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Un développement de la méthode graphique par l'image : la photographie

En décembre 1878, la possibilité d'une telle solution par l'image se présenta sous la forme de la séquence de photographies de chevaux au trot et au galop que publia le journal scientifique parisien La Nature. Eadweard Muybridge, contemporain exact de Marey, les avait prises pour Leland Stanford en Californie. Muybridge avait été embauché par Stanford pour photographier ses chevaux parce que, semble-t-il, Stanford avait vu les tracés de Marey montrant le cheval suspendu en l'air à un certain moment, et qu'il voulait que cela soit prouvé par une photographie, c'est-à-dire une image faite par une machine qui ne mentirait pas.

 

Quand il vit les photographies de Muybridge, Marey écrivit aussitôt à La Nature, en demandant à Muybridge s'il voudrait s'essayer à la photographie du vol des oiseaux, mais lui-même ne se lança pas dans la photographie. Au lieu de cela, il continua son travail sur la fatigue musculaire, en utilisant un nouveau myographe, et il entreprit une nouvelle série d'expériences de cardiologie. A l'automne 1881, Marey publia La circulation du sang à l'état physiologique et dans les maladies, un résumé de son œuvre en 750 pages. En septembre Muybridge arriva à Paris et fit l'objet de toutes les attentions de Marey qui invita scientifiques et artistes à le rencontrer. Mais Marey vit les résultats précis de Muybridge, et fut déçu. Les chevaux de Muybridge déclenchaient les obturateurs des appareils photographiques en rompant des fils disposés sur leur chemin : pas moyen que des oiseaux en fassent autant. Muybridge employait de multiples appareils photo pour capter la forme d'un sujet lors de phases isolées (et assez espacées) de son mouvement. Marey voulait avoir ce que sa machine graphique lui avait fourni : l'expression visible du passage continu du temps, à des intervalles équidistants et connus, en un seul tracé.