Séance du mercredi 11 décembre 2002

SEANCE COMMUNE AVEC L'ASSOCIATION FRANCOPHONE DE CHIRURGIE ENDOCRINIENNE
15h00-17h00 - Les Cordeliers
Modérateur : Jean-Louis PEIX

 

 

Les réinterventions thyroïdiennes pour goitres nodulaires récidivés. A propos de 372 observations.

KRAIMPS JL, GIBELIN H, SIERRA SALAZAR M, BOUIN PINEAU H, HADJADJ S, MARECHAUD R, BARBIER J (Poitiers)

Résumé
Le but de cette étude était d'analyser une série de goitres nodulaires récidivés et d'évaluer la morbidité récurrentielle et parathyroïdienne dans les réinterventions. Cette série rétrospective a concerné 372 réinterventions réalisées entre janvier 1991 et juin 2002 sur un total de 4642 thyroïdectomies (8 %). Le but de la réintervention était de réaliser une totalisation de la thyroïdectomie. Un contrôle postopératoire des cordes vocales et de la calcémie était réalisé systématiquement. Les patients ayant présenté une morbidité ont été revus à 3, 6 et 12 mois. Il s'agissait de 28 hommes et 344 femmes, âgés de 52.37 ans en moyenne (extrêmes : 15-80 ans). Le délai moyen entre les 2 interventions était de 13.5 ans, la récidive étant diagnostiquée en moyenne 27.23 mois avant la réintervention. Des antécédents familiaux de pathologie thyroïdienne étaient notés chez 97 patients (26.08%) et 22 patients avaient déjà eu une réintervention. Le geste initial était unilatéral (isthmectomie, lobectomie ou isthmolobectomie) dans 204 cas (54.8 %) et bilatéral (thyroïdectomie subtotale ou isthmolobectomie avec énucléation d'un nodule controlatéral) dans 168 cas (45.2%). Lors de la réintervention un seul côté a été réabordé dans 245 cas (65.86 %), et les deux dans 111 cas (29.84%), pour réaliser la totalisation de la thyroïdectomie. Pour 16 patients (4.3 %), un moignon postérieur était préservé, compte tenu du risque récurrentiel jugé trop important. Ces derniers patients, opérés dans les premières années de l'étude, n'ont pas récidivé actuellement. Dans les suites opératoires, une paralysie récurrentielle unilatérale transitoire a été observée chez 25 patients (6.72 %) et définitive chez 9 patients (2.42 %). Dix autotransplantations parathyroïdiennes ont dû être réalisées. Aucun de ces patients n'a eu d'hypocalcémie postopératoire. Cinquante huit patients (15.6 %) ont été traités pour une hypocalcémie définitive. L'examen anatomopathologique a mis en évidence 23 cancers (6.18 %). Compte tenu de la morbidité récurrentielle et parathyroïdienne accrue constatée dans la littérature et de l'incidence des cancers découverts fortuitement lors de réinterventions, il paraît légitime de proposer des thyroïdectomies totales à tous les patients porteurs de nodules thyroïdiens bilatéraux. La chirurgie itérative peut être réalisée, avec une morbidité équivalente à une intervention première, par un chirurgien expérimenté en chirurgie thyroïdienne.

 

Réinterventions thyroïdiennes.

MENEGAUX F, CHIGOT JP (Paris)

Résumé
Les réinterventions en pathologies thyroïdiennes sont rares et sont source d'une morbidité élevée en termes d'atteinte récurrentielle ou parathyroïdienne. Elles sont cependant parfois nécessaires. Nous rapportons l'expérience de la Pitié sur 671 malades réopérés (363 récidives de goitre initialement bénin, 185 totalisations de la thyroïdectomie pour cancer, et 123 curages ganglionnaires cervicomédiastinaux). Un cancer différencié a été mis en évidence sur le reliquat thyroïdien réséqué chez 10% des malades opérés initialement d'une pathologie bénigne et chez 21% des malades totalisés pour cancer. La morbidité définitive a été de 3.8% après totalisation pour cancer et de 2.2% après réintervention pour récidive de goitre initialement bénin. Les facteurs influençant cette morbidité ont été étudiés. Bien que supérieure à la morbidité succédant à une chirurgie thyroïdienne première, celle des réinterventions permet de les recommander lorsqu'elles sont jugées nécessaires, à condition de respecter des règles techniques précises.

 

Carcinomes différenciés de la thyroïde chez l'enfant et l'adolescent, à propos d'une série de 74 patients.

CAUSERET S, BORSON CHAZOT F, BERGER N, SIN S, PEIX JL (Lyon)

Résumé
Le but de cette étude était, à partir des caractéristiques cliniques et anatomopathologiques, de proposer un traitement optimal en fonction du risque de réintervention pour récidives locorégionales. De 1981 à 2001, 74 patients ont été opérés. Les patients ont été répartis en 2 groupes : -groupe avec ADP ; 19 patients avaient des adénopathies cervicales à la palpation ou à l'échographie ; -groupe sans ADP ; 55 patients n'avaient pas d'adénopathie cervicale à la palpation ou à l'échographie. Le recul de notre étude a été de 61 mois (6-185). Dans le groupe avec ADP, les 19 patients ont eu une thyroïdectomie totale, un curage des compartiments central et latéral. Neuf patients ont été réopérés pour adénopathies cervicales. Dans le groupe sans ADP, 29 patients ont eu une loboisthmectomie, 26 une thyroïdectomie totale, dont 7 avec un curage central de principe. Aucun patient n'a été réopéré pour adénopathies cervicales. Après loboisthmectomie, 2 patients ont été réopérés d'une récidive sur lobe restant. La présence d'adénopathies cervicales dans le bilan préopératoire impose la réalisation d'un curage ganglionnaire extensif pour éviter des réinterventions précoces. En revanche, s'il n'existe pas d'anénopathie cervicale, le risque de récidive ganglionnaire semble très faible. La réalisation d'un curage ganglionnaire de principe ne semble pas alors indiquée. La loboisthmectomie expose à un risque non négligeable de récidive sur lobe restant. La réalisation systématique d'une thyroïdectomie totale semble préférable.

 

Place actuelle de la chirurgie vidéo-assistée dans le traitement chirurgical de l'hyperparathyroïdisme primaire.

HENRY JF, SEBAG F, MAWEJA S, HUBBARD J, MISSO C (Marseille)

Résumé
De janvier 1998 à juin 2002, 473 patients ayant un hyperparathyroïdisme primaire ont été opérés dans notre service. Les 205 patients (43,3 %) opérés par cervicotomie classique présentaient une contre-indication à un abord mini invasif : goitre nodulaire associé (n=94), antécédents de chirurgie cervicale (n=37), absence de localisation préopératoire (n=38), suspicion de lésions multiglandulaires (n=23), causes diverses (n=13). Chez 268 patients (56,7 %) ayant un hyperparathyroïdisme primaire sporadique, l'indication d'une intervention mini invasive vidéo-assistée a été posée : 253 patients ont été opérés par un abord latérocervical, 14 par voie centrale et 1 par thoracoscopie. Une conversion en cervicotomie a été nécessaire chez 41 patients (15 %). Tous les patients étaient normo-calcémiques le lendemain de l'intervention. Un patient avait un hyperparathyroïdisme récidivant au moment de l'étude. Aujourd'hui, une parathyroïdectomie mini invasive vidéo-assistée est proposée à tous nos patients ayant un hyperparathyroïdisme primaire sporadique, sans goitre associé et porteurs d'un adénome unique localisé en préopératoire. Si l'imagerie préopératoire (échographie et scintigraphie au MIBI) est en faveur d'une localisation postérieure, l'intervention est pratiquée par voie latérale, avec insufflation. En cas de localisation antérieure, au pôle inférieur des lobes thyroïdiens ou dans les ligaments thyro-thymiques, l'exérèse vidéo-assistée est faite par voie centrale, sans insufflation. A condition de sélectionner rigoureusement les patients, la parathyroïdectomie mini-invasive vidéo-assistée peut être proposée à plus de la moitié des patients ayant un hyperparathyroïdisme primaire.

 

Réinterventions pour hyperparathyroïdisme primaire persistant ou récidivant, 97cas/1888 opérés.

ARNALSTEEN L, QUIEVREUX JL, HUGLO D, PATTOU F, CARNAILLE B, PROYE C (Lille)

Résumé
Le but de cette étude était d'analyser les résultats des réinterventions pour hyperparathyroïdisme primaire (HPT) persistant (p) ou récidivant (r). De 1965 à 2001, 1888 patients ont été opérés pour HPT primaire. Le taux de guérison après chirurgie initiale était de 97.6 %, 77 ont dû être réopérés (4.1 %) pour HPT p (n=54) ou r (n=23). Trente deux patients sur 77 (41 %) avaient été opérés initialement dans un autre centre. Dans 15 cas (20%), l'HPT était génétiquement déterminé. La réintervention a été effectuée en moyenne après un délai de 41.2 mois (1 jour-190 mois). Dans 2 cas sur 77 il s'agissait d'une hypercalcémie familiale hypocalciurique. Parmi les 75 patients réopérés pour HPT, 22 (29 %) avaient une lésion uniglandulaire (LUG) et 52 (69.3 %) une lésion multiglandulaire (LMG), 1 cas de cancer, 1 cas de parathyromatose. Au total, 94 glandes pathologiques ont été réséquées, 48% orthotopiques, 52 % ectopiques. Dans 29 % des cas, l'adénome était localisé sur une cinquième glande. La réintervention a été menée par voie cervicale dans 78 % des cas, médiastinale dans 16% (+ thoracoscopie, excision de greffon antébrachial). Dans 95 % des cas, les glandes étaient cervicales dont 52 % orthotopiques. Parmi les examens préopératoires, la sensibilité de la scintigraphie au MIBI a été de 71 %, celle de l'association MIBI + échographie 81 % (94 % pour les LUG, 78 % pour les LMG). Soixante huit patients sur 75 (91 %) sont guéris de leur hypercalcémie au prix d'une hypoparathyroïdie dans 10 % des cas. Aucun adénome sporadique n'a été méconnu. Les 7 échecs de la réintervention (9 %) correspondent à 5 cas de LMG dont 4 sporadiques, 1 cas de carcinome et 1 cas de parathyromatose. Trente cinq patients (45.5 %) avaient plus de 4 parathyroïdes et dans 22 cas sur 35 au moins une glande surnuméraire était pathologique. Les réinterventions pour HPT sont essentiellement le fait des LMG sporadiques ou génétiques, souvent sur glande surnuméraire non détectée même par l'imagerie actuelle. La prévention repose sur la cervicotomie bilatérale avec exploration thymique après scintigraphie au MIBI, excluant l'éventualité d'une parathyroïde hyperfonctionnelle médiastinale.

 

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