Surgères (Charente-Maritime) se trouve entre Niort et La Rochelle. Tonnay-Charente et Tonnay-Boutonne sont à une vingtaine de kilomètres au sud, l’une sur la Charente, près de son embouchure (actuelle ville de Rochefort), l’autre sur son affluent, la Boutonne, une vingtaine de kilomètres à l’intérieur des terres. Après la prise de La Rochelle (v. note [19], lettre 274), ça n’était donc pas Condé, mais le comte d’Harcourt qui avait installé ses bases arrière à Surgères pour aller combattre les condéens postés à Tonnay-Charente. Inférieur en nombre, Condé préféra se retirer sur la rive gauche (sud) de la Charente, à La Bergerie. Harcourt parvint à reconstituer le pont de bateaux que l’armée rebelle avait utilisé pour sa retraite, mais ne sut pas profiter de l’occasion pour enfoncer l’ennemi (La Rochefoucauld, page 232) :

« On escarmoucha quelque temps, sans perte considérable de part ni d’autre, et l’infanterie de M. le Prince étant arrivée, il fit faire un long retranchement vis-à-vis du pont de bateaux, laissant la prairie et la rivière entre le comte d’Harcourt et lui. Les deux armées demeurèrent plus de trois semaines dans les mêmes logements sans rien entreprendre, et se contentèrent l’une et l’autre de vivre dans un pays fertile et où toutes choses étaient en abondance. »

10.

Démolie en 1807, l’église Saint-André-des-Arts se trouvait sur l’actuelle place de même nom, dans le vie arrondissement de Paris. La cure de Saint-André-des-Arts était un bénéfice dont l’attribution dépendait de l’Université de Paris (v. note [17] des Affaires de l’Université en 1651‑1652 dans les Commentaires de la Faculté de médecine).

11.

Jean Martin, baron de Laubardemont (vers 1590-22 mai 1653), successivement président des Enquêtes au parlement de Bordeaux, premier président de la Cour des aides de Guyenne, intendant de la généralité de Touraine, Anjou et Maine (1632), avait obtenu de Richelieu le titre de conseiller d’État pour devenir l’instrument docile du cardinal. Il avait présidé aux procès d’Urbain Grandier (1633, v. note [1], lettre 18), et de Cinq-Mars et de Thou (1642). Depuis la mort de Richelieu, Laubardemont était tombé dans l’obscurité, chargé de l’exécration de ses contemporains (G.D.U. xixe s.).

Tallemant des Réaux (Historiettes, tome i, pages 296‑297) :

« Le ministre de Loudun, {a} comme on le défiait de mettre ses doigts dans la bouche des religieuses comme les prêtres y mettaient ceux dont ils tiennent l’hostie, répondit “ qu’il n’avait nulle familiarité avec le diable et qu’il ne se voulait point jouer à lui ”. Un diable s’était vanté d’enlever le ministre dans sa chaire sur la tour de Loudun ; il n’en fit rien. Cependant, cette badinerie, ou plutôt ce désir de vengeance des capucins, fut cause que Grandier fut brûlé tout vif car Laubardemont, qui était bon courtisan, le sacrifia au crédit du P. Joseph. Ce Grandier avait été galant et avait fait quelques ennemis dans la ville qui lui nuisirent. Le diable dit une fois : “ M. de Laubardemont est cocu. ” Et Laubardemont (un maître des requêtes) à son ordinaire {b} mit le soir : “ Ce que j’atteste être vrai ”, et signa. Enfin insensiblement, cela se dissipa à mesure que le monde se désabusait. »


  1. Urbain Grandier.

  2. Journal.

Dictionnaire de la conversation et de la lecture (Paris, Belin-Mandar, 1837, tome xxxiv, page 398) :

« Parvenu à un grade éminent dans la haute administration, il substitua à son nom de famille, Martin, celui de Laubardemont, {a} qu’il a rendu si fameux par le rôle infâme qu’il a joué dans les procès d’Urbain Grandier, de Cinq-Mars et de François-Auguste de Thou. […] La mort de Richelieu le fit rentrer dans l’obscurité d’où jamais il n’aurait dû sortir. Il mourut tranquillement dans son lit, disent tous les biographes ; mais s’il a pu échapper au supplice des remords, il a dû sentir s’appesantir sur lui la main de la justice divine. Il fut frappé dans un autre lui-même, dans son fils, sur lequel il avait fondé toutes ses espérances d’orgueil et d’avenir. Le fils d’un père aussi corrompu ne pouvait être vertueux. Élevé à l’école du crime et de la plus inique immoralité, le jeune Laubardemont fut ce que l’avait fait l’exemple de son père. Il se précipita dans tous les genres de désordres et de crimes. Il suivit une carrière aussi coupable, mais plus dangereuse. Il fut tué en 1651 au milieu d’une bande de voleurs à laquelle il s’était associé. »


  1. Seigneurie sise à Sablons, 16 kilomètres au nord de Libourne.

12.

Ce passage (remanié) forme un paragraphe de la pseudo-lettre (v. note [7], lettre 274), datée du 22 décembre 1651, adressée à Charles Spon pour Bulderen (lxv, tome i, pages 190‑193) et à André Falconet pour Reveillé-Parise (ccccii, tome ii, pages 601‑603).

13.

V. note [6], lettre 266, pour la vacance prolongée de l’évêché de Poitiers.

14.

Il n’y eut en effet alors que quelques escarmouches autour de Tonnay-Charente entre les armées du prince de Condé et du comte d’Harcourt (v. supra note [9]).

15.

Pierre Dupuy (v. note [5], lettre 181).

16.

Une déchirure en forme de coin, sur le bord droit de la feuille, oblige à supposer les mots manquants (mis entre crochets) : le rétablissement proposé ici est celui de Laure Jestaz.

17.

« Male » est ici à prendre pour l’adjectif latin mala (mauvaise, funeste) ; malepeste en un seul mot ne convient pas exactement : c’est une « imprécation qu’on fait contre quelque chose, et quelquefois avec admiration. Malepeste que ce potage est chaud ! Malepeste que cet homme est méchant, qu’il est cruel ! » (Furetière).

18.

« D’une manière douteuse » (Furetière).

Le 12 décembre, le cardinal recevait du roi l’ordre de revenir et allait passer la frontière le 24, accompagné d’une armée de 7 000 hommes, pour traverser la France en diagonale jusqu’à Poitiers où il arriva le 29 janvier 1652.

La Rochefoucauld (Mémoires, page 236) :

« < Mazarin > jugea que sa présence à la cour était le seul remède qu’il pût apporter à tout ce qui s’élevait contre lui et préférant ses intérêts particuliers à ceux de l’État, son retour fournit à M. le duc d’Orléans et au Parlement le prétexte qui leur manquait de se joindre à M. le Prince. Le maréchal d’Hocquincourt eut ordre d’aller recevoir le cardinal Mazarin sur la frontière du Luxembourg avec 2 000 chevaux et de l’escorter jusqu’où serait le roi. Il traversa le royaume sans trouver d’empêchement et arriva à Poitiers, aussi maître de la cour qu’il l’avait jamais été. On affecta de donner peu de part de ce retour à M. de Châteauneuf, sans toutefois rien changer aux apparences dans tout le reste, ni lui donner des marques particulières de défaveur. Le cardinal même lui fit quelques avances ; mais lui, craignant de se commettre en jugeant bien qu’il ne pouvait être ni sûr, ni honnête à un homme de son âge et de son expérience de demeurer dans les affaires sous son ennemi, et qu’il serait sans cesse exposé à tout ce qu’il lui voudrait faire souffrir de dégoût et de disgrâce, il prit prétexte de se retirer sur ce que, la résolution ayant été prise par son avis de faire marcher le roi à Angoulême, on changea de dessein sans le lui communiquer et on prit en même temps celui d’aller faire le siège d’Angers, bien qu’il fût d’un sentiment contraire. Ainsi, ayant pris congé du roi, il se retira à Tours. »

19.

Guy Patin, doyen, a rédigé le journal de la très vive querelle médicale et judiciaire qui l’opposa à Jean Chartier dès la parution de sa Science du plomb sacré des sages… (Paris, 1651, v. note [13], lettre 271). V. dans ses Commentaires de la Faculté de médecine de Paris :

Ce grave différend se solda par la victoire de Chartier (Procès opposant Chartier à Patin en juillet 1653 et sa note [2]). Ce fut une des plus rudes épreuves de la vie académique de Patin : non seulement le prestige de son décanat s’en trouva irrémédiablement terni ; mais surtout, s’engagea à Paris, en dépit de lui, la lente réforme du courant majoritaire de la pensée médicale qui aboutit au triomphe de l’antimoine en 1666.

20.

Anna Cousinot, fille de Charles i Bouvard et d’Anne Riolan (sœur de Jean ii), était veuve, depuis 1646, de Jacques ii Cousinot.

21.

En 1631, Jean Chartier avait résigné la commande de son prieuré Saint-Étienne-de-Monnoye en Anjou (v. note [13], lettre 271) entre les mains du pape en faveur de Louis Théandre Chartier, son frère puîné, « à la réserve de 400 livres de pension sur les fruits dudit prieuré, payable la vie durant dudit sieur constituant » (Lehoux, page 99).

22.

« On dit proverbialement, qu’un homme doit à Dieu et au monde, qu’il doit par-dessus la tête, qu’il doit plus d’argent qu’il n’est gros » (Furetière).

23.

Le procureur général était Nicolas Fouquet.

24.

Jean Caze (Montpellier 1608-Genève 1700) appartenait à une famille de financiers protestants originaire d’Italie. Maître d’hôtel du roi en 1648, il donnait alors dans les traités avant d’entrer en 1661 dans la ferme des gabelles du Lyonnais et d’être intéressé dans la Compagnie des Indes Occidentales. Il avait épousé en 1640 Marie Huguetan, sœur du libraire, Jean-Antoine ii, et de l’avocat, Jean (Dessert a, no 94).

25.

Cette phrase, ajoutée par Patin dans la marge de droite, est largement amputée par le revers de la déchirure signalée dans la note [16].

26.

« il » est Caspar Hofmann, auteur des manuscrits que Guy Patin avait confiés à Pierre Rigaud pour en faire à Lyon une édition sous la surveillance experte de Charles Spon (v. note [13], lettre 150).

Patin revenait ici avec insistance sur la nécessité de censurer tout ce qu’Hofmann avait écrit contre le grand Fernel dans son traité « sur la chaleur innée et les esprits ». Le traité De Spiritibus et calido nativo occupe la section vi (chapitres 324‑334, pages 326‑339) du deuxième des Apologiæ pro Galeno libri tres… [Trois livres d’Apologie pour Galien…] (Lyon, 1668, v. note [1], lettre 929) ; Spon a bien fait ce que lui demandait Patin : on n’y trouve pas un mot concernant Fernel.

27.

Il faut croire que la maison de Guy Patin, place et rue du Chevalier du Guet, disposait de deux caves, l’une plus profonde que l’autre ; ou plutôt qu’il distinguait sa cave d’en bas (en sous-sol) d’une cave d’en haut qui pouvait être une remise située au rez-de-chaussée près de la cuisine.

28.

Giacomo Filippo Tomasini (Padoue 1597-Citta-Nuova, Istrie 1654), chanoine séculier de Santa Maria in Vantio à Padoue : {a}

Petrarcha redivivus, integram poetæ celeberrimi vitam iconibus ære cælatis exhibens. Accessit nobilissimæ fœminæ Lauræ brevis historia. Editio altera correcta et aucta. Cui addita poetæ vita Paulo Vergerio, anonymo, Ianozzo Manetto, Leonardo Aretino, et Ludovico Beccadello auctoribus. Item, V.C. Fortunii Liceti ad epist. Tomasini de Petrarchæ cognominis ortographia responsum.

[Pétrarque {b} ressuscité, présentant la vie complète du très célèbre poète illustrée de gravures. Avec une courte histoire de la très noble Laura. {c} Seconde édition corrigée et augmentée, à laquelle a été ajoutée la vie du poète qu’ont écrite Pierre-Paul Vergerio, un anonyme, Giannozzo Manetti, Léonard l’Arétin et Luigi Beccadelli ; et aussi, sur l’orthographe du nom de Pétrarque, {d} la réponse du très brillant Fortunio Liceti à une lettre de Tomasini]. {e}


  1. Tomasini était un écrivain et prélat italien, qui appartenait à une famille noble de Lucques. Devenu chanoine séculier de Saint-Augustin, il avait étudié la philosophie et la théologie, et pris ses degrés à Padoue en 1619. Bibliographe réputé (v. note [8], lettre 406, pour trois de ses ouvrages sur ce thème), il présenta ses ouvrages au pape Urbain viii qui l’en récompensa par l’évêché de La Canée dans l’île de Candie (Crète). Tomasini lui préféra cependant le siège d’Æmonia en Istrie (ancien nom de la ville de Citta-Nuova en Vénétie). Il y avait été nommé en 1642.

  2. V. note [17], lettre 93.

  3. Laure de Sade, muse de Pétrarque.

  4. Petrarcha ou Petrarca.

  5. Padoue, Paolo Frambotti, 1650, in‑4o ; première édition id. et ibid. 1635, in‑4o

29.

« Des médicaments purgatifs » ; Charles Spon était en train de préparer une réédition des :

Guilelmi Puteani Gratianopolitani, de occultis pharmacorum purgantium Facultatibus deque veris ipsarum causis libri duo, quibus adiecta est appendicula de purgatrice medicamentorum facultate, auctore Iacobo Cousinoto, Filio, Doctore Medico Parisiensi, Profess. Regio, necnon Christianiss. Regis Ludovici xiv Archiatrorum Comite.

[Deux livres de Guillaume Dupuis, {a} médecin de Grenoble, sur les Facultés cachées des médicaments purgatifs et sur leurs causes véritables, à quoi est ajouté un appendice sur la faculté purgative des médicaments par Jacques ii Cousinot, {b} docteur en médecine de Paris, professeur royal, ainsi que premier médecin du roi très-chrétien Louis xiv]. {c}


  1. V. note [3], lettre 6.

  2. V. note [37], lettre 332.

  3. Lyon, Michel Duhan, 1654, in‑8o de 208 pages ; v. note [52], lettre 104, pour la première édition de 1552 (sans l’appendice de Cousinot). La dédicace non datée et signée Duhan est adressée à Guy Patin (v. note [4], lettre 345).

30.

Antoine Mizauld (Antonius Mizaldus, Montluçon 1510 ou 1520-Paris 1578), docteur régent de la Faculté de médecine de Paris (non répertorié dans Baron), s’adonna aussi à l’étude des mathématiques et de l’astrologie auprès d’Oronce Finé , professeur au Collège royal (v. notle {b], note [7], lettre 298). Il acquit d’abord promptement de la vogue comme praticien, admis dans l’intimité de Marguerite de Valois. Surnommé l’Esculape (v. note [5], lettre 551) de la France, il finit par se persuader qu’il y avait en lui quelque chose de divin ; il abandonna la médecine comme indigne de lui, et se livra entièrement à l’astrologie judiciaire jusqu’à sa mort. Il a laissé une masse d’ouvrages dont Jacques-Auguste i de Thou a fait un grand éloge, mais que Gabriel Naudé a qualifiés de fatras d’inepties, de mensonges et de contes puérils (G.D.U. xixe s. et O. in Panckoucke).

Guy Patin citait ici son :

Opusculum de sena, planta inter omnes, quotquot sunt, hominibus beneficentissima et saluberrima. Autore Antonio Mizaldo Monluciano, Medico.

[Opuscule sur le séné, plante qui, parmi toutes celles qui existent, quelles qu’elles soient, est la plus bénéfique et la plus salutaire aux hommes. Par Antoine Mizauld, médecin natif de Monluçon]. {a}


  1. Paris, Federicus Morellus, 1572 et 1574, in‑8o.

    Il n’y a pas eu de réédition latine ultérieure, mais il a été traduit en français (par Philibert Guybert ou, peut-être, par Patin), sous le titre de Traité du séné, la plus noble et plus salutaire plante qui soit en l’Univers, sans mention du nom de l’auteur, dans Toutes les Œuvres charitables de Phil<i>bert Guybert [v. note [25], lettre 6], écuyer, docteur régent en la Faculté de médecine à Paris, dédiées à Patin (v. note [3], de ma notice introductive sur le Traité de la Conservation de santé) par le libraire Jean Jost (Paris, Claude Marette, 1648, in‑8o, pages 342‑364).


31.

« en esprit et vérité » (Jean, 4:24) : reconstitution proposée d’une perforation du manuscrit.

Le livre de Melchior Sebizius sur la saignée était alors en cours d’édition (v. note [11], lettre 273).

32.

« ce que, de plus, je reconnais très hautement. »


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 22 décembre 1651

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0277

(Consulté le 26/04/2024)

Licence Creative Commons "Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International.